L’État traîne t-il des pieds avec Airbus Helicopters ?

Il y a souvent une grosse différence entre les annonces officielles et la réalité industrielle, employés et actionnaires de l’hélicoptériste européen s’en sont rendu compte. Neuf mois après l’annonce du plan de relance de 15 milliards d’euros pour la filière aéronautique Airbus Helicopters n’a reçu aucune concrétisation des «commandes» de l’État. La France s’était alors pourtant engagée à acquérir vingt nouvelles machines pour le compte du ministère des Armées et du ministère de l’Intérieur. Un dossier brûlant qui ressort alors même que le pays va poursuivre son reconfinement partiel dans quelques heures.

Et chose étonnante ce n’est pas un média aéronautique ou un journal d’investigation qui soulève le lièvre mais la presse quotidienne régionale, en l’objet le très sérieux La Provence. Le journal méridional révèle que madame Françoise Dumas, députée du Gard et surtout présidente de la puissante commission parlementaire de la défense nationale et des forces armées, a hier rencontré monsieur Bruno Even. Pour mémoire ce dernier est le directeur exécutif d’Airbus Helicopters. Tous deux ont forcément échangé sur ce souci autour des vingt machines promises par l’État et dont la commande n’a toujours pas été notifiée. Du côté de Paris on renvoie la balle vers Bercy, parlant d’arbitrages financiers. C’est en France un élément de langage assez fréquent dans ce genre de dossier.
Outre un nouveau fossé entre le Parlement et le gouvernement cette affaire montre toutes les limites des effets d’annonce.

Car ces vingt hélicoptères ne sont pas superflus pour les ministères des Armées et de l’Intérieur. Ils sont même extrêmement nécessaires au rajeunissement des arsenaux aériens. Il s’agit de trois modèles d’appareils différends : huit H225M Caracal destinés à l’Armée de l’Air et de l’Espace et devant assurer le remplacement d’une grosse partie des vieux SA.330B Puma encore en dotation, de dix H160 pour la Gendarmerie Nationale dont le rôle ici est de succéder aux plus anciens des AS.350B Écureuil, et enfin deux H145 pour la Sécurité Civile afin de renforcer l’actuelle flotte des Dragons.

La décision d’acquisition des dix H160 pour les forces de l’ordre avait alors fait couler pas mal d’encre, plusieurs médias spécialisés soulignant que l’hélicoptère n’avait pas été pensé pour cela. Si on excepte sa future version armée H160M Guépard le nouveau biturbine d’Airbus Helicopters vise actuellement beaucoup plus les marchés de l’affaire et du transport off-shore que le parapublique. Pourtant les gendarmes attendent désormais de pied ferme ces machines. Seront t-ils déçu ? La balle est désormais dans le camp de ministère des Finances.
Espérons juste que sur ce coup là l’hélicoptériste ne sera pas le dindon de la farce.
Affaire donc à suivre.

Photo © Airbus Helicopters.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. C’est vrai que le H160 pafait surdimensionné pour les besoins de la gendarmerie. Le H145 leur suffit amplement.

  2. Arbitrage financier : en langage vulgaire , de la part de Bercy : je t’ai déjà donné assez d’argent et je suis à sec, de la part des ministères, oui mais nous avons fait des promesses et des élections arrivent . Maintenant il est possible que la vente des rafales à la Grèce fassent aussi partie de l’arbitrage …

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