La RNZAF se sépare de ses Lockheed P-3 Orion.

Pour eux pas question d’avoir la retraite à 64 ans, c’est à 55 ans qu’ils vont quitter le service actif. Ce mardi 31 janvier 2023 les trois derniers Lockheed P-3K Orion néo-zélandais laisseront définitivement la place aux deux premiers Boeing P-8A Poseidon dans la mission de patrouille maritime. Ainsi se terminera une aventure commencée à l’automne 1967 et qui aura vu ces avions évoluer au fur et à mesure du 20e puis du 21e siècle. Pour mémoire il s’agit là des seuls véritables avions d’arme de la RNZAF, cette aviation militaire ayant tourné le dos à l’aviation de chasse en octobre 2001.

C’est en effet en novembre 1967 que les deux premiers Lockheed P-3K Orion sont entrés en service dans la Royal New Zealand Air Force. Commandés deux ans auparavant à hauteur de cinq exemplaires ils étaient du même standard que les P-3B de l’US Navy mais intégrait une avionique en partie britannique. La Nouvelle-Zélande demeure un pays farouchement attaché à la Couronne et au Commonwealth, y compris dans ses équipements militaires.
Ces deux premiers Lockheed P-3K Orion permirent alors à la patmar néo-zélandaise de demeurer compétitive dans le Pacifique assurant le remplacement des Short Sunderland MR Mk-5 hérités de la Seconde Guerre mondiale. Ces vieux hydravions à coque commençaient à peiner à repérer les sous-marins soviétiques opérant dans le Pacifique.
À l’époque l’avion américain emporta le marché sur son seul véritable concurrent, le Breguet Br 1150 Atlantic un temps pressenti par les Néo-Zélandais. Ces derniers rejetèrent par contre très vite le Hawker-Siddeley Nimrod MR Mk-1 britannique car le programme de développement n’était alors que balbutiant.

Permettant des missions longue durée dans un environnement plus sécure que le vieux Sunderland MR Mk-5 le P-3K Orion apporta aussi une nouvelle gamme d’armement aux hommes du N°5 Squadron de la Royal New Zealand Air Force. Les bouées acoustiques et les charges de profondeur firent leur apparition, de nouvelles torpilles aux standard internationaux de l’OTAN remplacèrent celles datant de 1944.
En 1983 un sixième avion fut acheté, de seconde main, auprès de la Royal Australian Air Force. Livré comme P-3C Orion Update II cet avion amena à une modernisation progressive des cinq autres pour les porter au même niveau. On parla alors de P-3K-1. Désormais les Orion néo-zélandais pouvaient emporter et tirer le missile antinavire AGM-84 Harpoon à hauteur de maximum quatre exemplaires. Vingt-deux ans plus tard le P-3K-2 fit son apparition avec là encore son train d’améliorations, principalement au niveau de l’avionique et des communications. Un FLIR semi-rétractable fit son apparition. Les turbopropulseurs furent déposés et remplacés par des exemplaires identiques mais neufs.

Et c’est justement ce standard P-3K-2 qui se prépare à tirer sa révérence. L’un d’eux devrait être préservé dans un musée aéronautique de Wellington mais les deux autres seront mis en vente. On parle notamment d’un contractor américain qui souhaiterait en faire des avions bombardiers d’eau.
Affaire donc à suivre.

Quoiqu’il en soit cinquante cinq ans de carrière c’est beau pour un avion d’arme. À bien des égards le Lockheed P-3 Orion a su se hisser au niveau de mètre étalon dans son domaine.
Pas sur que le Boeing P-8 Poseidon ou un quelconque autre avion actuel ou futur ne réussisse à en faire autant.
Ah oui petit détail intéressant, le K dans P-3K signifie Kiwi du nom de l’oiseau emblématique du pays présent dans la cocarde de la RNZAF.

Photos © RNZAF.