L’information est tombée ce vendredi 12 décembre 2025 en fin de journée. Martin Pfister, conseiller fédéral en charge du Département fédéral de la Défense de la Protection de la population et des Sports, a confirmé que son pays commandera bien le chasseur Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Pour autant l’objectif initial de trente-six exemplaires ne sera pas respecté, la Suisse refusant de débourser un centime de plus sur l’enveloppe de six milliards de francs. L’avionneur américain livrera donc moins d’avions que prévu, en raison des surcoûts de productions qui pourraient atteindre plus de 20% du prix initial.
Depuis mars dernier le futur remplacement des actuels McDonnell-Douglas F/A-18C/D Hornet par des Lockheed-Martin F-35A Lightning II tourne quasiment au pugilat chez nos amis et voisins suisses. Entre un Conseil Fédéral qui demeure arc-bouté sur la parole donnée et une opinion publique de plus en plus hostile au chasseur furtif américain le débat ressemble de plus en plus à un numéro d’équilibriste. Du coup on se dit qu’en annonçant la commande ferme des dits F-35A Lightning II le conseiller fédéral Pfister a sifflé la fin de la récré. Ce n’est même pas garanti.
En effet le DDPS qu’il a en gestion n’a toujours pas statué sur le nombre exact d’avions qui seront finalement commandés par l’enveloppe de six milliards de francs suisses. Les surcoûts de production aux États-Unis, représentant aussi bien la hausse du prix des matières premières que les questions de fiscalité douanière entre Berne et Washington DC, ne sont toujours pas clairement fixés. Lockheed-Martin parle d’une marge allant de 650 millions à 1,3 milliards de francs. Les six milliards devaient à l’origine couvrir les trente-six exemplaires du F-35A Lightning II ainsi que la formation des mécanos et pilotes ou encore les simulateurs de vol. Aujourd’hui cette somme initiale ne couvrirait même pas trente-deux avions, hors services annexes obligatoires.
En Suisse, pays de la démocratie participative par excellence, plusieurs ONG insistent désormais sur fait que si le Département fédéral de la Défense de la Protection de la population et des Sports reste sur son enveloppe de six milliards de francs le nombre total de chasseurs furtifs sera assez bas. En incluant la formation aux États-Unis, l’armement, et les équipements d’entraînement in situ pour la ou les bases aériennes suisses dédiées, le nombre d’avions pourrait être ramené à vingt-sept ou vingt-huit machines seulement. Ce qui est très faible.
Rappelons cependant que les Forces Aériennes Suisses n’engagent jamais leurs avions de combat dans la moindre opération extérieure. Les quelques fois où les pilotes de chasse suisses sortent de leur espace aérien souverain c’est pour s’entraîner à la défense aérienne avec leurs collègues de l’Aeronautica Militare, de l’Armée de l’Air et de l’Espace, de la Luftstreïkrafte, ou encore de la Luftwaffe. Depuis 210 ans la Suisse observe strictement le principe de neutralité perpétuelle. Elle n’a par exemple pris part ni à la guerre de 14/18 ni à celle de 39/45, respectant des relations diplomatiques constantes avec chacun des belligérants. Ses futurs Lockheed-Martin F-35A Lightning II n’auront donc comme seule et unique fonction que de protéger une Confédération Helvétique (l’autre nom français de la Suisse) des avions de chasse de ses quatre principaux voisins qui sont aussi des alliés militaires. Peu de risque en plus que le cinquième voisin, la petite principauté du Liechtenstein, ne tente un coup de force contre elle. C’est un peu comme si la Belgique se hasardait à attaquer la France…
Donc pour résumer le DDPS accepte de débourser six milliards de francs afin de se procurer un lot de Lockheed-Martin F-35A Lightning II sans toutefois savoir combien d’avions le composeront. M’est d’avis que la Suisse aurait été plus avisée de faire appel à Dassault Aviation, au consortium Eurofighter, ou encore à Saab. Elle les aurait eu ses trente-six chasseurs pour six milliards. Mais bon ce n’est mon avis.
Photo © US Air Force
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Une réponse
Parmi les causes invoquées par Lockheed pour cette hausse des coûts de production: les barrières tarifaires mis en place par le « génialissime » Donald. Le tarif d’importation de 50% imposé sur l’aluminium et les aciers spécialisés produits au Canada est directement assumé par les industries américaines. Comme le Canada est de loin le principal fournisseur des États-Unis dans ces domaines, tous les acheteurs du F-35 devront payer la note ou remettre en question l’ampleur de leur commande, si ce n’est se tourner vers une alternative. L’art de se tirer dans le pied !!!