Voilà une information qui a coup sûr ne va pas bien passer du tout auprès des syndicats allemands et français de l’industrie aéronautique. Fabrice Brégier a déclaré au journal allemand Welt am Sonntag que prochainement son usine américaine de Mobile en Alabama produirait des avions de ligne A320 meilleurs marchés que ceux assemblés sur les sites allemands et français. Ce que le patron d’Airbus ne spécifie pas c’est la marge de différence qui existera alors.
Quoiqu’il en soit c’est bien à coup de dumping social que le géant de l’aéronautique européen semble vouloir faire la différence. En effet Fabrice Brégier a déclaré vouloir recruter du personnel américain non syndiqué qu’il pourra donc payer moins que leurs collègues appartenant eux à des formations professionnelles.
Pas sûr du coup que les puissantes fédérations aéronautiques d’IG Metall en Allemagne et de la CGT en France ne laissent passer un tel coup. D’autant que les gouvernement allemands et français auront sûrement leur mot à dire sur la question dans les prochaines semaines.
Au final c’est toute la filière aéronautique européenne qui doit s’interroger sur de telles pratiques. Car si on commence ainsi, jusqu’où les avionneurs et hélicoptéristes iront-ils ? Délocaliseront-ils leur production dans des pays moins soumis à la pression syndicale ? Et si tel est le cas dans quelle proportions Airbus Group sera encore européen ?
C’est aussi aux syndicats américains de « se bouger » pour faire en sorte que tous leurs ouvriers et techniciens soient adhérents.
Fabrice Brégier était jusque là considéré par beaucoup de ses salariés comme un bon patron, pas sûr que cette interview ne vienne écorner l’image de cet homme qui a donné beaucoup à l’industrie aéronautique européenne.
À titre purement personnel j’espère bien que le patron d’Airbus fera machine arrière, ce genre de délocalisation syndicale est une boite de Pandore. Les ouvriers et techniciens d’Airbus, en Allemagne comme en France, sont de grands professionnels, et quand ils participent à un mouvement social ce n’est jamais de gaité de cœur.
Photo © Wikimédia Commons.
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11 Responses
Bonjour, les USA (et pas qu’eux, les Allemands font la même chose en agriculture, les Espagnoles etc…..) font du dumping sociale….étonnant!!! Vraiment, cela vous étonne? Et une entreprise va chercher à aller au moindre coût, et cela vous étonne?
Je crois pour ma part que le problème vient plutôt des coûts disproportionné de notre système social Franco-Français que soit disant le monde entier nous envie. Les syndicats US sont puissant, mais ils sont aussi beaucoup plus ouvert que nos dinosaures CGTiste sclérosés par leur idéologie marxiste d’un autre temps. Après le savoir faire à un coût, et délocaliser ce type de production n’est pas forcement une bonne idée pour l’image et la qualité des aéronefs produits. Autant, une production aux Etats-Unis, au plus près du marché US n’est pas idiot (et si les coût sont moins élevés là bas ce n’est pas une nouveauté en soit), et les techniciens américains savent construire des avions fiables depuis des lustres, autant délocaliser dans des pays tiers sans expérience aéronautique me paraît moins opportun.
Pour finir, si les Airbus étaient produit en Espagne, ou même en Allemagne ils auraient aussi un coût de revient moins élevés que ceux produits en France de toute manière, vu que notre cher pays est le champion en taxes et prélèvements de toute sorte.
Ces peut être justement là le cœur du problème, la CGT et IG-Metal sont des dinosaures communistes dans un monde capitaliste, les syndicalistes français ne connaissent que deux choses : la machine à café et le piquet de grève. Pour une entreprise aussi importante qu’Airbus ces un vrai problème.
Je comprends parfaitement leur volonté de délocaliser aux USA ou la main d’œuvre est aussi bonne qu’en France ou en Allemagne, mais avec des charges patronales moindres. C’est sa qui tue notre économie.
Si je fais confiance à la chancelière Merkel en revanche je suis sur que Hollande va prendre la défense de ses amis communistes, a moins de deux ans des élections présidentielles il ne prendra pas le risque de se couper de cet électorat même si le front de gauche ne représente que moins d’1% des électeurs français.
J’espère que la démarche de Fabrice Brégier portera sa fruits.
Autant j’aime beaucoup vos articles Arnaud, autant sur celui là je sens comme une dénonciation de cette acte politique fort et réfléchi. Il faut arrêter de défendre absolument les syndicats, ce ne sont pas eu qui fabriquent la richesse dans notre pays.
