[EADS] L’avenir d’Airbus Military passe par la patrouille maritime.

Contrôler des zones de pèche, lutter contre la piraterie et la contrebande maritime, rechercher des embarcations en difficulté et éventuellement leur lancer une chaîne de sauvetage, voire pourchasser des sous-marins ennemis, tout ça sera bientôt possible à partir de machines conçues et commercialisées par EADS. En tous cas, c’est ce que semble penser les responsables de l’avionneur européen, depuis qu’ils se sont lancés dans deux programmes ambitieux, ayant pour buts de contrecarrer la domination quasi hégémonique des USA sur ce domaine.

Le premier, et pas des moindre, le Casa C-295MPA consiste à transformer l’avion de transport tactique conçu en Espagne en patrouilleur maritime et océanique capable non seulement de surveiller les eaux mais aussi le cas échéant de porter l’estocade à des embarcations légères, voire de s’attaquer carrément à des submersibles. C’est dans ce sens qu’en avril 2010 le prototype de l’avion a tiré sa première torpille, validant ainsi sa capacité offensive. Fort de ce succès, et d’une habile campagne de communication l’avion est d’ores et déjà en production, avec notamment un premier contrat en provenance du Chili pour la fourniture de trois appareils destinés à remplacer, à l’horizon 2014/2015, les plus anciens des Lockheed P-3A Orion qui volent dans ce pays.

EADS-Casa C295MPA aux couleurs chiliennes, ici en essais depuis Séville.

Alors sans quasiment de concurrents fiables, l’ATR-42MP de Finmecanicca est au point mort avec des commandes de service publique mais rien de réellement offensif et les possibilités de transformation des biturbopropulseurs Antonov semblant bel et bien abandonnées, on ne peut que se réjouir pour l’avenir de celui qu’Airbus Military a baptisé Persuader. Avec le renforcement des règles environnementales dans le monde entier, et une crainte désormais quotidienne pour les pollutions côtières et hauturières, les avions de patrouille et de surveillance maritime ont de beaux jours devant eux. D’autant que tous le monde n’a pas les moyens de se doter de jets d’affaires transformés pour cela, comme la France par exemple. dans cette optique les avions à turbopropulsion semblent les plus en vue.

Dans un tout autre registre les ingénieurs et designers d’EADS ont bien compris que les actuelles machines de patrouille maritime comme la famille du Br.1150 Atlantic, ou le British Aerospace Nimrod vivent actuellement leur dernière décennie opérationnelle, ces avions datant de cellule remontant aux années de la Guerre Froide. Et ils savent que des pays comme l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, ou encore le Royaume-Uni rechercheront des machines plus complexes et plus polyvalentes (et donc plus onéreuses) que le C295MPA ou l’ATR-42MP. Il fallait donc réfléchir à une nouvelle plateforme de ce genre, répondant aux attentes du moment.

Patrouilleur maritime British Aerospace Nimrod appartenant à la RAF.

Cela semble être désormais chose faite avec le programme A319MPA qui consiste en la transformation d’un biréacteur de ligne monocouloir en véritable patrouilleur des océans, capables de réaliser les mêmes missions que ses prédécesseurs mais en usant des dernières technologies tant en matière de guerre électronique que de respect de l’environnement, et donc en usant de réacteurs franco-américains CFM International. Toutefois à la différence de ses « ancêtres » il n’emportera aucun armement en soute, les torpilles, charge de profondeurs, et missiles antinavires prendront place sous voilure accrochés à des pylônes d’emport. Si l’A319MPA n’existe encore que sur la planche à dessins, pardon dans l’ordinateur, de ses designers il faut voir qu’EADS table très sérieusement sur une mise en service opérationnelle des premiers appareils d’ici 2020. En fait l’avion européen sera la réponse d’EADS au P-8 Poseidon américain acquis par l’US Navy et l’Inde… et qui vole déjà.

Vue d'artiste du futur Airbus Military A319MPA

S’appuyant sur les vingt ans de succès de Casa dans le domaine de la patrouille maritime, la branche défense d’Airbus Industries semble bel et bien se tourner vers une diversification de ses activités, après avoir essayé de toucher aux missions de guerre électronique mais sans y réussir, et après avoir fait une entrée fracassante dans le domaine du ravitaillement en vol, véritable pré carré des Américains, elle se tourne désormais vers des missions plus offensives. Définitivement l’avionneur européen est le poil à gratter dans le cou de Boeing.

Photos (c) EADS

 

 


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 Responses

  1. C’est une bonne chose et ce gros A319MPA semble un bon concurrent (quand il sera au point) pour le P8. Maintenant je pense qu’il faut se concentrer sur trois domaines. Le contrôle aérien avancé, le ravitaillement et la reconnaissance/guerre électronique. Le ravitaillement c’est déjà acquis avec l’A310/330MRTT. Maintenant il faudrait un AWACS et l’équivalent d’un RC-135 pour bien faire. Et prenons nous à rêver, pourquoi pas aussi un gunship style AC-130 a partir de vieux transall? Bref une marge de manœuvre énorme. Mais je doute que nous soyons vraiment prêt pour ça.

  2. « en usant des dernières technologies tant en matière de guerre électronique que de respect de l’environnement »
    Perso, je pense que les enjeux sont tels en cas de guerre que, à moins que l’économie de carburant n’accroisse l’autonomie de l’engin, la contrainte écologique importe peu… Qu’en pensez-vous ?

  3. Le souci c’est que l’économie de carburant, et en fait tout ce qui touche aux économies et à l’environnement ça importe très fortement aux acheteurs, surtout quand ceux ci doivent faire avec les groupes de pression environnemental. Et comme sur ce genre de matériel les acheteurs sont des états, ça les importe encore plus. Réélection quand tu nous tiens…

    😀 😀 😀

  4. L’armée française utilise depuis longtemps des avions de ligne pour effectuer des recherche militaire.

    8) 🙄

  5. @ Couka : Hormis les Caravelle du CEV, retirées du service depuis une bonne dizaine d’années, je ne vois pas de quoi vous parlez???

    ❓ ❓ ❓

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