Premier vol du Turkish Aerospace Industries TF Kaan.

Encore (trop) souvent appelé TF-X il est un des marqueurs de l’évolution technologique de la Turquie en matière d’industrie aéronautique. En à peine onze toutes petites minutes de vol le pilote d’essais Barbaros Demirbas est entré dans l’histoire de l’aviation en réalisant le vol inaugural du premier chasseur conçu et assemblé en Turquie. De génération 4.5 le TF Kaan représente à la fois l’avenir de Turkish Aerospace Industries autant que de la Türk Hava Kuvvetleri qui le mettra en œuvre avant la fin de la décennie. Désormais la phase des essais en vol a débuté.

Très honnêtement ce n’est pas la vol inaugural le plus long de l’Histoire de l’aviation. Moins rapide cependant que celui du F-16 Fighting Falcon voici 50 ans il n’en demeure pas moins que le pilote d’essais maison de TAI a littéralement expédié ce premier vol. Onze minutes c’est très rapide, sachant que la moyenne pour un aéronef de ce genre oscille plutôt entre 40 et 60 minutes. Pour autant les ingénieurs turcs ne doivent pas bouder leur plaisir car c’est là l’aboutissement de longues années de recherches et de développements. La Turquie entre désormais dans la cour des grands en matière d’aéronautique.

Et si ces onze minutes de premier vol n’ont à priori permis de mettre en lumière aucun défaut majeur ce prototype du TAI TF Kaan doit maintenant attaquer la partie la plus difficile de sa jeune existence : les essais en vol ! Les pilotes de Turkish Aerospace Industries et ceux de la Türk Hava Kuvvetleri ne vont lui faire aucun cadeau. Ils doivent vérifier que l’avion est apte à l’horizon 2028-2029 d’entrer en service opérationnel comme avion de combat dernier cri. Dans même temps ils doivent s’assurer que le TF Kaan sera apte à affronter la concurrence d’avionneurs comme Airbus DS, Dassault Aviation, Korean Aerospace Industries, Lockheed-Martin, ou encore Sukhoi. Et là la concurrence s’annonce féroce.

Moins d’un an après le premier vol de l’ambitieux Hürjet ce mardi 20 février 2024 est donc à marquer d’une pierre blanche pour Turkish Aerospace Industries. Ses détracteurs disent de lui qu’il n’a rien d’extraordinaire et qu’il ressemble à ses concurrents américains, russes, ou encore sud coréens. Et ils ont raison sur la forme mais tort sur le fond. Car le TF Kaan démontre par A+B que la Turquie a su s’affranchir des difficultés pour proposer un avion apparemment compétitif et visiblement dans l’air du temps. Un avion sur lequel nous reviendrons à coup sûr.

Affaire donc à suivre.

Photo © Turkish Aerospace Industries.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

12 réponses

  1. Bonjour.
    Toutes les aventures aéronautiques ont commencé par un premier petit vol. Félicitations à l’industrie turque. Bel oiseau. Maintenant, comme l’a écrit Arnaud, le plus difficile va effectivement commencer pour ce petit nouveau : les essais en vol. Et ce ne serait pas si grave s’il y a un problème grave, voire un écrasement, au cours de ces essais, à partir du moment évidemment où n’y aurait pas de victimes. En effet, il ne me semble pas qu’il y ait eu beaucoup de programmes d’avions de combat (même récents, et qu’ils soient occidentaux, russes, chinois, indiens….) où au moins un exemplaire d’essai n’a pas eu d’accident.

    Par contre, je suis étonné par la grande surface ventrale plate que présente le Kaan. Du moins, sur cette photo, sa superficie me parait plus grande que d’habitude. Vu les formes générales de l’avion qui vont dans le sens de la furtivité (je trouve d’ailleurs qu’il fait un mélange esthétiquement réussi entre les lignes du F22 et celles du F35), j’ai l’impression que cette caractéristique ne va pas dans ce sens. Une grande surface plate ne réfléchit-elle pas un peu plus les ondes radar que des surfaces plus petites et plus anguleuses (pour justement casser lesdites ondes) ? Je ne suis évidemment pas expert. Aussi, si quelqu’un peut éclairer ma lanterne sur ce point, y compris si je me trompe, j’en serai ravi et reconnaissant.
    Bien à vous tous.

    1. Ce qui compte le plus pour la furtivité c’est le secteur avant des avions et un peu moins les cotés.
      Le dessous de l’avion réfléchira les ondes quand ce dernier sera pas loin de la verticale du radar, trop tard.

    2. La technologie des facettes anguleuses a eu son heure de gloire avec le F-117. De nos jours, les avionneurs font une utilisation généreuse des matériaux absorbant les ondes radar (RAM), leur permettant de réaliser des avions moins anguleux, donc plus aérodynamiques. Le F-22 et le F-35 présentent également de grandes surfaces planes. Pour revenir au sujet de l’article, c’est une grande étape que l’industrie aéronautique turque est en train de franchir.

    3. La « platitude » renvoie les ondes vers la source seulement en cas de perpendicularité (ou presque). Le ventre d’un avion est rarement dans une situation où cela arrive, contrairement aux dérives et fuselage.
      La même situation prévaut pour les intrados des ailes…

      A l’heure actuelle (liaisons de plus en plus fréquentes entre radars permettant de recomposer une localisation à partir d’une source et de récepteurs séparés), la furtivité est plus une question de diminution de l’écho (absorption/diffusion) que de redirection.

      En ce qui concerne ce nouvel oiseau, je me demande si la « furtivité » annoncée n’est pas qu’un effet de l’esthétique (lignes stylisées comme les chasseurs furtifs, antennes noyées, …), plus qu’une réelle efficacité furtive.
      Par exemple l’entrée d’air sans « divertless » utilise un piège de couche limite qui est connu comme un potentiel amplificateur de retour d’ondes (c’est un des défauts du F22 mais les recherches à l’époque n’étaient pas assez avancées pour s’en passer, contrairement au F35, tandis que le YF23 utilisait un système d’aspiration de couche limite à la place)

  2. Les prototypes sont équipés de moteurs américains, le chemin est encore long car le développement d’un réacteur local n’a pas encore franchement débuté, même avec l’aide de RR (il faut une décennie pour les leaders mondiaux qui profitent de leur expérience).

  3. Une petite remarque sur l’aérodynamique
    Les entrées d’air possèdent des pièges à couche limite, style F-22 (ancienne techno) mais pas de bosses comme sur le F-35 (techno récente), ce qui signifie que le traitement de la SER se fait par des matériaux absorbants que par la géométrie elle-même

  4. Hello,

    De ce que j’ai lu des médias étrangers ainsi que locaux, cet avion est de 5eme génération et non 4.5.

    Il se situerait au dessus du F-35 et en dessous du F-22. Belle prouesse de l’aviation turque. A suivre les prochaines années.

    1. Jusqu’à preuve du contraire il est de génération 4.5 comme le KF-21, et sa supériorité face au Lightning II est un élément de langage de la Turquie.

      1. Le KF-21 est de génération 4.5 car dans les prototypes réalisés il n’y a pas encore de soute interne pour dissimuler les armes. Mais sur le prototype du TF KAAN elles y sont déjà présentes.

        1. C’est sur pièce que l’on jugera le chasseur turc. C’est à dire une fois sa campagne d’essais achevée. Vous ne croyez pas ?

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