L’hélicoptère de combat, un enjeu stratégique majeur au Maghreb.

Le rapport de force entre l’Algérie, le Maroc, et la Tunisie passe aussi par les voilures tournantes. Alors que les rumeurs autour de l’achat à venir d’AH-64E Guardian par le Maroc se font de plus en plus persistantes c’est l’Algérie qui dégaine en premier la planche à billets. Et comme à son habitude ce pays achète du matériel russe. En embuscade la petite aviation tunisienne qui elle-aussi est courtisée par les industriels américains.

Actuellement, sur le papier autant que dans les faits, il n’y a pas photo c’est l’Algérie qui domine !
Et ça se comprend quand on sait que le pays est passé entre 2012 et 2019 de 4.3 à 5.1% du produit intérieur brut alloué aux questions de défense. Selon plusieurs ONG le budget de la défense algérienne était l’an dernier de quinze milliards d’euros. Aucun chiffre officiel n’est accessible, la transparence atteignant vite ses limites dans ce pays.
Par comparaison au Maroc le rapport entre le PIB et le budget de la défense est de 3.1% pour environ 10 milliards d’euros, chiffre officiel de 2018. La Tunisie comme l’Algérie ne joue pas du tout la carte de la transparence puisque si son rapport au PIB est lui de 2.0% la somme allouée est inconnue. Là encore il faut faire confiance aux ONG (comme Human Right Watch installée aux USA) qui parlent d’environ 2.6 milliards d’euros. Clairement on n’est pas dans le même rapport mathématique entre les trois voisins du Maghreb.

Là où ces différences se voient donc le plus clairement c’est au niveau des hélicoptères de combat. L’Algérie vient de finaliser en ce mois d’avril 2020 une commande qui était dans les cartons depuis décembre dernier. À cette époque là l’état-major d’Alger avait placé une option d’achat autour de trente Mil Mi-28NE, sans doute la meilleure évolution du célèbre hélicoptères russe conçu à la fin de l’ère soviétique. L’Algérie possède déjà dix de ces appareils plus deux d’entraînement avancé. Avec un total à venir (à l’horizon 2023-2024) de quarante deux Havoc elle possèdera une avance très sérieuse sur ses deux voisins.
Sans compter bien sûr la trentaine de Mil Mi-24/Mi-35 récemment modernisée en Afrique du sud par le groupe Paramount.

Le toujours très impressionnant Mil Mi-28NE de facture russe.

À l’est pas grand-chose à craindre pour les Algériens car les Tunisiens ne possèdent aucun hélicoptère de combat, au strict sens du terme. Ils alignent pourtant depuis deux ans un total de vingt-quatre Bell OH-58D Kiowa Warrior rachetés de seconde main auprès de l’US Army. Avant livraison ils ont été révisé à zéro. Ils sont aptes notamment à l’emport et au tir du missile AGM-114 Hellfire, leur octroyant ainsi une capacité réelle de lutte antichar et anti-terroriste.

À l’ouest de l’Algérie ce n’est pas beaucoup mieux. Les Marocains n’alignent actuellement qu’une vingtaine d’Aérospatiale SA-342 Gazelle équipés pour l’antichar et l’appui-protection, avec entre autre le missile HOT. Pas de quoi rivaliser donc avec des Mi-24/Mi-35 et encore moins avec des Mi-28NE.

Sauf que le Maroc tout comme la Tunisie sont dans le collimateur du Pentagone. Washington aimerait bien inverser la tendance et faire du royaume chérifien une véritable puissance régionale. Marocains et Tunisiens pourraient bien, si on en croit les rumeurs qui existent depuis environ deux ans, disposer bientôt de facilités financières en matière de défense. L’idée des Américains est d’y placer leur hélicoptère de combat vedette : l’AH-64 Apache.
Pour les premiers il s’agirait d’AH-64E Guardian flambant neufs et pour les seconds d’AH-64D Longbow Apache de seconde main mais refaits à neuf.

