An-148 et Il-78 russes interceptés par une patrouille de chasse anglo-allemande.

À peine les avions de combat de la Luftwaffe et de la Royal Air Force sont-ils arrivés sur le flanc orientale de l’Europe qu’ils ont déjà eu maille à partir avec les aéronefs de la fédération de Russie. Ce mardi 14 mars 2023 deux Eurofighter EF-2000 Typhoon ont été mis en alerte afin d’aller identifier et accompagner un avion inconnu prenant le cap de l’enclave de Kaliningrad. Particularité notable l’un était allemand et le second britannique. Au cours de la mission ils ont également eu à intercepter un second avion, bien plus imposant celui-ci.

Ce cliché permet de voir la différence de configuration d’armements air-air entre EF-2000 Typhoon allemands et britanniques.

Pour la première fois la mission de l’OTAN de protection des états baltes est menée par un mandat double, réunissant donc des EF-2000 Typhoon allemands et britanniques. Une vision assez innovante qui est permise par le fait que les forces aériennes des deux pays alignent le même type de chasseurs et par celui d’une même exigence dans le professionnalisme des personnels, à la fois dans les cockpits aussi bien qu’autour des avions.
Ironie de l’histoire c’est au deuxième jour de leur mission que les pilotes ont été obligé de décoller en alerte depuis leur base estonienne d’Ämari.

L’espace aérien souverain de l’Estonie était alors mis en péril par un avion ayant quitté celui de la fédération de Russie et opérant sans plan de vol et avec le transpondeur sans doute en panne. À moins bien sûr qu’il n’ait été éteint avant quelques minutes plus tôt. L’avion en question évoluait en vitesse subsonique en direction de l’enclave de Kaliningrad, oblast russe surmilitarisé et coincé au beau milieu de l’Union Européenne.
Guidés jusqu’à lui les deux chasseurs de l’OTAN ont alors découvert un avion finalement assez rare puisqu’il s’agissait d’un des quinze Antonov An-148 d’origine ukrainienne en service dans les rangs russes depuis 2010. Ils furent acquis à une époque où la Russie de Vladimir Poutine ne menaçait pas encore l’intégrité et la souveraineté de l’Ukraine. On sait que cela a désormais bien changé !

Il est rare qu’un Antonov An-148 russe soit aussi clairement observé en mission.

Le biréacteur porteur des marquages russes a été éloigné de l’espace aérien estonien qu’il n’avait pas violé mais avec les limites duquel il flirtait allègrement. Les pilotes de la chasse alliée sont demeurés à bonne distance de lui, afin d’éviter tout incident. Un professionnalisme que ne partagent généralement pas leurs homologues russes, comme l’incident du MQ-9 Reaper de l’US Air Force le matin même en Mer Noire en atteste. Les deux EF-2000 Typhoon ont rompu la formation avec l’An-148 à quelques kilomètres seulement de l’espace aérien de l’oblast de Kaliningrad.

Alors qu’ils prenaient le chemin du retour les deux chasseurs ont été redirigé vers une seconde interception exactement dans les mêmes conditions. Pour des raisons de sécurité les avions allemands et britanniques ont été obligé de se ravitailler sur un Airbus DS Voyager KC.2 appartenant lui aussi à la RAF. Une fois le plein fait les chasseurs ont rejoint l’avion inconnu qui lui aussi volait en subsonique en direction de l’enclave russe.
Il s’agissait cette fois d’un avion bien plus connu des pilotes alliés : un ravitailleur en vol Ilyushin Il-78 Midas porteur des marques russes et évoluant lui aussi au plus près des limites des espaces aériens baltes. Là encore les deux chasseurs l’ont encerclé et accompagné afin d’éviter qu’il ne s’approche trop près de là où il n’avait pas le droit d’aller.

De manière assez surprenante les transpondeurs de l’Antonov An-148 et de l’Ilyushin Il-78 Midas se sont rallumés comme par magie une fois l’entrée dans l’espace aérien de Kaliningrad. Les pannes c’est parfois très étrange, même avec de la technologie de pointe. Enfin si on croit encore à la fois aux pannes de transpondeurs et à la magie.

L’Ilyushin Il-78 intercepté par la patrouille anglo-allemande.

On peut dire que la Russie a su, sur ce coup là, soigner l’arrivée de la mission anglo-allemande en lui offrant cette double interception en cadeau. Pas sûr cependant que les officiers de la Luftwaffe et ceux de la Royal Air Force aient vraiment apprécié cette petite attention. Pour les prochaines semaines ils auront à cœur de protéger les espaces aériens estoniens et lettons, et ainsi de démontrer au Kremlin qu’ils ne sont pas là pour la parade.

Photos © OTAN


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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