Et si le S-70 Okhotnik permettait à la Russie de rattraper son retard en matière de drones furtifs ?

C’est probablement un des programmes aéronautiques russes les plus ambitieux des trente dernières années. Depuis le début de cette décennie l’avionneur Sukhoi met au point un drone de reconnaissance stratégique de grande taille dénommé S-70 Okhtnik. Faisant appel à la technologie furtive il est souvent comparé au très secret Lockheed-Martin RQ-170 Sentinel américain. Il se pourrait d’ailleurs qu’il existe une certaine parentalité entre ces deux avions sans pilote.

Officiellement ce drone encore expérimental a réalisé son premier vol en mai de cette année, de manière totalement secrète. On le comprend, il pourrait bien devenir le principal moyen aéroporté de reconnaissance stratégique de la fédération russe dans les années à venir. Il aura fallu huit ans aux ingénieurs et techniciens de Sukhoi pour le mettre au point. Son lancement a été officialisé en 2011 mais sans que les moindres informations ne fuitent à son sujet.

Il possède une architecture d’aile volante monoréacteur d’une envergure d’environ 20 mètres. Ce qui le classerait en fait entre les 4.5 mètres du Lockheed-Martin RQ-170 et les 40 mètres du Northrop-Grumman RQ-180, les deux plus secrets drones de reconnaissance stratégique de l’arsenal américain. Des avions sans pilote dont l’existence est encore sujette à caution malgré des preuves incontestables telles des images visiblement non truquées.
Mais là où les deux drones furtifs américains semblent totalement opérationnels le S-70 Okhotnik est encore au stade de prototype.

La propagande étatique russe distille cependant les informations (ou l’intox ?) au compte-goutte autour de cette machine. Il serait actuellement motorisé par un turboréacteur Saturn AL-31F, identique à ceux équipant les chasseurs Su-27. À terme l’aviation russe et l’industriel espèrent que leur aéronef volera grâce à un AL-41F-1S plus puissant. Ce réacteur équipe actuellement les Su-35. On remarquer que même pour ses avions sans pilote le constructeur Sukhoi demeure fidèle à ses fournisseurs habituels.
Les mêmes propagandistes n’hésitent actuellement plus à considérer que dans quelques mois le S-70 Okhotnik sera le plus évolué des drones furtifs dans le monde. Sa conception pourrait d’ailleurs être lié à celle du chasseur de nouvelle génération Su-57, le drone ayant disposé d’enseignements liés à la difficile et houleuse conception de l’avion.

Selon plusieurs médias américains spécialisés dans les questions de défense le développement de cet Okhotnik aurait bénéficier de données vendues (chèrement) par l’Iran. Ce pays possède en effet les restes du seul et unique RQ-170 Sentinel abattu connu. Ce drone américain aurait été descendu depuis le sol dans l’est iranien en décembre 2011, soit quelques mois seulement après le lancement du programme de Sukhoi. Pour autant les Iraniens n’auraient pas livré les restes de l’aéronef américain, celui-ci leur ayant servi à développer leur drone Saegheh de facture locale.

Les rares informations vérifiables, ou supposées comme telles, laissent entrevoir une mise en service opérationnelle du Sukhoi S-70 Okhotnik à l’horizon 2028-2030. Les médias propagandistes russes parlent eux plutôt de 2023-2025. Une échéance qui parait bien courte quand on sait le retard accumulé par Moscou sur cette technologie depuis la fin de l’ère soviétique. Sur ce drone comme sur le Su-57 il semble qu’une guerre de communication existe.

Mais même si les informations sont encore maigres et très fragmentaires il était de notre devoir, en tant que site francophone aéronautique existant depuis 20 ans d’aborder le cas de ce drone. À coup sûr nous aurons à revenir sur le sujet dans les mois et années à venir.
En tous cas il est probable que ce S-70 Okhotnik enflamme la passion de nombreux aérophiles.

Photos © Keypublishing.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

16 réponses

  1. il me semble que c’est le drone qui est prévu de volé en « essein » ou contrôlé par les su-57 à moins que la photo que j’ai vu d’un prototype du su-57 avec la silhouette du s-70 en marquage sur la dérive sert juste à faire les essais du drone

      1. Je remarque au passage que vous faites mettez en lien vers Redsamovar, c’est à mon sens un des meilleurs sites francophones sur la défense russe.

      2. ah oui en effet, y’a un drone sur l’une des dérives … bien vu..
        Cela dit, ce n’est pas un coup d’essaie isolé, ils avaient aussi un démonstrateur de drone Skat (chez MiG) ce qui démontre qu’ils poursuivent leurs études sur le concept.

