Le Brésil engage la future succession du C-95 Bandeirante.

C’est un des avions emblématiques de l’aventure technologique de l’aéronautique brésilienne. L’Embraer EMB-110 Bandeirante a permis à l’avionneur de se faire un nom et d’expérimenter la construction en grande série ainsi que les marchés militaires. Sauf qu’en ce début d’année 2023 la question de son retrait du service au sein de la Força Aérea Brasileira se pose officiellement. Et il se pourrait bien que son remplaçant ne soit pas de conception et d’assemblage local.

Cinquante ans après son entrée en service actif celui que les militaires brésiliens appellent C-95 Bandeirante vole encore à hauteur de quarante-cinq exemplaires au sein de la Força Aérea Brasileira. Deux versions sont actuellement en dotation, le C-95B de transport mixte pour fret léger et passagers et le C-95C de transport de personnels uniquement. Tous deux ont été modernisés à la fin des années 1990 et son donc désormais connus comme Embraer C-95BM et C-95CM. Ces avions volent quotidiennement, principalement à l’intérieur du territoire brésilien ou bien vers les pays frontaliers.

Or le général Marcelo Kanitz Damasceno, chef d’état-major de la Força Aérea Brasileira, a décidé récemment de privilégier le remplacement de ces petits bimoteurs de transport léger. Et d’ailleurs il s’en est entretenu ce vendredi 20 janvier 2023 avec son nouveau ministre de tutelle, monsieur José Múcio, et surtout avec le président nouvellement réélu, monsieur Luiz Inácio Lula Da Silva. Ces deux derniers semblent être tombés d’accord avec le général brésilien sur l’utilité de remplacer les C-95BM et C-95CM Bandeirante. Cependant ils sont en désaccord sur la manière de réaliser ce remplacement.

En effet Damasceno privilégie la commande directe d’une quarantaine d’ultramodernes Cessna 408 SkyCourrier tandis que Múcio et Lula préfèrent s’orienter vers un appel d’offres avec compétition internationale. Celle-ci serait par exemple ouverte au Viking Air Twin Otter 400 canadien, à l’IAe N-219 Nurtanio indonésien, ou encore à l’Antonov An-38-100 ukrainien. En fait les deux décideurs politiques font surtout les choses de manière à ouvrir le marché au Desaer ATL-100 lusitano-brésilien actuellement en cours de développement.
Cette compétition marque aussi un virage certain de la part d’Embraer, absent des challengers, car ne possédant plus de tel avion dans son catalogue. La montée de gamme de l’avionneur brésilien lui joue donc des tours, notamment sur le marché militaire d’entrée de gamme.

Le choix par l’état-major brésilien du Cessna 408 SkyCourrier peut surprendre puisque cet avion n’est en rien une machine militaire. Il ne sert qu’au sein de compagnies aériennes spécialisés dans le transport de fret, avec comme client porte-étendard FedEx. En fait il faut se souvenir que la Força Aérea Brasileira vole déjà sur trente Cessna 208 Caravan localement appelés C-98A et dédiés aux transports légers et à l’entraînement des parachutistes. Un avion très apprécié des équipages et mécanos locaux.

La Força Aérea Braseileira veut aller vite tandis que le pouvoir politique du président Lula veut temporiser les choses afin de permettre le début des essais en vols du Desaer ATL-100, prévu pour l’été prochain. L’ère Bolsonaro étant révolue il semble que les militaires soient obligés de réapprendre à travailler avec des dirigeants politiques qui ne leur sont pas totalement acquis.
Affaire donc à suivre.

Photos © Força Aérea Brasileira.