Retour sur les raids aériens menés par l’US Air Force contre les intérêts iraniens en Irak.

L’Amérique de Donald Trump a t-elle décidé de déclarer la guerre à l’Iran ? On est en droit de se le demander après les deux récentes opérations aériennes menées par l’US Air Force contre la présence militaire iranienne en Irak. Et la plus récente risque bien d’enflammer la poudrière proche-orientale avec la mort du général iranien Qassem Soleimani. D’ores et déjà les forces américaines dans la région sont placées en alerte maximale.

Ce dimanche 29 décembre 2019 des chasseurs-bombardiers McDonnell-Douglas F-15E Strike Eagle appartenant à l’US Air Force ont reçu pour mission de réaliser une série de frappes ciblées contre des positions ennemis en Irak et en Syrie. Jusque là rien d’inhabituel pour ces avions habitués à bombarder Daech. Sauf que dans ce cas précis il n’était nullement question d’attaque l’organisation djihadiste mais des centres appartenant aux brigades Kata’ib Hezbollah, une milice chiite iranienne combattant justement contre l’autoproclamé État Islamique.
La Kata’ib Hezbollah, ou KH, est considérée par l’administration Trump comme une organisation terroriste aux mains des services spéciaux iraniens. S’il est exacte qu’elle est totalement liée au régime de Téhéran la KH n’en demeure pas moins en Irak et en Syrie la principale composante de guerre chiite contre Daech. Ce sont donc des alliés objectifs des États-Unis dans la guerre contre l’organisation djihadiste.

Ce raid aérien avait été décidé par le Pentagone suite à une série d’accrochages et d’escarmouches attribuées à la KH contre les intérêts américains en Irak, avec comme point d’orgue l’attaque contre la base K1 à Kirkouk. Cette dernière survenue deux jours avant le raid des F-15E Strike Eagle avait causé la mort d’un militaire privé, employé d’un contractor américain.

Et donc ce raid aérien du 29 décembre 2019 aurait causé la mort de vingt-cinq combattants iraniens, dix-neuf en Irak et six en Syrie. Et déjà l’indignation avait commencé à se faire très lourdement sentir en Iran et en Irak.
En représailles les chiites irakiens avaient manifesté très violemment devant l’ambassade américaine de Bagdad. Son périmètre extérieur avait été incendié et les forces américaines implantées à l’intérieur pour sa sécurité avaient été obligées de réaliser des lancées de fumigènes et de gaz lacrymogène. Des grenades de désencerclement auraient également été tirées contre les manifestants irakiens. Et dans la soirée deux hélicoptères de combat McDonnell-Douglas AH-64D Apache de l’US Army sont venus faire une démonstration de force, larguant au passage des leurres thermiques au-dessus la foule massée face à l’enclave américaine.
À Washington Donald Trump a, avec son habituelle retenue, qualifié cela d’attaque contre l’Amérique.

On aurait pu croire alors que les gouvernements américains, irakiens, et iraniens auraient joué la désescalade. C’est mal connaitre les protagonistes en question. Et c’est de la Maison Blanche qu’est partie la nouvelle salve.

Ce vendredi 3 janvier 2020 au matin un convoi routier a été attaqué à l’intérieur même de l’aéroport international de Bagdad. À bord des automobiles se trouvaient plusieurs hauts dignitaires iraniens. On comptait ainsi le général Qassem Soleimani, représentant officiel de l’Iran en Irak, ou encore le commandant Abu Mehdi Al-Muhandis numéro 1 de la KH. Tous deux ont été tués dans l’attaque menée par un drone de combat américain.
Sur le modèle de ce dernier les sources divergent. Certaines parlent d’un General Atomics MQ-1C Gray Eagle appartenant à l’US Army tandis que d’autres avancent un MQ-9A Reaper de l’US Air Force. Par contre l’emploi du missile AGM-114 Hellfire comme munition pour la destruction des cibles ne semble faire aucun doute.

Dès lors que cette attaque aérienne a été connu ainsi que le bilan officiel de huit morts les forces iraniennes ont été placées en alerte maximale, ainsi que les forces américaines dans la région. Les condamnations diplomatiques contre les États-Unis pleuvent, seule Israël soutenant l’initiative de son allié. On attend désormais de savoir si l’escalade va se poursuivre ou si l’une des parties sera moins bête que les autres et privilégiera la diplomatie à la guerre.

Photo © US Air Force.

 


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 Responses

  1. Si guerre il y a, ça ne peut être qu’un conflit tiède, à base de blocage de détroits, d’attaques de pétroliers et d’actions semi-clandestines. On n’imagine pas une guerre frontale entre les deux puissances étant donnée la dissymétrie béante du rapport de force.

  2. Techniquement, si l’on s’en prend à une ambassade, c’est un acte de guerre, une invasion de l’Amérique……

  3. Depuis que Trump est élu il n’y a plus de novelle guerre, le complexe militaro-industriel U.S. doit être sur les dents….

  4. Que faisait un général Iranien des gardiens de la révolution en Irak avec un chef du Hezbollah, qui lui dirige la branche extérieure (invasion, propagande, intoxication et exécutions des opposants) comme le fait le groupe Wagner pour la Russie.

    Demain, l’Iran aura étendu son pouvoir sur tous les états de la région en dehors du Qatar ami de l’Iran et de l’Arabie Saoudite son ennemi juré, et recommencera ses actes terroristes comme lors de la gouvernance de Mitterrand dans les années 80 avec les attentats de Paris.

    1. Ce général iranien avait autant le droit d’être présent en Irak que les généraux américains. Après désolé mais je n’ai pas de boule de cristal, je ne peux pas dire avec autant de certitude que vous qu’il y aura des attentats. D’ailleurs personne en dehors de vous Clopinette ne peut le dire.

        1. Pouvez-vous explicitez cette réponse s’il vous plait Mohamaad ? Car là elle veut tout et rien dire, désolé.

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