Nakajima A4N

Nation majeure de la Seconde Guerre mondiale le Japon vit son industrie aéronautique monter peu à peu en gamme durant les années 1920 et 1930. À bien des égards celle-ci évolua en parallèle de sa concurrente américaine, un peu plus vite cependant. Il faut dire que les ingénieurs nippons se nourrissaient des influences en provenance aussi bien de l’Europe que des USA. De ce fait elle eut dès l’entre-deux-guerres une chasse de qualité, notamment au sein de son aéronavale. Cette dernière mit en œuvre plusieurs modèles de biplans dont le Nakajima A4N.

Dès la toute fin des années 1920 la suprématie de l’avionneur Nakajima était totale sur la marine impériale japonaise. Depuis l’A1N, en fait développé en Grande Bretagne par Gloster, ses chasseurs étaient les seuls sur les ponts d’envols des porte-avions nippons. Aussi quand il s’agit de remplacer l’A2N c’est évidemment vers ce constructeur que les amiraux se tournèrent. Des avant-projets signés Aichi et Mitsubishi furent bien étudiés, de même que l’on essaya le Grumman FF Fifi américain et le Hawker Nimrod britannique , mais au final c’est le Nakajima YM qui fut choisi.

Il fut commandé sous la désignation Nakajima A4N. Extérieurement il se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure inégale construit majoritairement en métal. Sa propulsion était assurée par un Nakajima Hikari 1 à neuf cylindres en étoile développant 730 chevaux. Il s’agissait d’une version locale du Wright Cyclone américain. Il entraînait une hélice bipale en métal. Doté d’un train d’atterrissage classique fixe à roues carénées et d’une crosse d’appontage l’A4N pouvait être considéré comme un chasseur très académique. Son armement se composait de deux mitrailleuses fixes synchronisées de calibre 7.7 millimètres et de 120 kilogrammes de bombes légères. Il vola en octobre 1934.

Des différents liés à la doctrine d’emploi des chasseurs retardèrent cependant son entrée en service qui n’eut pas lieu avant janvier 1936. Sur les versions de série le carénage des roues principales du train avait disparu. Certains officiers japonais soutenaient le principe que le Nakajima A4N était déjà dépassé, de par son architecture en biplan. Ils prônaient un monoplan. L’avion fut pourtant déclaré pleinement opérationnel au début du printemps 1936.

Le 7 juillet 1937 le Japon envahissait la Chine. Jusque là la carrière opérationnelle du Nakajima A4N était plutôt sobre, l’avion se contentant de réaliser des vols de protection des porte-avions sur lesquels il était basé. Désormais il engagea le feu contre l’ennemi. Ses pilotes revendiquèrent plusieurs appareils chinois dont un chasseur Breda Ba.27 d’origine italienne. C’est pourtant véritablement le 12 décembre 1937 que l’A4N entra dans l’Histoire.

Devant l’avancée des troupes japonaises le gouvernement américain décida d’engager l’évacuation de ses personnels diplomatiques mais également de ressortissants. Parmi les moyens on retrouvait alors l’USS Panay, une canonnière de l’US Navy. Elle était notamment chargée d’escorter trois pétroliers civils Mei An, Mei Hsia, et Mei Ping. Ils embarquaient en fait près de 800 employés chinois de la société Standard Oil ainsi que leurs familles. La veille de l’attaque aérienne le navire de guerre américain avait déjà été attaqué par des troupes chinoises depuis les rives du fleuve Yang-Tsé-Kiang, sans résultat. L’aéronavale entra donc en action avec trois bombardiers en piqué Kugisho B4Y et neuf chasseurs Nakajima A4N. Ces derniers n’emportaient pas de bombes mais leurs pilotes mitraillèrent le navire en feu après l’impact des bombes du B4Y, et ce jusqu’à ce qu’il coule. Trois marins américains périrent, et une quarantaine d’autres furent plus ou moins lourdement blessés. À Washington des voix s’élevèrent pour réclamer des représailles, notamment de la part de l’homme d’affaire John D. Rockefeller, fondateur et dirigeant de Standard Oil. Rien ne se passa, les défenseurs de l’isolationnisme américain l’emportèrent.

Malgré ce fait d’arme la carrière du Nakajima A4N touchait à sa fin. Comme l’avaient prédit ses détracteurs le chasseur biplan allait être balayé par le tout nouveau monoplan Mitsubishi A5M. Lequel d’ailleurs ne lui était pas particulièrement supérieur en terme d’efficacité ou de manœuvrabilité. Simplement l’A4N était réputé pour avoir quelques soucis mécaniques récurrents. Au printemps 1938 il quitta la première ligne, étant rétrogradé chasseur d’entraînement avancé jusqu’en juillet 1941 et son retrait du service définitif.

Construit à 221 exemplaires le Nakajima A4N reste à jamais lié à l’attaque de l’USS Panay. Malgré cela il reste aujourd’hui surtout comme le dernier chasseur biplan embarqué de l’aéronavale japonaise. Aucun exemplaire n’est parvenu jusqu’à nous.