Outre-Rhin c’est un tabou hérité de 1945 et de la dénazification de la société qui est en train de tomber. La jeunesse allemande s’est prononcée la semaine dernière à 54% pour que leur pays dispose de l’arme atomique, afin de se protéger de la fédération de Russie. Aussi intéressons-nous aux avions de la Luftwaffe qui pourraient assurer les missions de frappes nucléaires dans le cas (plus qu’hypothétique) où Berlin irait dans cette voie. Pour faire simple : actuellement aucun avion n’existe dans l’arsenal allemand, bien qu’il ne faudrait pas longtemps pour que cela change.
Jusque là l’Allemagne était très marginalement tournée vers les choses de la défense. Il s’agit là d’un effet psychologique bien connu, étudié, et largement documenté des effets de la prise de conscience entre 1945 et 1960 des crimes nazis. En Allemagne de l’Ouest, car en Allemagne de l’Est c’était très différent. Pour faire simple les Allemands ne voulaient plus entendre parler d’armées car ils ne voulaient plus risquer de commettre de nouveaux de telles atrocités. C’est largement compréhensible. Et moi qui ai des attaches familiales en Allemagne je peux vous dire que c’est un fait qui est encore très présent même dans des générations n’ayant strictement aucun lien avec la Seconde Guerre mondiale et de facto l’idéologie hitlérienne.
Autant dire que la semaine dernière quand le très sérieux hebdo politique Die Zeit a pondu son article autour d’un sondage sur l’arme atomique cela a eu l’effet… d’une bombe. Sans grande surprise les adultes entre 45 et 54 ans, entre 55 et 64 ans, et au-delà de 65 ans sont entre 75% et 91% contre l’idée que l’Allemagne possède sa propre arme atomique. C’est loin d’être la même chose chez les plus jeunes générations. Les 18-24 ans sont à 54% favorables à cette option, les 25-34 ans à 52% y sont favorables, et les 35-44 ans y sont défavorables à seulement 53%. Sur cette dernière tranche d’âge 44% se sont prononcés en faveur de l’arme atomique.
Alors intéressons nous à ces avions de la Luftwaffe qui pourraient emporter cette future (ou pour le moins hypothétique) arme nucléaire allemande. Aujourd’hui, mardi 1er juillet 2025, aucun avion militaire allemand n’est adapté à l’emport d’une arme nucléaire allemande. Et pour cause cette dernière n’existe pas. Cependant le renvoi en ateliers d’avions de combat comme l’Eurofighter EF-2000 Typhoon ou même le vieillissant Panavia Tornado IDS ne serait pas impossible. Gageons que le premier serait plus à même d’emporter et de tirer un missile de croisière à charge thermonucléaire. Sauf qu’en France nous le savons bien un vecteur de frappe ce n’est pas uniquement l’arme et l’avion qui l’emporte c’est tout un environnement qui l’accompagne. Et là-dessus les avions-citernes comme l’Airbus Military A400M Atlas ou le Lockheed-Martin KC-130J Super Hercules risquent vite d’être un peu trop légers. Il faudra à l’Allemagne de véritables avions de ravitaillement en vol. Idéalement ce serait des Airbus Military A330 MRTT ou dans le pire des cas des Boeing KC-46A Pegasus.
Sauf que disposer d’une arme atomique ne se fait pas en un claquement de doigts. L’Allemagne sait enrichir du combustible nucléaire, mais à vocation civile. Autant dire énergétique. Le faire dans une optique militaire c’est une toute autre paire de manche. Il lui faudra des coups de main. La France ? La Grande Bretagne ? Israël ? Les USA ? Qui acceptera ? En attendant m’est d’avis que nos amis et voisins allemands vont devoir se contenter de leurs B61 gentiment confiées par l’Oncle Sam. Ça tombe bien que leurs futurs Lockheed-Martin F-35A Lightning II puissent être compatibles avec elle !
Affaire à suivre.
Photo © Luftwaffe
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3 réponses
J’avais cru comprendre que la B61 imposait le F35A…. On constate que tous ceux qui sont « dépositaires » de la B61 ont pris (par obligation ?) le LM F35…
Bonjour Arnaud et les passionnés
L’Allemagne est signataire du Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP) et n’a jamais dénoncé cela… et comme vous le dites très justement, faire une bombe ne s’improvise pas et il faut parfois se faire aider (l’histoire veut que le Royaume-Uni aurait aidé la France à avoir sa bombe en échange d’un accès à la CEE d’alors… la France eut sa bombe mais le UK dû attendre 1973 pour rejoindre la CEE, le Général De Gaulle étant contre… après, je ne sais pas si c’est une légende, les historiens du futur nous le diront quand les archives des Trente Glorieuses auront été déclassifiées…)
En tout cas, bombe ou pas bombe germanique, effectivement il faut un vecteur pour la trimbaler: avion ou missile…
Salut ARNAUD, PHIL et les Passionnés,
Arnaud évoque une arme nucléaire allemande native et non Us, donc l’obligation du vecteur américain F35A imposé par nos gentils protecteurs ne s’impose plus; cela doit être même une condition sine qua non, pour garder toute son indépendance de décision, comme la FRANCE actuellement.
Assurément la France, le partenaire le plus sérieux en ce qui concerne le nucléaire militaire, le seul pays d’Europe à disposer d’une dissuasion véritablement indépendante sur toute la chaine logistique et décisionnelle, pourrait être le partenaire idéal de l’Allemagne pour la naissance d’une dissuasion nucléaire européenne indépendante et intégrée. Mais je pense que nous ne sommes pas encore à ce niveau de décision, bien qu’avec le nouveau chancelier allemand, les lignes commencent à bouger rapidement….Wait and see !
Passionnément,