On peut aisément se demander si nos partenaires allemands, belges, et espagnols n’ont pas eu raison de la patience française. Alors que depuis plusieurs semaines l’avionneur européen Airbus Defence met la pression sur son homologue français Dassault Aviation le divorce n’a jamais été aussi proche d’arriver. Et ce mardi 23 septembre 2025 c’est Éric Trappier, numéro du groupe Dassault, qui affirme que son entreprise peut parfaitement gérer seule l’intégralité du programme. Reste désormais à savoir si le ministère des Armées suivra ou s’il se résignera à relancer la mécanique industrielle européenne ?
La phrase d’Éric Trappier est on ne peut plus claire. Selon lui Dassault Aviation est capable de faire le futur avion de combat de 6e génération «tout seul de A à Z». Une déclaration qui est intervenue ce mardi 23 septembre alors que les relations entre son groupe et le groupe Airbus n’ont jamais été aussi tendues. La faute aux Allemands et aux Espagnols qui lui mettent de plus en plus la pression. Le problème c’est qu’à force de tirer sur la corde, elle se rompt. Et il ne faut pas croire si dans quelques jours ou quelques semaines on annonce la fin du programme SCAF nos partenaires européens mettront tout sur le dos des Français ! Et la même manière les Français mettront tout sur le dos des Allemands et des Espagnols. Et les Belges dans tout ça ? Ils attendent de voir comme tout cela va tourner ; pour changer ils ne se mouillent pas trop.
Dassault Aviation a t-il vraiment les moyens de donner naissance à un tel avion de combat sans aucune aide européenne ? Si Éric Trappier le dit il n’y a pas de raison de remettre sa parole en doute, c’est un excellent patron qui a toujours su jongler entre les impératifs économiques et politiques des différents dossiers qu’il a eu à traiter. De toutes manières il n’est pas évident que le futur SCAF à la française soit réellement 100% tricolore. En effet le consortium franco-allemand EUMET GmbH, réunissant MTU et Safran, fonctionne lui plutôt bien. La répartition des tâches entre l’entreprise allemande et son partenaire français s’est faite sans le moindre souci.
Un éventuel divorce à venir Airbus Defence et Dassault Aviation pose cependant trois questions majeures auxquelles on n’a encore aucune réponse. La première est de savoir si le (futur) gouvernement Lecornu acceptera de lâcher l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne ? La deuxième concerne Airbus Defence. Si l’avionneur européen a été capable de concevoir, de construire, et de commercialiser un chasseur de génération 4.5 avec BAE Systems et Leonardo sera t-il capable de faire un avion de 6e génération sans eux ? La troisième est directement corrélée à la deuxième à savoir si les Britanniques et les Italiens (et les Japonais) accepteront d’ouvrir le programme GCAP aux Allemands et aux Espagnols ?
Un SCAF sous totale maîtrise d’œuvre Dassault Aviation, avion de combat et drone collaboratif, ferait forcément les affaires de l’Armée de l’Air et de l’Espace et de la Marine Nationale qui pourraient modeler le programme selon leurs volontés.
Affaire (évidemment) à suivre.
Illustration © groupe Airbus
NDLR : Les commentaires agressifs ou haineux envers l’Allemagne, son peuple, son industrie, ou encore ses décisions diplomatiques et politiques conduiront sans aucune hésitation à la modération la plus stricte. Les précédents articles sur le SCAF ayant fréquemment donné lieu à des guérillas de commentaires nous saurons être particulièrement stricts sur le sujet. En cas de souci nous nous réservons le droit de totalement fermer les commentaires sur cet article.
D’avance merci pour votre compréhension.
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8 réponses
Se pose aussi une autre question cruciale : celui du budget alloué pour développer un tel avion ? En cas de divorce franco-hispano-germanique, aurait-on les moyens d’assumer seul une telle dépense ? Avec notre surendettement actuel, rien n’est moins sûr.
Déjà en son temps, le développement du Rafale, ses surcoûts et son retard pour sa mise en œuvre opérationnelle avaient fait couler beaucoup d’encre et avaient attiré beaucoup de détracteurs…
Enfin, un SCAF franco-français fera l’objet d’une décision politique au plus haut niveau et donc se trouvera encore avec un autre écueil de taille à venir : l’élection présidentielle (et peut-être législative) de 2027.
La semaine dernière sur Bloomberg, il était dit que les allemands pencheraient vers une collaboration avec les suédois ou vers une cuisine interne à Airbus Allemagne et Espagne. La Grande-Bretagne n’est pas très enthousiaste semblerait-il d’intégrer de nouveau l’Allemagne dans un projet industriel, vu les gentillesses faites avec le Typhoon et le poids important qu’Airbus aurait dans le consortium.
