Au bowling quand vous faites tomber toutes les quilles d’un seul coup on appelle cela un strike. C’est exactement ce qui semble se profiler pour les mois à venir entre Lima et l’avionneur américain Lockheed-Martin. Depuis le rapprochement initié à l’automne dernier par l’US Air Force elle-même la Fuerza Aérea del Peru s’oriente de plus en plus vers le chasseur multi-rôle F-16V Viper afin de remplacer ses avions d’origine soviétique achetés auprès de la Biélorussie et de la Russie. Pour mémoire le Pérou a commencé à tourner le dos à Moscou et à son vassal après l’invasion de l’Ukraine souveraine en février 2022.
Outre la déroute militaire sur le terrain c’est donc également de plus en plus une défaite diplomatique pour Vladimir Poutine qui avec le Pérou perd un partenaire de premier plan en Amérique du Sud. Et de ce fait c’est un gain très fort pour Joe Biden, et donc pour les entreprises américaines du secteur défense. Lockheed-Martin arrive en tête de celles-ci.
S’il n’est nullement question de faire entrer la Fuerza Aérea del Peru dans le très prisé club du F-35A Lightning II celui grandissant du F-16V Viper est totalement taillé pour elle. Et depuis l’automne dernier le nom de la dernière évolution en date du légendaire F-16 Fighting Falcon est sur toutes les lèvres à Lima mais également à Washington DC. La diplomatie américaine n’a de cesse de jouer les entremetteurs entre Lockheed-Martin et la diplomatie péruvienne. Pour les militaires péruviens le F-16V Viper est l’avion idéal dans l’optique de remplacer leurs avions de combat d’origine ex-soviétique. Mikoyan MiG-29 Fulcrum et Sukhoi Su-25 Frogfoot sont donc désormais dans le collimateur du chasseur américain. La vingtaine de vieux avions d’appui tactique Cessna A-37 Dragonfly semble également sur la scelette.
Par contre il ne semble pas que les douze Dassault Aviation Mirage 2000P/DP d’origine française aient des soucis à se faire, étant toujours considérés localement comme les meilleurs avions de défense aérienne. Sauf que des Mirage 2000 vieux de près de 40 ans vont très vite avoir l’air obsolètes face à des F-16V Viper flambant neufs.
Pourquoi parler de strike dans ce cas, même si le marché des F-16V Viper auprès du Pérou semble désormais tourner autour de vingt à trente machines ? Parce que de plus en plus la Fuerza Aérea del Peru tourne autour de deux autres machines estampillées Lockheed-Martin. Le premier est l’avion de transport tactique C-130J/J-30 Super Hercules et le second est l’hélicoptère de transport d’assaut S-70I Blackhawk développé par Sikorsky et construit par PZL Mielec. Il s’agit là de deux branches du géant américain.
Et justement afin de renforcer les liens entre la Fuerza Aérea del Peru et le quadrimoteur à turbopropulseurs de Lockheed-Martin un accord de défense a été signé ce vendredi 9 juin 2023 avec la West Virginia Air National Guard. Celle-ci, par le biais de son 130th Airlift Wing, opère justement sur C-130J Super Hercules. Les équipages et mécanos péruviens vont pouvoir approcher la bête de très près.
Lors de ce même accord les officiers péruviens présents aux États-Unis se sont faits présentés par les personnels de la West Virginia National Guard, et plus précisément du 2-104th General Support Aviation Battalion, le tout nouveau Sikorsky HH-60M Blackhawk d’évacuation sanitaire et de recherches/sauvetages au combat entré en service l’an dernier dans leurs rangs. Cet hélicoptère est très proche dans sa définition de la version S-70I Blackhawk qui intéresse les militaires sud-américains.
Si ces derniers ne remplaceront en fait aucun hélicoptère mais viendraient plutôt combler un vide dans l’arsenal péruvien il en est tout autrement des C-130J/J-30 Super Hercules. Ils pourraient parfaitement remplacer les trois Lockheed L-100 Hercules (dont celui vu en couverture d’article) ainsi que les vieillissants Antonov An-32 Cline ex-soviétiques.
Avions de combat multi-rôles F-16V Viper, avions de transport tactique C-130J/J-30 Super Hercules, et hélicoptères de transport d’assaut S-70I Blackhawk : ce qui se profile entre la Fuerza Aérea del Peru et Lockheed-Martin ressemble furieusement à un strike. Si on en croit les médias locaux un premier contrat pourrait être signé au cours de l’année prochaine, et d’autres en 2025.
Affaire donc à suivre.
Photo © Fuerza Aérea del Peru.
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