Duo de Gazelle marocaines, reconnaissable à leur look désormais vintage.

Chacun l’aura sans doute compris : en coulisses c’est une guerre d’influence entre États-Unis et Russie qui se joue auprès de ces trois ex-colonies françaises. Moscou et Washington tirent les ficelles et jouent sur les antagonismes profonds qui existent entre ces trois pays du Maghreb.

Photos © Keypublishing.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Russes et Américains ont toujours fait la même chose dans ces régions. Pourquoi a-t-on « perdu » l’Algérie en 1962 ?. Le pétrole et le gaz à Hassi Messaoud, dans le Sahara, Ne cherchez pas plus loin.
    Le Maroc et la Tunisie n’étaient que des protectorats, et de plus avec très peu de pétrole.
    Donc, dans le monde, dites moi où il y a du pétrole, du gaz, suivez les gazoducs et les pipe lines, et je vous direz où il y aura des conflits.

    De ce fait, les marchands d’armes sont à l’affût. L’Algérie est un pays
    Riche, mais que pour quelques uns, près du pouvoir. La demagrophie est galopante et il y a beaucoup de chômage.

    Et puis c’est devenu une chasse gardée pour les Russes, bien placée sur la Méditerranée et en face de l’Europe.

    Il faut donc s’attendre qu’un jour ou l’autre il y aura des frictions entre voisins, comme cela à déjà le cas entre le Maroc et l’Algérie avec le front Polisario.
    De plus au sud de ces pays (Lybie comprise) circulent les jhiadistes d’Aqmi très facilement.
    Il suffit de regarder le Dessous des Cartes sur Arte, et ils vous expliqueront tout. C’est de la géopolitique tout simple.

    C

    1. Au moins le Maroc n’est pas dépendant à 90% du pétrole et du gaz pour ses exportations alors que l’Algérie oui. En ce moment avec un baril à 20$ ils sont entrain de faire les fonds de tiroirs pour tout financer. Le budget annuel de l’état algérien en basé sur un cours du pétrole à 60$ le baril.

    2. La situation de l’Algérie dans les années 1950/1960 est beaucoup + compliqué que le pétrole, assez mineur.
      C’est une question d’une colonie de peuplement établie en Algérie, dans le contexte de la fin de la 2nde guerre mondiale & de l’émancipation des peuples, dont une grande majorité n’était pas citoyens de plein droit, me semble-t-il jusque dans les années 1950.
      D’après les travaux historiques, le pétrole était trop léger pour une utilisation en France.
      D’ailleurs, la France était bien intéressée au Sahara, pour son site de test militaire et de fusées, et qui n’a été cédé qu’en 1967.

      Votre adage est aussi trop simpliste. L’Arabie Saoudite, le Qatar sont en paix depuis longtemps, bien qu’ayant des frictions due à leur politique de puissance. La Norvège & l’Écosse sont des havres de paix.
      Mais il faut la gestion de ressources n’est pas simple, et attire les intérêts des puissance et d’entreprises. Il y a plus souvent de la corruption et du détournement que des conflits, surtout pour des états faibles ou autoritaires.

  2. Le OH-58D avec les missiles hellfire les paniers 70mm et la M134 est un helicopetre d’attaque tout a fait respectable .

    1. Sauf que le Bell OH-58D Kiowa Warrior n’a jamais été un hélicoptère de combat. Au mieux c’est un (très bon) hélicoptère de reconnaissance armée.

  3. Reconnaissance armée d’accord, meme si je trouve que les APKWSA et Hellifire represente une force de frappe importante meilleure que les gazelle que vous classez comme helicopere d’attaque.

    1. La Gazelle si elle est dotée d’un radar Viviane et de missiles HOT est un hélicoptère antichar, pas un hélicoptère d’attaque. Les mots ont un sens. 😉

  4. Un helicopetere de qualité en service aussi en Tunisie .

    Pour finir je vous felicite pour vos articles, un lecteur de Tunisie, bonne continuation .

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