Le F-16V Viper, coup de poker ou coup de maître ?

La question que doivent se poser bon nombre d’ingénieurs américains de chez Lockheed-Martin aujourd’hui est de savoir comment donner un successeur crédible au prodigieux F-16 Fighting Falcon ? L’une des réponses apportée récemment par l’avionneur est le surprenant F-16V Viper capable à lui tout-seul de remplacer tous les modèles précédents en rajeunissant non seulement l’avionique mais aussi le système d’arme. Seulement voilà ce faux nouvel avion ne risque t-il pas d’empêcher certains renouvellement de flottes ? L’avenir seul nous le dira.

Lorsqu’il a réalisé son premier vol le 16 octobre dernier le F-16V Viper portait tous les espoirs de Lockheed-Martin en ce qui concerne la modernisation et la préservation des conditions opérationnelles de l’avion initialement conçu par General Dynamics. En fait ce programme a été lancé à la demande de la Republic Of China Air Force qui cherchait à l’horizon 2011 comment moderniser ses 145 F-16A et B, de première génération.

Le programme du F-16V Viper a aussi été lancé car les dirigeants de Lockheed-Martin savaient pertinemment qu’ils ne pourraient pas vendre leurs F-35A Lightning II à tous les utilisateurs actuels du Fighting Falcon. Or les récents retards accusés par l’avion de combat de nouvelle génération risquent bien de jouer en faveur du F-16V, ce qui serait industriellement parlant une catastrophe pour l’avionneur. Car comment alors expliquer qu’on est capable de produire celui qui sur le papier est l’avion de combat le plus abouti du moment sans pourtant réussir à la livrer dans les temps ? Le F-16V et ses capacités annoncées vertigineuses pourraient même conduire à des annulations de contrats concernant le F-35.

La nouvelle version du F-16 serait donc la victoire de la débrouille et du retrofit sur la recherche et le développement. Mais Lockheed-Martin ne serait alors pas le seul à craindre du succès de son Viper. Dassault et Eurofighter, avec respectivement bien sûr leurs Rafale et EF2000 pourraient aussi en subir les conséquences. À la manière de la créature de Frankenstein cette nouvelle machine va t-elle finalement se retourner contre son créateur ?

Il faut dire que sur le papier le F-16V Viper a tout pour plaire avec son radar à antenne active AN/APG-83 capable de traiter aussi bien des cibles en mode air-air, que air-sol, voire air-surface. Ce nouveau radar peut, dit-on au Pentagone, même repérer les sources de brouillages… radar. Un outil de guerre électronique monté sur un avion de combat dont la conception remonte à près de 45 ans.

Son système d’arme aussi est pleinement revu. S’il conserve toutes ses capacités de combat initialement installées il acquière désormais, grâce à l’AN/APG-83, une capacité omnirôle réduite certes mais bien réelle faisant de lui une sorte de « mini-Rafale ».

D’ores et déjà l’Indonésie a annoncé son intérêt pour cet avion afin de moderniser ses F-16A et B Block 15, mais aussi l’US Navy pour sa quarantaine de F-16N jouant le rôle d’Agressors. Deux candidats au rajeunissement qui permettrait de pérenniser la chaîne de transformation de ce Viper.

Quoiqu’il en soit le Viper pourrait bien devenir dans les années qui viennent un concurrent avec lequel il faudra compter. Une solution à bas coût qui pourrait donner des idées à Dassault vis à vis de ses nombreux Mirage F1 et Mirage 2000 volant de par le monde, des avions contemporains du Fighting Falcon.

Photo © Lockheed-Martin.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Comme les anglophones disent, cette nouvelle version d’un avion déjà légendaire sera certainement un «Game Changer». C’est l’avionneur suédois SAAB qui doit être également inquiet…

  2. Intéressant.
    Mais à part le radar, il y a quoi de neuf ?
    Nouvelle avionique, nouvelle liaison, nouveaux détecteurs (radars et missiles, tous secteurs), optronique IR, nouveaux armements…
    C’est tout-à-fait possible pour l’industrie us, mais là ils doublent le F-16V : un futur F-16 W ?
    Vous avez raison quant aux 2000 modernisables, mais sans doute pas par Dassault, fixé sur le Rafale, mais plus par les autres industriels français (Thales, Safran…), à l’image de ce qu’ils viennent de faire au Maroc avec l’intelligente modernisation du F-1 !
    D’ailleurs à part le Gabon, je ne vois pas d’autre pays l’utilisant ?

  3. Oui comme Xav520 : j’avais en tête les f1 marocains et aussi les 2000 indiens . on peut aussi penser aux 2000-9 émiratis bientôt sur le marché de l’occasion (j’espère !).

