Breguet Br.1050 Alizé

Fiche d'identité

Appareil : Breguet Br.1050 Alizé
Constructeur : Breguet Aviation
Désignation : Br.1050
Nom / Surnom : Alizé
Code allié / OTAN :
Variante :
Mise en service : 1956
Pays d'origine : France
Catégorie : Avions de reconnaissance
Rôle et missions : Avion de lutte anti-sous-marine

Sommaire

“ l'avion de lutte anti-sous-marine embarqué ”

Histoire de l'appareil

Le Breguet Br.1050 Alizé constitue l’aboutissement d’un programme français ambitieux visant à doter la Marine nationale d’une capacité autonome de lutte anti-sous-marine embarquée, développé au milieu des années 1950 pour équiper les porte-avions français d’une plateforme spécialisée dans la détection et la neutralisation des sous-marins ennemis. Ce programme émergea de la prise de conscience stratégique de l’importance cruciale de la guerre anti-sous-marine dans le contexte de la Guerre froide naissante, particulièrement face à la menace croissante des sous-marins soviétiques en Méditerranée et dans l’Atlantique Nord. L’approche conceptuelle privilégiait l’intégration complète des systèmes de détection les plus modernes disponibles à l’époque, combinant radar de veille maritime, détecteurs magnétiques et équipements sonar dans une plateforme aérienne optimisée pour les opérations embarquées prolongées.

La genèse du programme Alizé remonte directement aux études menées par Breguet Aviation sur le concept révolutionnaire de propulsion hybride, matérialisé par le prototype Br.960 Vultur développé en 1948. Cet appareil expérimental monoplace d’appui tactique se caractérisait par un groupe moteur hybride composé d’un turbopropulseur Armstrong Siddeley Mamba à l’avant et d’un turboréacteur Rolls-Royce Nene dans la queue, configuration inédite visant à combiner l’efficacité énergétique du turbopropulseur avec la poussée additionnelle du turboréacteur. Le Br.960 Vultur effectua son vol initial en 1951, validant les concepts techniques fondamentaux qui allaient être extrapolés pour le développement de l’Alizé spécialisé dans les missions de lutte anti-sous-marine.

L’évolution du concept Vultur vers l’Alizé reflétait parfaitement l’adaptation des besoins opérationnels français aux nouvelles réalités stratégiques de l’après-guerre. Les spécifications de la Marine nationale exigeaient un appareil triplace capable d’opérer depuis les porte-avions français existants tout en disposant de l’autonomie et de l’équipement nécessaires aux patrouilles anti-sous-marines de longue durée. Cette exigence particulière orienta Breguet Aviation vers une configuration dérivée du Vultur mais optimisée pour les missions spécialisées, abandonnant la propulsion hybride au profit d’un puissant turbopropulseur unique plus adapté aux vols de patrouille économique.

Le prototype Alizé effectua son vol inaugural en octobre 1956, révélant immédiatement des qualités de vol remarquables héritées des enseignements tirés du programme Vultur. L’appareil triplace était propulsé par un turbopropulseur Rolls-Royce Dart RDa.21 développant 2 100 chevaux, entraînant une hélice quadripale Rotol de grand diamètre optimisée pour l’efficacité à basse vitesse et haute altitude. Cette motorisation conférait à l’Alizé des caractéristiques de vol idéales pour les missions de patrouille prolongée, combinant consommation réduite et performances satisfaisantes aux régimes de croisière économique, capitalisant sur l’expérience acquise avec les essais de propulsion du Vultur.

La configuration aérodynamique de l’Alizé reflète parfaitement son rôle opérationnel spécialisé, avec des ailes en position haute libérant complètement la soute à armement ventrale tout en optimisant la stabilité lors des phases de détection à basse vitesse. L’innovation majeure résidait dans l’intégration d’un radar de recherche Thomson-CSF DRAA 2A monté dans une nacelle escamotable positionnée à l’emplacement qu’occupait précédemment le turboréacteur arrière sur le Vultur. Cette solution technique ingénieuse permettait le déploiement du radôme uniquement durant les phases de détection, réduisant la traînée aérodynamique lors des transits et optimisant les performances globales de l’appareil.

L’équipement spécialisé de l’Alizé incluait également des bouées acoustiques placées dans les carénages du train d’atterrissage principal, innovation remarquable permettant le largage de détecteurs sonar passifs sans compromettre l’aérodynamisme de l’appareil. Cette intégration témoignait de l’approche systémique adoptée par Breguet pour optimiser chaque aspect de la conception en fonction des missions spécialisées. Le fuselage incorporait une soute interne spacieuse capable d’accueillir une torpille acoustique de 450 millimètres ou diverses charges de profondeur, complétée par quatre points d’emport externes autorisant le transport de réservoirs supplémentaires ou armements légers.

