Cicaré CH-14 Aguilucho

Fiche d'identité

Appareil : Cicaré CH-14 Aguilucho
Constructeur : Cicaré Helicópteros S.A.
Désignation : CH-14
Nom / Surnom : Aguilucho
Code allié / OTAN :
Variante :
Mise en service : 2007
Pays d'origine : Argentine
Catégorie : Hélicoptères
Rôle et missions : Prototype d'hélicoptère militaire multi-rôle

Sommaire

“ Un hélicoptère argentin bien trop ambitieux ”

Histoire de l'appareil

Quand le 26 janvier 2022 meurt Augusto Cicaré c’est un triste jour pour l’aéronautique argentine. Peu connu en dehors de ce pays sud-américain l’homme qui venait de s’éteindre à 84 ans fut pourtant considéré comme le père de l’industrie locale des voilures tournantes. Sa société, éponyme, conçut des machines du début des années 1960 jusqu’à nos jours, pas toujours avec beaucoup de succès, mais toujours avec passion. L’un de ses plus célèbres hélicoptères fut pourtant un plantage total, que ce soit conceptuel autant qu’opérationnel : le CH-14 Aguilucho.

Consciente de son retard en matière d’hélicoptères armés l’Éjercito Argentino chercha dès le début de l’année 1999 à acquérir des appareils de combat. Malheureusement pour cette armée argentine la situation économique et financière du pays était calamiteuse. Il lui était impossible d’acheter des hélicoptères de combat neufs, malgré des tentatives auprès des Denel AH-2 Rooivalk sud-africains et Mil Mi-25 Hind-D russes jugés peu onéreux. L’année suivante elle chercha à acheter des Bell AH-1F Cobra de seconde main auprès de l’US Department of Defense. Alors que le marché semblait en bonne voie pour quinze exemplaires le diplomatie entra en ligne de compte et les vieux démons rattrapèrent l’Argentine : Londres fit pression sur Washington DC pour faire échouer le marché. Le souvenir de la guerre des Malouines était encore très vivace outre-Manche.

L’état-major de l’Éjercito Argentino décida alors de changer son fusil d’épaule. Elle chargea la société Cicaré de développer un hélicoptère de reconnaissance armée, d’appui tactique rapproché léger, et d’entraînement pour ses besoins. Si sur le papier le cahier des charges était assez clair, la réalité des faits l’était beaucoup moins. En effet Cicaré n’avait jusque là développé que des hélicoptères légers biplaces civils, dont beaucoup n’avaient jamais dépassé le stade expérimental. Cette société n’avait en fait aucune expérience dans le développement de l’hélicoptère militaire !
Pourtant Augusto Cicaré et ses équipes acceptèrent le challenge.

Pourtant concevoir de zéro un hélicoptère de combat quand on a pour toute expérience que des machines très légères n’est pas évident. Aussi l’hélicoptériste argentin chercha à puiser son inspiration en France, en Italie, mais aussi en Roumanie. En effet Augusto Cicaré était connu pour avoir beaucoup de respect envers l’IAR-317 Airfox des années 1980, dérivé de la célèbre Alouette III française. Et visiblement il s’en inspira, notamment pour l’esthétique de sa machine.
C’est en 2005 que la réponse au cahier des charges fut présentée sous la forme du CH-14 Aguilucho, autrement dit l’aiglon. Et dès le départ l’hélicoptère argentin intrigua.

Un prototype fut officiellement commandé. Entre temps Augusto Cicaré avait laissé la main à la tête de la société à son ingénieur en chef Fernando Quisara. Pourtant c’était bien l’esthétique d’origine, celle du fondateur, qui allait devoir être reproduite afin de donner naissance au Cicaré CH-14 Aguilucho. L’assemblage du prototype débuta en 2006. Plus l’hélicoptère avançait dans sa construction et plus il ressemblait à un appareil hybride : moitié hélicoptère civil léger moitié hélicoptère de combat.
C’est sous l’immatriculation civile provisoire argentine LV-X333 qu’il débuta officiellement ses essais en vol le 19 mars 2007.