  4. C’était à prévoir.

    L’on se rend compte que les appareils de cinquième génération tant vantés depuis deux décennies ne sont pas aussi porteurs à la vente et adaptés aux menaces actuelles que prévu, particulièrement en ces temps de disette budgétaire…
    Le 4+ (ou ++) a le vente en poupe, tout comme l’idée de faire du neuf avec du vieux et à un coût moindre (à l’instar du Wildcat, CH53K ou C130J qui sont en production) semble une idée en vogue, et les avions de d’armes n’y coupent pas. Le F15 Silent Eagle ainsi qu’une version améliorée du F18E avec CFT et containers furtifs d’armement avaient été dévoilés il y a quelques temps de ça.
    Pour Dassault je ne pense pas à de tels projets, en effet, et certains l’ont fait remarquer, l’entreprise est résolument tournée vers le Rafale et son carnet de commandes qui s’étoffe, cependant une modernisation avionique / système d’armes / motorisation pourrait être un sacré bon coup pour Thalès / MBDA et consors vu la quantité non négligeable de Mirage 2000 en service. Mais le 2000 reste potentiellement moins porteur que le F16, c’est indéniable en terme de chiffres.
    En tout cas si le cas des appareils d’origine française peut porter à réflexion, peu ou prou l’on peut gager que tous les appareils emblématiques US de la fin des années 80 sont (ou seront) concernés à court terme, et l’on comprend aisément pourquoi.

    Le rôle même des appareils est revu au réalisme, plus nécessairement à l’ambitieux ; une cellule classique et largement éprouvée (qui plus est dans le monde entier) mais dotée d’un système d’armes dernier cri (senseurs et armement) s’avère dans les faits tout à fait adaptée et compétitive, et donc peut être considérée par beaucoup de pays comme plus raisonnable qu’un appareil high-tech. En effet, ces appareils refondus ont des arguments financiers de poids :

    – les prix unitaires des appareils originaux / de nouvelle génération qui ne cessent de grimper, faute aux coûts de développement faramineux, c’est incomparable en terme de coûts avec la modernisation ou refonte de cellules existantes où l’on ne touche que certains aspects « critiques » de l’appareil.

    – les infrastructures, pièces / accessoires et personnel de maintenance, formation du personnel naviguant, et sous-traitants qui doivent s’adapter à un tout nouvel appareil, encore une fois ceci est moins impacté lorsque l’appareil est existant. Hangars / échelles / pneus / servocommandes / écrous / qualités de vol / physionomie du cockpit / panneaux d’entretien / bidons supplémentaires et une myriade d’autres choses, concrètement il y peu de variations que le F16 soit en version A-MLU, CJ block 52, Sufa, ou même V dans le cas présent.

    – interopérabilité supérieure avec les alliés disposant d’appareils du même type (et ils sont nombreux).

    – moins chers à l’achat, on peut acheter plus d’appareils pour un budget donné, et comme le disait en son temps le camarade Staline : la quantité est en elle-même une qualité. Comme votre article le dit à juste titre, tous les utilisateurs du F16 ne pourront se tourner vers le F35 , or même chez les partenaires du consortium F35 la grogne monte et les commandes fermes sont à la baisse. L’accent étant mis sur le réalisme comme je le disais précédemment, et comme force est de constater que les armées de l’air rechignent à voir leurs flottes se réduire comme peau de chagrin, il n’est pas illusoire de penser que certaines pourraient raisonnablement opter pour moderniser leurs flottes existantes plutôt que les réduire au profit d’appareils nouveaux.

    – même s’ils pensent avant tout à l’export avec le F16V, il n’aura pas échappé à Lockheed-Martin que les centaines d’exemplaires en service dans l’USAF sont potentiellement upgradables ; en ces temps troublés, avec les retards du F35, et sans parler des élections présidentielles avec son cortège de potentielles promesses budgétaires, c’est une bombe anti-crevaison providentielle qu’ils pourraient fournir à l’administration US.

    Coup de maître ou de poker l’avenir nous le dira ; je pense que ce n’est en tout cas pas un coup du hasard que cette énième mouture du F16 voie le jour, et qu’effectivement certains appareils originaux de génération 4/4+/4++ dans la même tranche de prix ont du souci à se faire. Le F16 a été le premier vrai coup de « globalisation » planétaire dans le domaine de l’aviation de combat, nul doute que Lockheed Martin pense qu’en rajoutant une couche de glaçage sur le gâteau, ce dernier pourra être de nouveau alléchant pour une partie des enfants, si j’ose pousser la métaphore ^^.

  5. Je ne vois pas ce qu’il y a de déconnant la dedans.

    Les américains sont pragmatiques…

    En cas de gros partage en sucette il faut pouvoir produire vite, beaucoup et relativement qualitativement.

    Que ce soit le Viper, le Silent Eagle ou le F18 je ne sais plus quoi. Eux pourrons très certainement être produits en nombre suffisant et à beaucoup moins cher pour remplacer d’éventuelles pertes au contraire des F22 et F35 (qu’on attend toujours d’ailleurs, ou pas…)

    Et les trois appareils nommés ci dessus pourrait en faire chier plus d’un…

  6. Aujourd’hui en 2018 le logiciel basé sur le calcul de la balance commerciale, les retombées financières sur l’industrie de défense pour sa R&D tombent dans une logique schizophrène car nous vendons à ceux qui, nonobstant, sont les plus riches clients des complexes militaro-industriels occidentaux mais qui ourdissent via leur influence géopolitique « morbide », un salafisme wahhabite politique guerrier dont la cible n’est autre que ce que nous représentons ! Danger d’armer nos futurs ennemis…

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