Boeing KE-3

Fiche d'identité

Appareil : Boeing KE-3
Constructeur : Boeing Company
Désignation : KE-3
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante : KC-137S
Mise en service : 1988
Pays d'origine : Etats-Unis
Catégorie : Avions de transport
Rôle et missions : Ravitailleur en vol

Sommaire

“ La citerne volante bling-bling ”

Histoire de l'appareil

L’un des marqueurs contemporains de la puissance d’une force aérienne réside dans sa capacité ou non à aligner des avions de ravitaillement en vol. Il existe en effet un corrélation évidente entre le fait de posséder des tankers et des chasseurs modernes voire des avions de transport tactique pouvant voir ainsi leur rayon d’action ou leur autonomie accrue par le transfert de carburant en plein vol. C’est donc autant une raison purement tactique, voire stratégique, qu’une volonté de représentation internationale qui dicte l’acquisition de telles machines. Si en plus vous êtes un des plus gros producteurs mondiaux de pétrole vous êtes obligé de disposer de tels appareils. C’est la raison pour laquelle apparut dans les années 1980-1990 les surprenants Boeing KE-3.

Le 25 septembre 1985 la Royal Saudi Air Force signait un contrat avec le consortium européen Panavia autour de l’achat de quarante-huit Tornado IDS d’attaque au sol et de vingt-quatre Tornado ADV de supériorité aérienne et d’interception. Ces avions allaient permettre la mise en retraite des derniers BAC Lightning F Mk-53 encore en service. Ils venaient en outre enrichir une aviation militaire en plein essor du fait de ses pétrodollars ; une aviation militaire qui avait déjà investi quelques temps plus tôt dans des McDonnell-Douglas F-15C/D Eagle.
Or les dirigeants du royaume saoudien se rendirent vite compte qu’ils auraient besoin en urgence d’un ravitailleur en vol digne de ce nom.

Des démarches furent entreprises en ce sens auprès de l’avionneur américain Boeing, seul à cette époque à avoir les compétences nécessaires pour ce genre de chantier. L’Arabie-Saoudite n’ayant pas de bonnes relations avec l’URSS le recours à une machine soviétique était exclue.
Pourtant le constructeur de Seattle n’avait à l’époque à proposer aux Saoudiens que des avions de seconde main : des KC-135R Stratotanker pris sur les réserves de l’US Air Force.
Pour le pays qui était alors une des économies les plus florissantes de la planète l’achat d’avions d’occasion, même rétrofités, était hors de question. Une idée germa alors dans la tête d’une équipe d’ingénieurs américains : créer un ravitailleur en vol spécialement pour les besoins de la Royal Saudi Air Force.

En fait celle-ci négociait à la même époque l’achat d’E-3A Sentry neufs. Il serait possible pour les équipes de Boeing de modifier des cellules de ces avions afin d’en faire des tankers. Lors de la phase de construction il suffirait de ne pas installer les équipements de veille radar et de surveillance aéroportée et de les remplacer par un système de ravitaillement en vol. Le tour serait joué. Il ne restait plus qu’à convaincre les Saoudiens. Présenté dans un premier temps comme Boeing KC-137S l’avion ne souleva pas un engouement particulier aux généraux de la RSAF. Ils trouvaient l’avion vieillot avec ses réacteurs Pratt & Whitney JT3D d’ancienne génération.
Finalement les ingénieurs reprirent leur travaux, déposèrent les moteurs, et les remplacèrent par des CFM56 franco-américains alors ultramodernes. Dans le même temps ils eurent l’idée de changer la désignation en Boeing KE-3A. Cette fois la mayonnaise prit, les Saoudiens se laissèrent convaincre par celui qui leur était présenté comme un avion de ravitaillement en vol ultramoderne conçu exclusivement pour eux.

