Avec son U-Hawk Sikorsky révolutionne l’hélicoptère… et le drone.

Honnêtement on attend désormais la réponse d’Airbus Helicopters. Ce lundi 13 octobre 2025 au symposium annuel de l’AUSA l’hélicoptériste Sikorsky a présenté un UH-60L Blackhawk très profondément modifié afin d’en éliminer l’équipage. Baptisé U-Hawk ce nouvel aéronef fait appel à la technologie Matrix et pourrait bien rebattre les cartes dans un avenir très proche autour de la dépose de troupes sur le champ de bataille. Et si même l’U-Hawk remettait en question l’acquisition des convertiplanes de nouvelle génération de type Bell MV-55 Valor par l’US Army ?

Voilà un paradoxe comme on les aime. L’Amérique vit actuellement un de ses shutdowns les plus complexes et pourtant l’AUSA, l’Association of the United States Army, réussit le tour de force de faire venir l’intégralité de ses fournisseurs et leurs nouveautés à Washington DC. Et sur le stand de Lockheed-Martin, maison mère de Sikorsky, c’est lui qui joue les vedettes. Lui c’est l’U-Hawk. Il s’agit d’un Blackhawk au départ tout à fait banal et désormais dopé aux systèmes autonomes et à l’intelligence artificielle. Le résultat est simple : il n’a plus d’équipage.

Est-ce encore un hélicoptère de transport d’assaut ou bien est-ce devenu un drone de transport d’assaut ? J’avoue que le passionné d’aviation que je suis en perd son latin. N’étant ni expert aéronautique ni journaliste je me garderais bien d’émettre un avis technique sur la question. Par contre ce qui me semble évident c’est que l’U-Hawk est une des évolutions les plus spectaculaires en matière de voilure tournante depuis le Fenestron ou le NOTAR. On savait que le programme Matrix lancé en 2013 avait permis en 2022 de donner naissance au Blackhawk ALIAS. Celui-ci promettait jusque là un pilotage double : soit classiquement avec un équipage soit sans celui-ci en mode téléopéré. Avec U-Hawk le groupe Lockheed-Martin est vraiment allé très loin.

Et surtout il est allé très vite puisque le programme fut officiellement lancé… il y a un an. Et le résultat est stupéfiant. Car si on élimine l’équipage d’un Blackhawk, alors que reste t-il ? Un Blackhawk avec nettement plus de place. Et là où jadis vous aviez un poste de pilotage désormais vous pouvez installer une double porte coquille avec une rampe d’accès.

Mais attention il y a un détail qui tue : le Sikorsky U-Hawk n’a pas encore volé. Cela ne devrait cependant être qu’une formalité, annoncée pour l’an prochain. L’hélicoptériste insiste sur le fait que son nouvel appareil est moins onéreux qu’un convertiplane d’assaut et offre 25% de capacité d’accueil en plus qu’un Blackhawk traditionnel. En outre les commandes de vol téléopérées sont annoncées électriques. L’U-Hawk ne sera donc pas piloté par une IA. Celle-ci sera présente mais pas aux commandes de la machines.

Autant le dire tout de suite nous risquons de revenir dans les prochaines semaines sur l’aventure technologique de cette machine. Alors drone ? Hélicoptère ? Un peu des deux ? Il est clair que le Sikorsky U-Hawk fait vraiment bouger les lignes, et ça en aéronautique c’est toujours bon à prendre. C’est signe d’un secteur d’activité qui ne se repose pas sur ses lauriers.

Affaire (bien évidemment) à suivre.

Photos © Lockheed-Martin