Depuis quelques mois quand on aborde le cas de la Siły Powietrzne, la force aérienne polonaise, c’est généralement pour parler débordement de la guerre Russie / Ukraine. Pourtant aujourd’hui c’est une toute autre histoire, une mission nouvelle pour des hélicoptères anciens hérités de l’époque durant laquelle la Pologne se trouvait placée sous le joug de Moscou. Les ultimes hélicoptères PZL W-3A Sokól encore en dotation remplissent désormais une fonction assez éloignée du transport d’assaut : la recherche et le sauvetage en montage. Et le plus intéressant dans l’histoire c’est qu’ils semblent tellement adaptés qu’ils pourraient fort voir leur carrière prolongée.

En service dans la Siły Powietrzne depuis 1987 ces hélicoptères de conception et de production locale en grande série, les premiers en Pologne, devraient théoriquement quitter le service actif d’ici deux ans. Ce sont les plans prévus par le 3.Skrzydła Lotnictwa Transportowego, l’unité de transport tactique qui les met en œuvre actuellement. Ils doivent à terme laisser la place, ainsi que les Mil Mi-2 Hoplite d’origine soviétique, à des Sikorsky S-70I Blackhawk nettement plus modernes. De cette manière la force aérienne polonaise aura retrouvé une réelle capacité de transport d’assaut, actuellement plutôt réservée à l’armée aussi appelée Wojska Lądowe.
De ce fait la présence de six W-3A Sokól du 3.Skrzydła Lotnictwa Transportowego dans le sud de la Pologne depuis le début du mois de décembre interroge. Dotés de panneaux day glow porteurs du marquage SAR, pour Search And Rescue, interroge. Seraient-ce des hélicoptères dédiés à la recherche et au sauvetage de pilotes tombés derrières les lignes ennemies en vue d’une future confrontation avec la Russie ? Rien de tout ça, ces hélicos interviennent désormais dans le massif montagneux des Tatras. Appartenant à la chaîne des Carpates et partagé avec la Slovaquie celui-ci dispose de soixante-dix sommets dépassant les 2000 mètres d’altitude sur le territoire polonais. Avec 2499 mètres le Rysy est le toit de la Pologne. Le point culminant du massif, le Gerlachovský Štít se situe lui en Slovaquie.
Or les Tatras sont devenus des montagnes appréciées des skieurs et des alpinistes polonais, mais aussi d’une bonne partie de l’Europe centrale. Avec le risque accidentogène qu’on connait dans ce genre de reliefs.

S’inspirant de ce qui existe en France, en Italie, ou encore en Suisse mais sans les moyens qui vont avec la Siły Powietrzne a déployé ces six hélicoptères dans la région. Comme chez nous leurs équipages prennent l’alerte avec des secouristes à bord, décollent en urgence, et une fois la victime repérée et embarquée l’a redescendent dans la vallée. Direction un hôpital à proximité ou à défaut une DZ où les attends un moyen d’évacuation sanitaire et/ou médicalisé ; en gros une ambulance. Alors bien sûr cela ressemble un peu plus à du bricolage qu’à ce que la Sécurité Civile française ou la Rega suisse réalisent au quotidien mais ça fonctionne. Les appareils et personnels du 3.Skrzydła Lotnictwa Transportowego sauvent des vies, et ça c’est l’essentiel.
Et depuis le début de ce déploiement, il y a à peine deux semaines, il se dit que les W-3A sont tellement efficaces qu’ils pourraient revenir chaque année le temps que la Pologne structure son secours alpin et achète une véritable flotte dédiée. Ou pour faire simple le temps que Varsovie fasse la queue auprès d’Airbus Helicopters afin d’obtenir des H145. Ce dernier est désormais la référence mondiale numéro 1 en secours en haute montagne, le digne héritier de l’Alouette III.

Donc si dans les prochaines semaines vous vous baladez dans les Tatras polonaises et que vous voyez passer au-dessus de vous un W-3A Sokól kaki et orange, ne paniquez pas. Ce n’est pas la guerre. Ce sera simplement un alpiniste ou un skieur qui sera en difficulté et qui attendra que le secours vienne du ciel.
Photos © Siły Powietrzne
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