De l’AWACS d’origine il ne restait donc que le poste de pilotage et les systèmes de communication encryptés. Pour le reste le Boeing KE-3 était un strict avion de ravitaillement en vol, en grande partie calquée sur le KC-135R. Les réservoirs de carburant permettaient l’emport et le transfert de soixante-huit tonnes avec un équipement trois points : une perche centrale et deux nacelles de voilures.
C’est sous les couleurs de l’US Air Force qu’eurent lieu les premiers essais en vol de l’avion en août 1986. Les premiers transferts de carburant se firent depuis McChord AFB dans l’état de Washington, au profit de chasseurs General Dynamics F-16A Fighting Falcon appartenant eux aussi à l’aviation américaine.
Finalement les deux premiers KE-3A de série furent livrés en Arabie Saoudite à la mi-1987. Le contrat portant sur huit machines la Royal Saudi Air Force dut attendre 1991 pour obtenir son dernier avion.

Celui-ci mit d’ailleurs un certain temps à arriver en Arabie Saoudite. Suite à un impayé avec Boeing l’avion fut conservé quelques mois. Un temps qui suffit à l’avionneur américain pour proposer son KE-3A à l’US Air Force. En fait l’idée de l’avionneur était de le fournir en remplacement KC-135Q destinés exclusivement au ravitaillement en vol des avions espions trisoniques Lockheed SR-71 Blackbird. Malgré un intérêt certain pour ce nouveau tanker le Pentagone refusa. La fin de la guerre froide et l’effondrement du bloc communiste venait de faire drastiquement baisser les crédits alloués à la défense. En lieu et place l’US Air Force allait devoir se contenter de moderniser ses KC-135Q au standard KC-135T.

Durant trois décennies, du début des années 1990 au début des années 2020 les Boeing KE-3A furent les principaux avions de ravitaillement en vol saoudiens. Des Lockheed KC-130H Hercules plus légers volaient à leurs côtés. Outre le soutien aux vols de patrouilles de chasse les tankers quadriréacteurs venaient se produire fréquemment lors de meetings aériens en Europe occidentale, principalement en Grande Bretagne. Au gré des modernisations de la chasse saoudienne les KE-3A ont été rajeunis : équipements électroniques, communications, mais aussi nouvelle livrée apparue en 2021.
Pour autant en 2016 ils ont cessé d’être les plus gros ravitailleurs en vol saoudiens, titre revenant désormais aux Airbus Military KC-30A de facture européenne. Six de ces biréacteurs ont été acquis.

Seul le N°23 Squadron a mis en œuvre les Boeing KE-3A de la Royal Saudi Air Force. Début 2022 sur les huit avions achetés à l’origine il n’en restait plus que cinq. Les trois autres avaient été transformés au début des années 2000 en avions de reconnaissance stratégique sous l’appellation RE-3A.
Le remplacement des tankers quadriréacteurs est désormais à l’ordre du jour, à condition qu’un nouveau contrat soit signé avec Airbus Defense & Space.

Avion mal connu sous nos latitudes, à la conception pour le moins rocambolesque, le Boeing KE-3 doit beaucoup à la volonté saoudienne de ne pas faire comme tout le monde. En soi cela fait donc de ce quadriréacteur un tanker particulièrement spécial, prétentieux diraient certains.

 

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Photos du Boeing KE-3

Caractéristiques techniques

Modèle : Boeing KE-3A
Envergure : 44.40 m
Longueur : 46.60 m
Hauteur : 12.90 m
Surface alaire : 283.00 m2
Motorisation : 4 réacteurs CFM International CFM56-2
Puissance totale : 4 x 11013 kgp.
Armement : aucun
Charge utile : 68100 kg de carburant transferable
Poids en charge : 156030 kg
Vitesse max. : 885 km/h
Plafond pratique : 8900 m
Distance max. : 7000 Km avec réserve de sécurité
Equipage : 5
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Profil couleur

Profil couleur du Boeing KE-3

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Boeing KE-3
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Boeing KE-3

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