Kurt TANK

Le père des mythiques Focke-Wulf Fw 190 et Fw 200

Kurt Waldemar Tank est né le 24 février 1898 à Bromberg* dans la province prussienne de Posnanie. Issu d’une famille de militaires prussiens ils élevé dans le culte martial. Pourtant le jeune Kurt Tank s’intéresse très vite aux sciences et technologies, notamment à tout ce qui tourne autour de l’électricité et de la mécanique. Brillant élève il doit cependant stopper ses études à l’âge de 17 ans car son père l’oblige à rejoindre l’armée et à aller se battre contre la France et la Grande Bretagne.
Kurt Tank tente de rejoindre les premiers éléments d’aviation militaire allemande mais son père lui appose un refus catégorique. Il sert donc comme officier dans la cavalerie du Kaïser. Il termine la guerre avec plusieurs citations.

Kurt Tank à l’âge de 43 ans.

Désormais majeur il n’a plus à écouter les ordres paternels. Il se fait embaucher comme apprenti au sein de la société de conception de locomotives Ohrenstein & Koppel. En parallèle Kurt Tank obtient une bourse pour entrer à 22 ans à l’université technologique de Berlin. Il se spécialise dans la conception aéronautique et profite de son temps d’étudiant pour passer son brevet de vol à voile. Diplômé en 1923 il entre alors dans les bureaux d’études Rohrbach. Il se fait la main auprès du fondateur de l’entreprise, travaillant notamment sur l’avion de ligne trimoteur Ro VIII Roland.
Adolf Rohrbach étant alors connu comme un pacifiste convaincu Kurt Tank subit la pression familiale pour aller travailler dans une entreprise plus en adéquation avec les idées paternelles. Finalement il est débauché en 1927 par l’avionneur Albatros célèbre pour ses chasseurs durant la Grande Guerre. À la même époque il rencontre Ernst Heinkel avec qui il se lie d’amitiés.

Pour Albatros il est tout autant un ingénieur pur qu’un pilote d’essais, réalisant ainsi en 1931 le premier vol du chasseur clandestin L-84. Quelques mois plus tard les difficultés financières de l’entreprises, liées notamment à la crise financière américaine de 1929, l’oblige à la banqueroute. Ses actifs et personnels sont repris par Focke-Wulf une entreprise née huit ans auparavant. Kurt Tank est du voyage.
Au sein de l’entreprise il travaille directement sous les ordres de Henrich Focke. Ce dernier lui laisse cependant beaucoup de liberté, étant subjugué par le génie créatif de son ingénieur. La première réalisation estampillée Kurt Tank est alors le biplan d’entraînement Fw 44 Stieglitz. C’est une réussite tant civile que militaire. Puis quelques temps plus tard sous la supervision de Focke Tank dessine et réalise un monoplan parasol d’entraînement à la chasse : le Fw 56 Stösser.

À Berlin le nom de Kurt Tank commence au début de l’année 1934 à circuler dans les sphères politiques. Des collaborateurs du chancelier Hitler l’approchent et lui proposent d’entrer au parti nazi. Peu enclin à l’antisémitisme des nazis l’ingénieur refuse poliment malgré son très fort sentiment nationaliste allemand. Il se concentre sur sa passion : concevoir de nouveaux avions. À la même époque il développe son premier bimoteur, le très polyvalent Fw 58 Weihe mais aussi le chasseur lourd Fw 187 Falke. Celui-ci sera son premier véritable échec.
Dans le même temps il œuvre pour la compagnie aérienne Lufthansa qui lui a commandé un grand avion quadrimoteur de prestige. C’est là son premier chef d’œuvre, le remarquable Fw 200 Condor. Une fois militarisé il deviendra un des cauchemars des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. En compétition avec son ami Richard Vogt pour un contrat visant à fournir un avion d’observation du champ de bataille Tank développe l’étonnant Fw 189 Uhu qui l’emportera face au Blohm und Voss Bv 141 de Vogt.

Sa non appartenance au parti nazi lui revient alors tel un boomerang : en pleine face ! Alors que Kurt Tank veut proposer à la Luftwaffe un chasseur monomoteur d’un nouveau genre, disposant d’un rayon d’action supérieur à celui du Messerschmitt Bf 109 il se voit refuser tout crédit. La mort dans l’âme il entre au parti hitlérien. Dans la semaine qui suit les crédits sont débloqués. C’est ainsi que naît celui qui est considéré comme l’avion qui l’a fait entrer dans la légende : le Fw 190 Würger. À partir de cet avion l’ancien pilote d’essais qu’il n’aura de cesse de vouloir peaufiner sa machine, d’abord avec le Fw 190D puis durant le guerre avec le très impressionnant chasseur à haute altitude Ta 152, l’œuvre la plus impressionnante de sa carrière.

N’ayant pas de très grandes connaissances dans la conception des avions à réaction, ayant préféré déléguée cette charge à son bras droit Hans Multhopp, l’ingénieur n’intéresse pas plus les Alliés que cela. Les Américains et les Britanniques se détournent de lui, les Soviétiques et les Français n’examinent même pas son dossier. Il ne fait d’ailleurs que deux mois de détention en raison de son appartenance au parti nazi. La plus part des témoignages vont dans le sens d’un homme avant tout animé par sa profession et non par l’idéologie. Kurt Tank se retrouve donc en 1946 littéralement sans emploi.

Malgré quelques touches en Asie c’est finalement en Argentine qu’il échoue. Il entre alors à l’institut aérotechnique où il retrouve de nombreux collègues à lui ayant fui à la chute du régime nazi. À leur différence Kurt Tank n’intéresse nullement la justice pénale internationale, il peut donc vivre au grand jour sous son véritable nom. À l’institut il fait la connaissance de l’ingénieur français Émile Dewoitine et de son collègue italien Cesare Pallavicino , eux aussi en fuite. Il va prendre la suite de leur FMA I.Ae. 27 Pulqui I et créer l’étonnant FMA IAe 33 Pulqui II. Il rejoindra quelques temps plus tard l’Inde où il aidera au début des années 1960 le constructeur HAL à sortir de l’ombre grâce au chasseur supersonique HF-24 Marut.

L’Allemagne de l’Ouest recouvrant petit à petit ses droits à développer et produire des aéronefs Kurt Tank rentre au pays en 1970. Alors que pour beaucoup 72 ans serait l’âge de la retraite l’homme est un infatigable concepteur d’avions. Il entre à la direction de Messerschmitt-Bölkow-Blohm comme éminence grise. Malheureusement pour lui ses années d’errance mais aussi d’alcool et de tabac le rattrapent. Il tombe malade en 1974 et est obligé de prendre sa retraite. Il décède le 5 juin 1983 dans son appartement de Munich.

À sa mort beaucoup soulignent que bien que membre du parti nazi il ne fut jamais inquiété par le Mossad et ses chasseurs de criminels nazis. Si son nationalisme germanique n’a jamais fait de doute à qui que ce soit son antisémitisme n’a jamais été prouvé, bien au contraire. Kurt Tank est inhumé dans le principal cimetière de la métropole bavaroise.

*Cette ville aujourd’hui polonaise est connue comme Bydgoszcz.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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