North American A-5 Vigilante

Fiche d'identité

Appareil : North American A-5 Vigilante
Constructeur : North American Aviation Inc.
Désignation : A-5
Nom / Surnom : Vigilant
Code allié / OTAN :
Variante : A3J, RA-5
Mise en service : 1958
Pays d'origine : Etats-Unis
Catégorie : Avions d'attaque
Rôle et missions : Avion stratégique de pénétration

Sommaire

“ le mastodonte embarqué sur les porte-avions américains ”

Histoire de l'appareil

Le North American A-5 Vigilante, initialement désigné A3J avant la normalisation des désignations militaires américaines de 1962, représente l’un des programmes les plus ambitieux et technologiquement avancés de l’aviation embarquée américaine de l’après-guerre. Conçu à l’origine comme un avion d’attaque tout temps destiné à la frappe nucléaire à partir des porte-avions de l’US Navy, il illustrait à la fois les espoirs stratégiques de la dissuasion dans les années 1950, mais aussi les limites pratiques rencontrées une fois confrontées aux réalités opérationnelles.

North American, déjà constructeur du célèbre F-86 Sabre et du bombardier stratégique B-45 Tornado, se vit confier la tâche de concevoir un intercepteur d’assaut supersonique embarqué. L’ambition du programme, encouragée par la politique d’expansion navale du Pentagone, était claire : il s’agissait de créer un bombardier supersonique capable de pénétrer les défenses soviétiques à très haute vitesse et d’emporter une arme nucléaire tactique ou stratégique sur de longues distances, tout en conservant la capacité à opérer depuis les ponts des porte-avions de classe Forrestal.

Le prototype du Vigilante effectua son vol inaugural le 31 août 1958. Il démontra immédiatement des performances remarquables, notamment une vitesse de croisière supersonique (Mach 2.1), une montée rapide à haute altitude, et un comportement stable grâce à des innovations aérodynamiques majeures. L’une des caractéristiques les plus distinctives du A-5 résidait dans sa propulsion, assurée par deux turboréacteurs General Electric J79-GE-8 dotés de postcombustion, intégrés dans un fuselage fuselé muni d’entrées d’air à géométrie variable. Ces dernières s’adaptaient automatiquement au régime moteur, permettant à l’appareil de maintenir une efficacité aérodynamique optimale en régime transsonique et supersonique.

L’architecture de l’appareil était particulièrement avancée pour l’époque. Le North American A-5 Vigilante bénéficiait de solutions techniques inédites, telles que l’empennage vertical monobloc à inclinaison variable, les volets soufflés (« blown flaps« ) pour améliorer la portance à basse vitesse lors des phases d’appontage, et surtout une soute ventrale cylindrique unique, conçue pour accueillir une charge nucléaire larguée par propulsion arrière, un système dénommé « linear bomb bay ». Cette solution devait permettre à la bombe de suivre la trajectoire de l’avion avant d’être libérée à haute altitude et à grande vitesse. Ce dispositif, pourtant sophistiqué, s’avéra peu fiable dans la pratique et fut l’un des points faibles du programme initial.

Le système d’attaque du Vigilante, baptisé REINS (Radar-Equipped Inertial Navigation System), constituait une autre innovation : il intégrait un radar de navigation à haute précision et une centrale inertielle, le tout conçu pour un engagement tout temps sans assistance extérieure. Ce système complexe fut aussi l’un des plus difficiles à maintenir en conditions opérationnelles, imposant un niveau de maintenance élevé qui limita son efficacité sur le terrain.

La première version de série, le A-5A, entra en service opérationnel en 1961. Cinquante-six exemplaires furent produits. Une version améliorée, désignée A-5B, incorporait des bords d’attaque basculants pour accroître la maniabilité à basse vitesse et la stabilité à l’approche. Seuls six appareils de ce type furent finalement achevés. Malgré des performances brillantes sur le plan technique, l’entrée en service du Vigilante coïncida avec un changement majeur dans la doctrine américaine. À partir de 1963, le Pentagone décida que toutes les frappes stratégiques aériennes à vocation nucléaire seraient exclusivement du ressort de l’US Air Force, notamment via des vecteurs comme le B-52 Stratofortress ou les missiles balistiques embarqués à bord des sous-marins Polaris.