Une dénonciation de ma part ? Non plutôt une interrogation teinté de méfiance vis à vis de ce genre de décision pas forcément en adéquation avec les idées de paix sociales qui doivent exister au sein de grandes entreprises de pointe comme Airbus.
Pourquoi faudrait il toujours votre fameuse paix sociale ? Les employés sont la pour travailler, non pour polémiquer. Quelque soit l’industrie ces avec des raisonnement comme le votre que les syndicats sont si puissants et que logiquement les patrons s’en vont la ou la richesse existe, aux USA.
Faux en finir avec cette paix sociale et redonner aux patrons leur véritable place : diriger et ordonner, ceux qui ne sont pas contents n’ont pas prendre la porte et bon vent.
Un salarié n’est pas et ne doit pas être un esclave. Il a des droits et peut les faire valoir, bien heureusement.
« Les employés sont la pour travailler, non pour polémiquer. » & « ceux qui ne sont pas contents n’ont pas prendre la porte et bon vent. » :
il semblerait qu’il y ait une confusion entre entreprise et goulag (camp de travail) chez vous… !
Quant à la paix (sociale), elle est indispensable évidemment, car sinon c’est la guerre, et là tout le monde perd…
Les syndicats, mais aussi les patrons sont beaucoup plus pragmatiques aux EU, vous n’avez pas dû y travailler longtemps, vous seriez plus que surpris par les EU d’aujourd’hui…
Quant à la richesse, elle n’existe plus dans des pans entiers des EU désertifiés, à force de délocaliser depuis 30 ans… !
Que répondre à ça ? Bah rien en fait, j’en reste comme deux ronds de flan.
Je trouve les critiques portées aux syndicats d’Airbus très acerbes. Ce n’est pas la SNCF je vous le rappelle. C’est une boite à la pointe de la technologie qui dégage des bénéfices colossaux. Ce serait tout bonnement inadmissible qu’on coupe dans les salaires des ingénieurs et des ouvriers chez Airbus en Europe. Jusqu’à preuve du contraire, c’est en Europe qu’on conçoit les avions et Brégier le sait. Aibus trust le haut des commandes d’avions civils, il n’a pas attendu d’ouvrir son usine à Mobile pour ça.
J’interprète ses propos comme une pique aux états européens pour leur demander toujours plus de sacrifices. Airbus n’est pas né tout seul. Il doit son succès aux états européens qui ont permis son développement. Donc c’est un coup dans le dos que réalise ce patron. Quant à l’idée d’un modèle social trop cher, je rappelle que la sécu comme nous la connaissons en France n’existe pas aux USA, généralement les gens payent très cher pour des soins. Ceux qui ne peuvent pas n’ont pas accès aux soins … Ce n’est pas le cas en France. Je rappelle que la sécu est née des cendres de la Seconde Guerre mondiale par l’action du général De Gaulle (et d’un de ses ministres, Ambroise Croizat, communiste et ancien de la CGT) et du comité de la Résistance, à une époque où notre pays était plus proche du Tiers-monde qu’autre chose. Notre peuple souffrait et souffre d’ailleurs toujours pour certaines catégories socio-professionnelle. Sauf que si je ne me trompe pas, l’espérance de vie est plus grande en France qu’aux USA. Notre modèle social honni par les libéraux y est peut-être en partie pour quelque chose … Je rappelle aussi que notre pays, la France, notre République, la République français a une devise qui est Liberté Égalité Fraternité. La fraternité exige d’avoir un modèle de solidarité qu’on dit social et qui repose sur un état-providence.
Les USA sont les premiers à défendre leur droit de posséder des armes qui est inscrit dans la Constitution. Et bien nous, le principe de Sécurité sociale est inscrit dans la Constitution de la 5 ème République.
Bien sûr, on peut discuter de certaines modalités de ce système, notamment les régimes spéciaux que je considère personnellement comme injustes pour ceux n’en faisant pas partie ou les fraudes des laboratoires pharmaceutiques (documentaire ce soir à ce sujet sur France 2). Mais si des géants comme Airbus réduisent leurs charges sociales, qui payera ? Si personne ne paye, le service ne sera plus universel, ce qui est anticonstitutionnel par nature.
De même, les propos du boss d’Airbus sont trompeurs car les USA sont en zone dollars. Donc c’est logique que l’usine de Mobile soit plus compétitive aux USA. Il oublie tout de même de dire, que les avions sont en réalité plus cher à construire aux USA qu’en Europe. Car même avec les facilités dollars + salaires bas, l’usine produit des avions en réalité plus cher qu’en Europe. Comment est-ce possible ? Car la supply chaine d’Airbus n’est pas à proximité de l’Alabama justement. Il faut transporter les pièces, dont beaucoup viennent en Europe. Le coût n’est pas négligeable.