  2. Ouiii effectivement, on en parlait en début d’année sur TheAviationist, c’est une bonne chose que de l’aborder ici, car à bien des égards -même s’il est entouré de secret- ce programme me fait penser à notre Neuron, ne serait-ce qu’esthétiquement (de face en tout cas).
    On y voyait déjà dans leur article de janvier une photo dudit SU57 arborant sur la dérive ce marquage de circonstance, et surtout une du fameux S-70 de dos, avec notez-le la tuyère de son réacteur très (trop) exposée et visible pour un drone furtif (mais cela est sans doute temporaire) : https://i0.wp.com/theaviationist.com/wp-content/uploads/2019/01/Russian-Drone_20.jpg

    L’article complet ici : https://theaviationist.com/2019/01/25/lets-talk-about-russias-hunter-next-gen-unmanned-combat-air-vehicle-spotted-on-the-ground-at-novosibirsk/

    1. Perso je ne vois pas l’intérêt que vous avez parfois à mettre en lien des articles d’autres sites, surtout quand ce sont des articles de sites discutables. Et je ne parles pas de celui-ci précisément, The Avionist étant une référence parmi les sites anglophones. Vous savez Vark que vous êtes sur un site ouvert aux commentaires et non sur un forum de discussion. Nous n’avons aucune obligation d’accepter les liens en questions. 🙂

      1. Si je joins des liens de manière générale, c’est surtout que j’aime appuyer mon propos sur des sources que je trouve utile de partager à la communauté des lecteurs du site, parfois pour appuyer vos articles, parfois pour des photos d’illustration, parfois aussi pour faire contrepied.
        Après, tout est relatif -à mon sens- sur le côté discutable de certains sites, sur le net nous le savons bien ici, les communiqués et autres informations sont tous de plus en plus subjectifs et orientés ; donc plus on a de visions sur un même sujet, mieux c’est 🙂 . Et même si certaines peuvent être controversées, parfois un bon débat dans les commentaires, c’est plaisant.

        Mais pour cette affaire de liens, je comprends mieux du coup pourquoi certains de mes commentaires ne passent pas le cap de la modération. Enfin j’imagine qu’il s’agit de ça ?
        J’y veillerai à l’avenir.

        1. J’ai beau chercher, je ne comprends toujours pas l’intérêt intellectuel que vous avez à prendre un « contrepied » de nos articles. Mais bon sans doute suis-je trop obtus.

        2. Je n’y ai pas d’intérêt particulier, rassurez-vous Arnaud.
          Pour moi, commenter un article peut s’exprimer de maintes façons : approuver, agrémenter (c’était le cas sur celui-ci), mais également parfois nuancer ou corriger (ledit « contrepied ») les points de vue et informations que l’on y trouve, si mon avis diverge de celui du rédacteur.
          Ce faisant, il m’arrive ensuite d’appuyer mon commentaire de liens afin d’étayer et sourcer mon propos. Quitte à en débattre, ça n’est jamais un problème pour moi.
          Bref, ne vous formalisez pas pour si peu même s’il arrive que mon avis (ou celui d’autres) diverge de la ligne éditoriale du site, nous ne pouvons pas être d’accord 100% du temps, ça n’est pas pour autant que l’on ne se respecte pas !

  3. Certes les russes progressent mais comblent-ils leur retard? Rien n’est moins sur car on sait que l’Oncle Sam en a toujours sous le pied…

    1. En matière d’aérostructure ou de cellule, ils ont souvent été plus efficients – et robustes – que les productions occidentales. La motorisation reste toujours une faiblesse chronique (fiabilité des moteurs).
      En ce qui concerne les drones, les liaisons de données sont également un sujet délicat.
      On ne peut pas dire qu’ils vont combler le retard, en tout cas pas à moyen terme, d’autant que dans le secteur des munitions de précision, ils sont aussi plutôt en retard (hors missile de croisière).

    1. Si parles en comparaison aux missiles « invincibles » de la propagande Russe, il faut demander à Jean-Pierre Petit (lol!).
      Plus sérieusement, toutes dernières évolutions des missiles air-air modernes des « grandes nations » sont mach 4/mach 5, donc en limite de l’hypersonique.

  4. il y beaucoup d »‘antennes et de protubérances pour un appareil furtif.
    Mais, ce n’est que le début du programme.

    1. Tout à fait Guig2000, ainsi, comme je le disais plus haut (cf. lien photo), la tuyère du réacteur totalement à nu, non carénée, contrairement à ce que l’on peut observer sur les appareils de catégorie équivalente en Occident et même en Chine. Mais comme les Russes débutent en matière d’aile volante et de drone furtif, comme vous le dites, l’appareil a matière à évoluer.

      Parlant de réacteur justement, je me demandais si les drones furtifs US et notre Neuron étaient -hormis le carénage de sortie des gaz souvent aplati, également équipés de buses / grilles pour diluer les flux d’air chaud, à l’instar de ce qui se faisait sur les F-117 et B-2. Des infos ?

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