Privé de son rôle principal, le Vigilante se retrouva sans mission opérationnelle claire au sein de la Navy. Trop imposant, complexe et rapide pour une reconversion en chasseur-bombardier tactique, l’appareil faillit être entièrement retiré. C’est alors qu’un nouveau rôle lui fut assigné : celui d’appareil de reconnaissance stratégique à long rayon d’action. Une série de modifications conduisit à la mise au point du RA-5C, version spécialisée dans la reconnaissance photographique et électronique.

Le RA-5C Vigilante conserva la cellule et les moteurs du A-5, mais remplaça la soute à bombes par une série de capteurs optiques et infrarouges, des caméras panoramiques, et un équipement de guerre électronique complet. Des capteurs latéraux en forme de nacelles furent ajoutés sur les flancs arrière du fuselage, tandis que le poste de l’officier navigateur fut réaménagé pour intégrer les consoles de surveillance. Cette version, construite à 91 exemplaires neufs auxquels s’ajoutèrent plusieurs conversions à partir des A-5A existants, permit à l’avion de prolonger sa carrière au sein des escadrons de reconnaissance de l’US Navy.

Le RA-5C fut engagé massivement durant la guerre du Vietnam, où il opéra à partir des porte-avions stationnés dans le golfe du Tonkin. Chargé de photographier les positions ennemies, d’évaluer les dommages après bombardement (« battle damage assessment« ) et de surveiller les mouvements logistiques adverses, il assuma un rôle stratégique crucial, mais à un coût humain élevé. Malgré sa vitesse, sa manœuvrabilité et l’altitude de ses missions, le RA-5C fut particulièrement exposé aux missiles sol-air SA-2 Guideline, aux batteries antiaériennes et aux chasseurs adverses. Sur les 156 exemplaires construits toutes versions confondues, plus de 30 furent perdus en combat, ce qui en fit l’un des avions les plus vulnérables du théâtre vietnamien.

Ses performances au combat, en particulier en matière de reconnaissance stratégique, ne suffirent cependant pas à assurer sa pérennité. Le coût élevé à l’entretien, la complexité de sa logistique embarquée et l’émergence de nouveaux systèmes de reconnaissance (notamment les drones et les satellites) finirent par sceller son sort. Le dernier RA-5C fut retiré du service en 1980, marquant la fin d’un chapitre ambitieux dans l’histoire de l’aviation navale américaine.

Sur le plan technique, l’appareil reste une référence. Avec une longueur de 23,3 mètres et une masse maximale au décollage de 27 tonnes, il fut longtemps le plus grand avion supersonique embarqué jamais opérationnel. Capable d’atteindre Mach 2 à haute altitude et de voler à plus de 2400 km/h, il combinait les performances d’un intercepteur et les capacités d’un bombardier. Ses trains d’atterrissage renforcés, ses freins à air dynamiques et son crochet d’arrêt lui permirent d’opérer à partir des ponts des porte-avions de classe Kitty Hawk ou Enterprise, malgré sa masse imposante.

Si le North American A-5 Vigilante fut considéré par certains comme un programme partiellement échoué, son héritage technologique fut considérable. Il contribua directement au développement de nombreux systèmes embarqués modernes, tant sur le plan de la navigation que de la configuration aérodynamique des appareils supersoniques. Plusieurs exemplaires ont été préservés dans des musées américains majeurs, notamment au National Naval Aviation Museum de Pensacola et au USS Intrepid Sea, Air & Space Museum à New York.

Au final, le A-5 Vigilante incarne une génération d’aéronefs conçus à l’apogée de la Guerre froide, où la technologie se voulait réponse absolue aux menaces stratégiques. À la fois témoin d’une époque de grandeur industrielle et victime des évolutions doctrinales, il reste un exemple fascinant de puissance aérienne embarquée, à la croisée de l’ingénierie de pointe et des limites opérationnelles.


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Photos du North American A-5 Vigilante

Caractéristiques techniques

Modèle : North American A-5A Vigilante
Envergure : 16.15 m
Longueur : 22.33 m
Hauteur : 5.92 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 2 turboréacteurs General Electric J79-GE-4
Puissance totale : 2 x 7325 kgp.
Armement : 1 bombe nucléaire
ou 2.270 kg de bombes classiques
Charge utile : -
Poids en charge : 28232 kg
Vitesse max. : 2228 km/h à 12200 m
Plafond pratique : 19520 m
Distance max. : 5150 Km
Equipage : 2
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Profil couleur

Profil couleur du North American A-5 Vigilante

Plan 3 vues

Plan 3 vues du North American A-5 Vigilante
Fiche éditée par
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Claudio
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Vidéo du North American A-5 Vigilante

North American A-5 Vigilante