L’avionique de l’Alizé représentait l’état de l’art technologique français du milieu des années 1950, le radar DRAA 2A offrant des capacités de détection surface inégalées pour l’époque. Le système de détection magnétique AN/ASQ-10 permettait la localisation précise des sous-marins immergés par détection des anomalies du champ magnétique terrestre, tandis que l’équipement sonar Julie-Jezebel autorisait l’analyse acoustique des signatures sous-marines. Cette combinaison de capteurs conférait à l’Alizé des capacités de détection révolutionnaires, établissant de nouveaux standards en matière de guerre anti-sous-marine aéroportée.

La Marine nationale réceptionna ses premiers Alizé en mai 1959, les livraisons des machines de série débutant après une période d’essais opérationnels intensifs validant l’ensemble des systèmes embarqués. L’appareil équipa initialement les flottilles 4F et 6F basées à Lann-Bihoué en Bretagne avant d’embarquer sur les porte-avions Arromanches et Clemenceau. L’introduction opérationnelle révéla immédiatement l’excellence des qualités nautiques de l’appareil, particulièrement adaptées aux opérations depuis les ponts d’envol relativement courts des porte-avions français, bénéficiant des enseignements aérodynamiques tirés du programme Vultur.

Le succès à l’exportation de l’Alizé se concrétisa principalement avec l’Inde, qui acquit douze exemplaires dotés du radar DRAA 2B, version améliorée offrant des capacités de détection renforcées par rapport au standard français initial. Cette commande indienne, livrée entre 1961 et 1962, comportait des adaptations spécifiques aux conditions climatiques tropicales et aux exigences opérationnelles particulières de l’Indian Navy. Les Alizé indiens servirent avec distinction durant plusieurs décennies, participant notamment aux opérations de surveillance maritime dans l’océan Indien et validant la robustesse de la conception française dans des environnements opérationnels exigeants.

L’évolution technologique de l’Alizé se poursuivit tout au long de sa carrière opérationnelle française, avec des modernisations successives maintenant l’appareil au niveau des standards contemporains. La modification la plus significative intervint avec l’intégration du radar Thomson-CSF Iguane, remplaçant progressivement les systèmes DRAA d’origine par une électronique plus moderne offrant des capacités de détection et de discrimination améliorées. Simultanément, des systèmes de contre-mesures électroniques furent intégrés, renforçant la survivabilité de l’appareil face aux menaces surface-air modernes.

Les missions opérationnelles de l’Alizé s’étendirent bien au-delà de la lutte anti-sous-marine stricte, l’appareil démontrant une polyvalence remarquable dans les rôles de surveillance maritime, reconnaissance océanique et même transport léger. Durant les opérations extérieures françaises, les Alizé assurèrent régulièrement la couverture anti-sous-marine des groupes aéronavals, leur endurance exceptionnelle permettant des patrouilles de plus de six heures sans ravitaillement. Cette capacité s’avéra particulièrement précieuse lors des déploiements en océan Indien et dans le Pacifique Sud.

La carrière opérationnelle de l’Alizé se distingua par sa remarquable longévité, l’appareil demeurant en service actif au sein de la Marine nationale française pendant plus de quatre décennies. Les derniers exemplaires furent retirés du service en 2000, remplacés par les Dassault-Breguet Atlantique 2 pour les missions de patrouille maritime à long rayon d’action. Cette exceptionnelle durée de service témoigne de la pertinence de la conception originelle héritée du programme Vultur et de l’efficacité des programmes de modernisation successifs.

L’héritage du Breguet Alizé transcende largement ses performances opérationnelles pour incarner une certaine conception française de l’indépendance stratégique maritime, privilégiant l’autonomie technologique et l’innovation conceptuelle héritée des expérimentations du Vultur. Son influence sur les programmes de guerre anti-sous-marine contemporains demeure considérable, de nombreux concepts développés pour l’Alizé étant désormais intégrés dans les systèmes les plus modernes. Cette approche continue d’inspirer les concepteurs actuels, consolidant la position de l’Alizé comme référence historique incontournable dans l’évolution de l’aviation navale française.


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Photos du Breguet Br.1050 Alizé

Caractéristiques techniques

Modèle : Breguet Br.1050 Alizé
Envergure : 15.60 m
Longueur : 13.86 m
Hauteur : 5.00 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 1 turborpropulseur Rolls-Royce Dart RDa.7 Mk 21
Puissance totale : 1 x 2100 ch.
Armement : en soute : 1 torpille de 500 kg ou 3 charges de profondeur de 160 kg
sous voilure : 2 charges de profondeur de 175 kg, 6 roquettes de 127 mm ou 2 missiles AS.12
Charge utile : -
Poids en charge : 8250 kg
Vitesse max. : 470 km/h
Plafond pratique : 6100 m
Distance max. : 2850 Km
Equipage : 3
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Profil couleur

Profil couleur du Breguet Br.1050 Alizé

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Breguet Br.1050 Alizé
Fiche éditée par
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Claudio
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Vidéo du Breguet Br.1050 Alizé

Le Breguet Alizé sur le Clémenceau en 1965