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Pour nombre de passionnés d’aviation le nom de Reginald Mitchell reste intimement lié à Supermarine et à son légendaire chasseur monomoteur Spitfire. Pourtant c’est durant la Première Guerre mondiale que cet ingénieur britannique se lança dans l’aviation au travers de la société Pemberton-Billing. Et on lui doit un des avions qui plus d’un siècle après sa conception demeure une des machines volantes parmi les plus hallucinantes jamais pensé : le prototype de chasseur lourd Pemberton-Billing PB.29 et son dérivé direct PB.31 Nighthawk.
C’est au cours du mois de novembre 1915 que Noel Pembertong-Billing et Reginald Mitchell commencèrent à travailler sur conjointement sur un bimoteur de chasse destiné à la destruction des Zeppelins, les redoutables dirigeables allemands utilisés pour bombarder la Grande Bretagne. Leur idée était de concevoir un avion impressionnant par sa taille, très lourdement armé, et très stable. Ils optèrent donc pour une solution radicale : un bimoteur à hélices propulsives doté d’une voilure quadriplan et d’un empennage biplan. Le futur avion reçut la désignation PB.29. L’assemblage du prototype eut lieu peu après Noël 1915.
Les moteurs choisis étaient des Daimler à six cylindres en ligne d’une puissance unitaire de 90 chevaux entraînant chacun une hélice quadripale en bois. L’armement envisagé était d’une mitrailleuse mobile de calibre 7.7 millimètres installée dans un poste de tir situé au-dessus du fuselage entre les deux plans supérieurs de voilure.
Bien que très étonnant d’architecture le Pemberton-Billing PB.29 suscita un véritable intérêt de la part du Royal Flying Corps.
Le PB.29 réalisa son premier vol fin janvier 1916. Malheureusement pour lui ses essais démontrèrent que l’avion était instable et que le poste de tir était fort peu ergonomique. En outre au troisième vol de l’avion il devint évident que les moteurs à hélices propulsives n’étaient pas adaptés. Au quatrième vol le PB.29 rata son atterrissage et fut détruit tuant sur le coup deux des trois membres d’équipage du prototype. Sans toutefois lui ôter sa confiance le Royal Flying Corps conseilla à Noel Pemberton-Billing de revoir sa copie.
Ce que fit l’ingénieur.
À l’été 1916 il proposa aux militaires britanniques une version radicalement améliorée désignée PB.31 mais reprenant les grandes lignes du PB.29. Le nouvel avion possédait cependant pas mal d’innovations : moteurs Anzani à neuf cylindres en étoile d’une puissance unitaire de 100 chevaux actionnant une hélice tractive quadripale en bois, poste de pilotage fermé donnant accès au poste de tir dorsal toujours situé entre les deux plans supérieurs de voilure mais armé cette fois d’un calibre Davis de calibre 37 millimètres tirant vers l’avant et d’une mitrailleuse mobile de calibre 7.7 millimètres tirant vers l’arrière, train d’atterrissage renforcé, empennage biplan revu et affiné, et enfin installation d’un second poste de tir mobile dans le nez de l’avion doté d’une mitrailleuse mobile également de calibre 7.7 millimètres.
Aux vues du prototype le Royal Flying Corps se dit très intéressé et passa commande pour vingt exemplaires de série.
Quelques temps plus tard Pemberton-Billing changea de raison social et devint Supermarine. On pensa un temps baptisé l’avion Supermarine Nighthawk avant de se raviser et de le conserver comme Pemberton-Billing PB.31, conservant cependant l’idée du patronyme Nighthawk. À la mi-février 1917 le prototype réalisa son premier vol, et le moins qu’on pouvait alors dire c’est que ce bimoteur était plus agréable à piloter que le PB.29.
Pour autant l’armement installé alourdit considérablement l’avion et révéla ses limites. Le PB.31 pouvait ralentir de plus de vingt kilomètres heures à chaque tir du canon Davis.
Au final Supermarine reçut l’ordre en juillet 1917 d’envoyer à la casse le prototype du PB.31 et de ne pas finaliser l’assemblage de l’exemplaire de présérie. La commande pour vingt machines de série fut évidemment annulée.
Aux strictes vues esthétiques le Pemberton-Billing PB.31 Nighthawk apparaît aujourd’hui comme un avion délirant. Imaginez donc un quadriplan construit en bois entoilé et doté d’un fuselage à impérial, d’un empennage biplan, et le tout servi par un équipage de quatre hommes dont deux passaient le plus clair de la mission à moitié sortis. Excusez du peu.
Il ne demeure évidemment plus rien de nos jours de cet extravagant avion.
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