La hausse des droits de douanes c’est la marotte du Président des États-Unis d’Amérique. Après avoir ordonné une augmentation à hauteur de 30% pour l’Union Européenne voilà que Donald Trump place la barre à 50% pour les matières premières et les produits manufacturés en provenance du Brésil. Plusieurs économistes y voient déjà une attaque en règles contre l’avionneur Embraer et ses constructions. Est-ce là une riposte au succès du C-390 Millennium de transport tactique vis-à-vis du Lockheed-Martin C-130J/J-30 Super Hercules ?
Aux États-Unis Embraer est surtout un constructeur d’avions civils ! Ses biréacteurs monocouloirs E-Jet et E-Jet E2 de lignes régionales s’y vendent particulièrement bien, notamment auprès des compagnies aériennes spécialisées dans les vols intérieurs. Et aux USA elles sont nombreuses. American Airlines, Best Jets, Envoy Air, Horizon Air, Mesa Airlines, Republic Airways, et Skywest Airlines pour ne citer qu’eux les font voler par centaines tous les jours. Plusieurs de ces transporteurs se sont engagés depuis le début de l’année à transitionner entre les E-Jet et les E-Jet E2 afin de garantir une forme de continuité pour leurs équipages autant que leurs clients.
Est-ce que cette présence accrue d’avions de ligne courts-courriers d’origine brésilienne gène le locataire de la Maison-Blanche ? C’est ce que de plus en plus d’économistes américains pensent. Sauf que la hausse des droits de douanes à 50% pourra en effet sans doute freiner les compagnies aériennes américaines à acheter Embraer sans pour autant les pousser vers les productions locales. Et pour cause : aucun avionneur américain ne propose d’avion équivalent aux E-Jet E2 brésiliens. Boeing a stoppé depuis 19 ans la chaîne d’assemblage du 717 et aucun 737 Max n’est prévu pour les vols régionaux ou courts-courriers. Ces derniers sont des moyens-courriers. En fait la seule alternative aux E-Jet E2 est bien nord-américaine dans sa construction mais estampillée européenne : l’Airbus A220. D’ailleurs le transporteur à bas coûts Breeze Airways a choisi l’avion euro-canadien afin de remplacer ses Embraer E-Jet.
L’autre aspect de la pénétration d’Embraer sur le marché américain c’est l’aviation d’affaire. Et là en effet l’avionneur brésilien fait de la concurrence aux industriels implantés aux USA. Ses petits modèles Phenom 100 et Phenom 300 entrent tous deux en collision directe avec le Cessna Citation M2. Ses modèles plus hauts de gamme Legacy 500 et Legacy 600 concurrencent de leur côté là encore Cessna mais également Gulfstream. Les jets d’affaire brésiliens sont réputés moins chers à l’achat que leurs équivalents américains et pas plus onéreux à l’emploi. D’où un succès qui ne se dément pas aux États-Unis.
Une société brésilienne qui réussit le tour de force de piquer des parts de marché aux avionneurs américains il n’en fallait pas plus pour que Donald Trump s’échauffe les sangs. Et donc désormais il annonce des droits de douanes à 50%. Ce que Trump ignore, dans la somme colossale de son ignorance, c’est qu’une soixantaine de sociétés américaines travaillent très régulièrement en sous-traitance d’Embraer. Et ce autant sur ses machines civiles que militaires. L’actuel Président des États-Unis d’Amérique est un type revanchard, il ne cautionne pas le monde diplomatique autrement que comme le businessman qu’il a toujours été ; et ce malgré les nombreuses faillites qu’il a connu dans sa carrière. Son idée fixe de coller des droits de douanes hallucinants à tout le monde en est la démonstration flagrante. Est-ce que pour autant l’Embraer C-390 Millennium cessera de damer le pion au Lockheed-Martin C-130J/J-30 Super Hercules ? Rien n’est moins sûr.
Rappelons que le Brésil est dans le collimateur de Donald Trump depuis que la justice brésilienne a choisi d’attaquer en justice l’ancien dirigeant Jair Bolsonaro pour diverses malversations. L’homme d’état populiste et ultra autoritaire a toujours été un proche de Trump. Cela en dit long sur le mécanisme intellectuel du président américain.
Photo © Embraer
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Une réponse
Homme d’affaires frauduleux, il ne semble même pas maîtriser les règles élémentaires de l’économie. Par exemple, les États-Unis ne fabriquent qu’une faible portion de l’aluminium consommée par ses industries, dont le secteur de l’aéronautique. Il impose actuellement un droit de douane de 50% sur l’aluminium importé, notamment celui provenant du Canada. Les alumineries sont implantées là où l’énergie électrique est la moins dispendieuse. Or, avec ses vastes réserves hydroélectriques, le Canada (particulièrement le Québec) fournit près des deux tiers de l’aluminium importé par les États-Unis. Comme les tarifs douaniers sont payés par les importateurs, le « génial » président va simplement créer de l’inflation domestique et rendre les entreprises américaines (dont Boeing) moins compétitives sur les marchés d’exportation. Même la canette de bière américaine va devenir plus dispendieuse, de quoi faire enrager ses propres partisans ! Il n’y a qu’à attendre, le château de cartes qu’il s’amuse à assembler va s’écrouler de lui-même.