Diplomatiquement autant que militairement c’est forcément un grand ouf de soulagement pour la Fuerza Aérea Argentina. Les autorités américaines actuelles ne cachent plus leur volonté d’autoriser l’exportation vers l’Argentine de trente-huit chasseurs General Dynamics F-16MLU Fighting Falcon en provenance de la Flyvevåbnet. En faisant cela les Américains sauvent littéralement la chasse argentine qui actuellement ne repose que sur quelques Lockheed-Martin A-4AR Fightinghawk assez peu adaptés, dérivés du vénérable Douglas A-4 Skyhawk. Reste que la décision de l’administration Biden risque de mettre en colère l’allié britannique.
Outre les trente F-16MLU monoplaces et les huit biplaces danois le contrat porte également sur des Lockheed P-3N Orion ex-norvégiens. Des avions sensés permettre de relancer la patrouille maritime dans ce pays sud-américain. En fait depuis plusieurs mois la diplomatie américaine joue le jeu de l’Argentine, de crainte que celle-ci ne change d’allégeance et se retourne vers la Chine. Pékin pourrait en effet dégainer le chasseur multi-rôle Chengdu / PAC JF-17 Thunder en lieu et place des F-16MLU. L’Inde de son côté entend faire de l’Argentine son galop d’essais pour l’exportation de son chasseur léger indigène HAL Tejas, face à la concurrence sino-pakistanaise. Deux avions concurrents directs du F-16MLU, ce que Washington DC ne peut accepter. Surtout les JF-17 et Tejas sont des appareils neufs tandis que le Fighting Falcon est de seconde main rétrofitée.
Et c’est justement par ce biais que la diplomatie américaine devrait faire passer la pilule à son homologue britannique. Éviter des succès au consortium Chengdu / PAC et à l’avionneur HAL parle forcément à Londres. Rappelons cependant que depuis 1982 et l’invasion argentine de l’archipel des Malouines les Britanniques ont placé ce pays sud-américain sous un puissant et hermétique embargo. De nombreux alliés de la Couronne s’y sont résolu également, dont les États-Unis et la France. La donne semble de plus en plus changer, quarante ans après la fin de ce conflit expansionniste. Joe Biden joue donc la carte du renouveau et de l’apaisement tout en s’assurant la fidélité de l’Argentine, un territoire ô combien stratégique en Atlantique sud et dans l’Antarctique.
Une fois le feu vert américain officialisé, annoncé pour début à mi-septembre, le Danemark aura un an pour finaliser le contrat avec l’Argentine. Il est estimé, pour mémoire, à 330 millions de dollars US. L’armement et les pièces détachées sont comprises.
Affaire donc à suivre.
Photo © Flyvevåbnet.
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10 Responses
Perso, et pour remercier nos amis anglais pour AUKUS, j’aurais aimé que l’on propose à l’Argentine un escadron de Rafale à prix coûtant…
Le problème de propriété industrielle sur les sièges Martin Baker auraient pu se régler directement avec la firme par une compensation financière, et cela nous aurait certainement attiré le respect du gouvernement anglais, qui nous a considéré comme un paillasson avec l’Australie. En experts des relations internationales qu’ils sont, ils ne respectent que ceux qui peuvent leur nuire. (Aucun jugement moral, juste une appréciation normale des réalités du monde).
Et puis, entre des Rafale et des vieux F16 MLU, pas de comparaison possible.
Sauf que l’Argentine est un très mauvais payeur. Ses moyens financiers ne lui auraient jamais permis d’acheter des Rafale, même pas de seconde main.
justement, concernant ces fameux sièges Martin Baker, n’existe-t-il pas une version française comme siège éjectable ? ma question peut sembler absurde , mais cela serait profitable à l’exportation , non ?
Je ne sais pas si la France fabrique des sièges éjectables comme le Martin-Baker, mais les Etats-Unis fabriquent leurs propres sièges nommés NACES avec le même principe que les Martin Baker mais sans l’obligation de demander aux Anglais si l’exportation est faisable ou non.
En effet la France a recours aux sièges éjectables Martin-Baker.
C’est quand même bizarre cet éventuel rachat de F-16 danois par les Argentins. Il me semblait que ces appareils comme leurs homologues belges, néerlandais et norvégiens étaient arrivés au bout de leur potentiel de vol. C’est pourquoi ces pays ont tous renouvelé leurs flottes avec le F-35 qui qu’ont l’aime ou pas, est le successeur du F-16. C’est comme racheté une bagnole qui a déjà plus de 100000 km au compteur. OK, elle ne sera pas cher, mais elle ne durera pas longtemps et risquera fort de vite accumuler des coûteuses avaries …
En plus, c’est autant de F-16 en moins pour l’Ukraine qui en a énormément besoin et de façon immédiate. Il était question de constituer un club F-16 de pays donateur comme il y a eu un club Leopard 2 pour les chars d’assaut …
Sauf que les argentins n’ont pas un rond donc hormis des avions en fin de vie qui voleront ou pas cf. Les super étendards français, ils ne peuvent rien acheter d’autres. Même les F16 danois, pas sûr qu’ils puissent les payer.
Les premiers F-16 n’arriveront pas en Ukraine avant l’été 2024.
Pour l’Angleterre, mieux vaut que l’Argentine achète des F-16 MLU, dont l’acheminement de pièces et armements peuvent être contrôlé voir suspendu si besoin, plutôt qu’ils se tournent vers la Chine qui continueraient de fournir le nécessaire et dont tout moyen de pression échappe à l’Angleterre.
Bonsoir,
Jusqu’à présent les anglais n’ont JAMAIS laissé les argentins acheter quoi que ce soit qui contienne une pièce anglaise.
On va voir la capacité des US a tordre le bras des anglais pour qu’ils cèdent (si les f-16 sont équipés de ces fameux sièges Martin Baker).
Affaire à suivre.