Extérieurement le Cicaré CH-14 Aguilucho se présentait sous la forme d’un hélicoptère biplace en tandem de construction mixte en métal et matériaux composites. Sa propulsion était assurée par une turbine Rolls-Royce Model 250-C20B, un modèle civil très courant dans le monde. Celle-ci entraînait le rotor principal bipale ainsi que le rotor anti-couple. Le fuselage du CH-14 faisait appel à de nombreuses facettes laissant à supposer que l’appareil disposait d’une signature radar réduite, un peu à la manière d’un Boeing-Sikorsky RAH-66 Comanche ou d’un Kawasaki OH-1 Ninja. Par ailleurs il possédait un atterrisseur à double patins.

En fait les essais en vol ne révélèrent aucune forme de furtivité, pis même l’hélicoptère était réputé bruyant malgré une stabilité remarquable. Les ingénieurs argentins l’avaient imaginé lisse afin de pouvoir lui greffer ultérieurement deux moignons de voilure permettant l’emport de roquettes en paniers et de missiles antichars. Le Cicaré CH-14 Aguilucho fut officiellement révélé au grand public lors d’un meeting aérien en 2008.
Beaucoup de spécialistes connaissaient déjà son existence et étaient plus que circonspects quant à son avenir. L’opinion publique argentine de son côté s’enflamma pour cette machine qu’elle trouva très rapidement très ambitieuse.
La réalité économique de l’Argentine rattrapa rapidement le programme. L’Éjercito Argentino se vit incapable d’honorer les accords financiers passés avec Cicaré qui de son côté lorgnaient en même temps sur le marché civil avec son tout nouveau CH-7B Kompress issu de son CH-7 Angel à succès.

En juin 2008 l’Éjercito Argentino prit officiellement livraison du seul et unique Cicaré CH-14 Aguilucho. Une commande pour deux hélicoptères de présérie aurait alors dû être passée mais là encore les finances ne suivirent pas. Quatre ans plus tard Cicaré décida de suspendre ses études sur le CH-14. De son côté l’armée argentine n’en démordait pas, elle voulait son hélicoptère militaire.
En 2018 l’hélicoptère faillit connaître un second souffle quand l’industriel argentin signa un protocole d’accord avec son homologue chinois Changhe autour de la production locale du Z-11. Cicaré espéra pouvoir doter le CH-14 de l’avionique de celui-ci mais Pékin refusa. En fait la vente en Argentine des Z-11 était déjà un numéro d’équilibriste vis-à-vis d’Airbus Helicopters et de son H125 sans en plus rajouter la confusion d’une participation détournée au programme Aguilucho. Début 2020 le programme fut officielle enterré.

Hélicoptère demeuré donc expérimental, avec un unique prototype construit, le Cicaré CH-14 Aguilucho a cumulé plusieurs défauts. En premier lieu l’absence totale d’expérience de son constructeur en matière de machines militaires, en deuxième lieu un cahier des charges trop brouillon dans lequel l’hélicoptère devait pouvoir mener des missions trop différentes les unes des autres, en troisième lieu un assemblage pour le moins hétéroclite, et en quatrième lieu la faillite quasi totale de l’économie argentine. Le résultat est un hélicoptère esthétiquement intéressant mais au final ô combien raté !

 

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Photos du Cicaré CH-14 Aguilucho

Caractéristiques techniques

Modèle : Cicaré CH-14 Aguilucho
Envergure : 10.00 m diamètre du rotor principal
Longueur : 11.80 m
Hauteur : 3.30 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 1 turbine Rolls-Royce Model 250-C20B
Puissance totale : 1 x 425 ch.
Armement : aucun
Charge utile : -
Poids en charge : 1450 kg
Vitesse max. : 240 km/h à 2200 m
Plafond pratique : 4500 m
Distance max. : 625 Km à masse maximale
Equipage : 2
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Profil couleur

Profil couleur du Cicaré CH-14 Aguilucho

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Cicaré CH-14 Aguilucho
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Cicaré CH-14 Aguilucho

Vidéo du développement du Cicaré CH-14 Aguilucho.