Moi je verrais bien une coopération franco-indienne maintenant que Dassault semble comprendre la négociation à la manière indienne. Ces derniers ont toujours du mal à dire oui, pour des raisons essentiellement culturelles, mais lorsqu’ils ont dit oui, c’est oui. Il en va de l’honneur. La société indienne est toujours très marqué par les castes, même si officiellement elles n’existent plus depuis 50 ans.
Au niveau technologique je pense que Dassault n’a besoin de personne. Thales et Safran font le poids de leur côté. Et l’ensemble serait ITAR free… Au niveau budget, l’Inde a maintenant plus de ressources que la France, l’ayant même dépassé au niveau PNB…
Je n’avais pas bien lu votre commentaire avant d’écrire le miens en réponse à Guig2000 ci-dessous.
Mais effectivement je verrais aussi bien une coopération franco-indienne.
J’ai deux impressions très désagréables au sujet de cet appareil, celui d’entendre les industriels tenter de manipuler les opinions, ce qui ne fait pas le jeu des pays, et celui de voir l’absence totale de responsabilité politique de part de d’autre de la frontière.
L’Europe semble prendre toujours plus de retard vis à vis des USA qui annoncent le premier vol du F47 avant 2030. Et toujours quasi rien sur les drones.
Heureusement qu’on a une industrie primordiale qui ne fait pas de bruit pour rien avec MBDA et Thalès.
Dassault, n’a-t-il pas affirmer devant la presse spécialisée vouloir 80 % de la recherche et développement et plus tard de la fabrication, ce qui en ferait un avion a 80 % français.
Les autres nations n’ayant pas le moindre mot à dire sauf de passer à la caisse et d’avoir son drapeau sur la carlingue du prototype.
Aéronautiquement vôtre.
Bonjour,
pour moi tout autant Airbus que Dassault que sont persuadés, très certainement à juste titre, d’être capable de réaliser ce programme tout seul. Et donc ils essayent chacun de tirer la couverture à eux. Peut-être Dassault a l’avantage technique mais Airbus a l’avantage de l’implantation européenne dans tout les pays participants et donc avantage financier.
M. Trappier a raison à condition toutefois que le programme puisse avoir un cout très contenu comparé au programme européen tout en comptant que si nous y allons tout seuls, l’histoire se répètera: comme pour le Rafale il ne faudra pas compter sur des exportations intraeuropéennes majeures: Dassault serai alors bloqué à la fois par Airbus et par les américains. Il faudrait alors espérer que pour les exportations hors Europe, que Dassault ne soit pas barré à la fois par les américains et les chinois, ou les pays qui sont en train de nouvellement développer leur industrie aéronautique (Corée du Sud, Turquie, Inde et qui sais-je encore?)
> […] ou les pays qui sont en train de nouvellement développer leur industrie aéronautique (Corée du Sud, Turquie, Inde et qui sais-je encore?)
Et si justement cela serait une porte de sortie ? La France vend pas mal de Rafale à l’Inde or dans son dernier article, Arnaud écrivait:
> Petite particularité qui risque d’en faire bondir certains en France les Indiens veulent des Rafale produits à 60% en Inde. Ce qui implique une chaîne de production locale et des emplois indiens qualifiés à la clé.
Honnêtement je ne suis pas très fan de l’idée. L’une des raisons et tout simplement que l’Inde acquière encore plus de compétences et n’achète pas le future avion franco… / français. L’inde possède déjà des compétences requis pour avoir une agence spatiale et produire ses propre fusées; nulle besoin de leur donner les plants du Rafale et de former leurs sous traitant.
Mais si l’idée derrière et d’avoir du soutient (technique et financier) pour le développement d’un avions binationale pourquoi pas. Surtout que en comptant les besoins des deux armées ont arrive déjà à un nombre assez important de commandes assuré.
Après il faut pas que les problèmes que l’on a avec nos partenaires actuels se translatent dans ce projet. Je doute en effet que les indiens acceptent que par exemple que tout le développement soit fait par Dassault.
Bonsoir à tous,
J’en perds un peu mon latin (déjà que je n’étais pas un fort en thème dans cette matière au collège)… Dassault Aviation ne semble parler que le l’avion de combat, le NGF donc, et pas de tout le programme SCAF. Airbus Defense avait le leadership pour les drones effecteurs et le Cloud de combat il me semble. Et si Eumet semble fonctionner, c’est que le principe du « meilleur athlète » a, il me semble, été respecté par les parties: MTU sait faire la partie froide, Safran excelle pour la partie chaude du moteur où se concentre l’essentiel du savoir-faire. Le M88 est tout de même bien plus économe que l’EJ200.