Pour finir, je pense que la réelle volonté du patron d’Airbus, est de concurrencer Boeing sur ses terres … On a bien vu avec le contrat des ravitailleurs de l’air force que les USA sont bien plus protectionnistes que nous. En produisant des Airbus dans le pré-carré de Boeing, l’objectif est de faire la razzia des commandes sur le marché US, l’un des plus dynamiques au monde. Et ça Boeing ne doit pas aimer du tout.
Donc cette usine est une très bonne chose pour Airbus. Mais les États européens doivent être ferme vis-à-vis des provocations d’Airbus sur le coût du travail.
Merveilleuses vertus de l’amnésie.
Airbus fut, et reste l’enfant, né de la volonté d’états européens, pour en assurer l’indépendance aéronautique, l’intégralité de ses produits au catalogue a fait l’objet d’avance sur recette de la part de ces mêmes états.
Je ne ferais pas l’injure aux lecteurs de rappeler que les états sont financés par le contribuable, dont ici, aussi les salariés d’Airbus…
Donc logiquement, une délocalisation devrait impliquer, à due proportion, une suppression des aides européennes.
Curieusement, il me revient en mémoire la formule d’un homme pas franchement marxiste, Charles de Gaulle, « la politique de la France [de l’Europe] ne se fait pas à la corbeille ».
Et, plus curieusement, il me revient en mémoire une interview, en 1991, du chef du KGB dans un journal polonais, « Oui, nous allons disparaitre, cela est très probable. Mais nous reviendrons. Simplement pour nous, le temps d’attendre que l’occident devienne un monstre adorateur du moloch. Au nom du dieu dollar, ils sacrifieront leurs enfants. Ici et là, Clausewitz, je dois le reconnaitre, est bien plus à propos que Toukhatchevski… »
…
Excellent article dénonçant avec clairvoyance et compétence, une provocation immature de petit économiste ultra-libéral n’ayant aucune vision politique…
Article très bien renseigné, après les propos forts pertinents de Brian Norris, il n’y a qu’à rajouter peut-être une précision quant aux syndicats étatsuniens : au contraire de la France, seuls les travailleurs syndiqués peuvent bénéficier des accords et avantages passés suite à un mouvement social -15% de cégétistes en France font une grève dans une usine, s’il y a des avantages 100% des travailleurs en bénéficient, aux Etats-unis, si ce sont 15% de IWW, seuls ces 15% auront des avantages (dans tous les Etats-unis éventuellement) !
D’où la décision de F. Brégier d’embaucher des travailleurs non-syndiqués, c’est-à-dire en quelque sorte ne dépendant pas des conventions collectives (ou équivalents). D’où aussi pas les mêmes qualifications/formations, et donc peut-être un certain souci de compétence… (quand on veut moins cher, on en a pour son argent…) ?
D’où aussi des grèves beaucoup plus dures aux E-U qu’en Europe, aussi le dogmatique Brégier se prépare bien des soucis… (sans compter parfois une certaine dérive mafieuse de certains syndicats étasuniens…)
Quant aux Airbus, il est assez incroyable de lire plus de 40 ans après le début de l’aventure AIrbus, qu’ils ne sont pas fabriqués en Allemagne et en Espagne… !
Et où donc ? Ils sont fabriqués dans toute l’Europe (et même au-delà, certains sous-traitants se trouvent en Russie, au Japon, au Brésil, et même… aux Etats-unis !), et assemblés à Toulouse ou Hambourg (ou Séville pour Airbus Military).
Ils sont plus chers aux Etats-unis et en Allemagne qu’en France, toute la question est de savoir si ces Airbus fabriqués à Mobile seront destinés exclusivement au marché étasunien (à l’instar de l’usine chinoise pour le marché chinois) ou seront vendus ailleurs… ? (et donc ne seront plus des Airbus…) ?
Propos forts pertinents de CR91 itou, la question se posera non seulement de la suppression des aides, mais aussi du remboursements des aides précédentes…
J’ose espérer que l’usine de Mobile n’a pas été payée par le contribuable européen, mais par Airbus en fonds propres… ?
Aux Etats-unis les aides sont déguisées par les marchés militaires : le projet 747 (triréacteur à l’origine, comme le DC-10 et le Tristar) a été payé à Boeing par le Pentagone comme alternative au C-5 finalement choisi. Joli cadeau !