L’accident du Bell 212 présidentiel iranien au cœur de nombreuses interrogations.

Entre légitimes questionnements et inévitables théories fumeuses des complotistes le crash d’avant-hier ne cesse d’interroger les spécialistes et passionnés d’aéronautique. Que s’est-il réellement passé pour que le biturbine Bell 212 Twin Two-Twelve qui transportait notamment Ebrahim Raïssi se soit écrasé à proximité de la frontière azéri-iranienne ? Accident ou acte délibéré visant à assassiner un chef d’état connu pour son exercice très violent du pouvoir ? Ce qui surprend notamment c’est quand on sait que Téhéran a demandé, par la voie diplomatique, l’aide de Washington DC dans l’enquête.

Sur les faits en eux même l’hélicoptère revenait du site d’un barrage situé en Azerbaïdjan et financé en partie par l’Iran. À son bord outre le dirigeant iranien se trouvait le gouverneur de la province iranienne frontalière, le ministre des affaires étrangères, et un imam. Un pilote et un copilote étaient aux commandes tandis que trois personnels de sécurité les accompagnaient. Les neuf personnes sont mortes dans l’écrasement de l’hélicoptère biturbine. Au moment de l’accident l’appareil volait en formation serré avec deux modèles similaires transportant le reste des officiers de sécurité ainsi que les cabinets. Eux ne se sont pas écrasés

La thèse la plus probable actuellement retenu par la majorité des experts aéronautique est l’accident dû à la conjugaison d’une erreur de pilotage et d’une météo exécrable. D’épais bancs de brouillards recouvraient toute la région rendant la visibilité particulièrement mauvaise. En outre la région est montagneuse, rendant l’arrivée des secours délicats. L’hypothèse d’une collision aviaire est également retenue, pouvant expliquer pourquoi l’hélicoptère présidentiel s’est écrasé et pas les deux autres à proximité.

L’US Department of State, en charge de la diplomatie américaine, a reconnu publiquement avoir reçu une demande officielle d’aide de la République islamique d’Iran. C’est assez inédit puisque les deux pays sont en état de guerre froide depuis 1979 et l’arrivée au pouvoir des ayatollahs. Cependant l’administration Biden n’a pas approfondi la question, se bornant à déclarer qu’elle avait assisté les Iraniens dans la mesure de ses possibilités. Plusieurs sources américaines et françaises cependant insistent sur le fait que cet aide aurait permis de clairement localiser l’épave de l’hélicoptère sous l’épaisse couche nuageuse. On pense alors forcément à de l’imagerie spatiale par satellite.

La mort du dirigeant iranien Ebrahim Raïssi n’a pas vraiment été salué par des messages de condoléances très francs de la part de nombreux pays. Certes le dictateur russe Vladimir Poutine a rendu hommage à son homologue tout comme le président chinois mais beaucoup de pays se sont contentés du strict minimum. Il faut dire qu’à bien des égards Raïssi était détesté en dehors de son pays pour sa gestion ultraviolente de la société iranienne. Sous son mandat les répressions violentes et les mises à mort de jeunes femmes refusant le port obligatoire du voile islamique se sont multipliées. La célèbre ONG Amesty International avait même lancé une campagne visant à le faire inculper de crime contre l’humanité lors de la triste et célèbre vague d’exécutions  de prisonniers politiques entre l’été et automne 1988. Raïssi la pilotait alors pour le compte des ayatollahs.

Cette détestation autant que la situation très tendue des relations israélo-iraniennes depuis les lâches attentats perpétrés le 7 octobre 2023 par le groupe terroriste Hamas expliquent sans doute que de nombreux complotistes ont vu dans ce crash la patte de l’état hébreu. C’est évidemment ridicule. Et comme ce dernier n’a jamais tué personne les aficionados de la Terre plate et des chemtrails s’en sont donnés à cœur joie. La théorie la plus répandue est celle d’un missile sol-air tiré depuis Israël afin d’abattre l’hélicoptère présidentiel iranien. Le fait qu’aucune arme de ce genre n’ait une telle portée n’a même pas effleuré nos chers neuneus comploplots ! D’autres ont souligné que cela aurait pu être le fait d’un raid de Lockheed-Martin F-35I Adir tirant leurs missiles air-air directement sur le Bell 212 Twin Two-Twelve en question. Là encore le fait que les équipages des deux hélicoptères d’accompagnement aient indiqué un crash et non un impact avec un missile air-air n’a même pas traversé leur esprit. Rappelons en outre que n’importe quel hélicoptère de transport de hautes personnalités dans le monde dispose forcément d’un RWR, un système d’alerte radar permettant de prévenir de l’illumination d’un aéronef par un chasseur ennemi pour une DCA. Bon après ce sont des complotistes on ne peut pas trop leur en demandé, l’aéronautique ce n’est pas leur domaine, depuis quelques années on le savait !

Ce qui par contre a légitimement interrogé de nombreuses personnes c’est sur le fait que l’hélicoptère iranien en question provienne du «grand Satan», les États-Unis. En fait les Bell 212 ont été achetés du temps où Téhéran et Washington DC étaient culs et chemises, avant la révolution islamique. Le Shah d’Iran avait alors fait massivement l’acquisition d’aéronefs américains comme le Bell 206 Jet Ranger, le Grumman F-14A Tomcat, le Lockheed C-130B/E Hercules, ou encore le Northrop F-5A/B Freedom Fighter. Après sa chute les ayatollahs ont conservé ces matériels et les bricolent pour les maintenir en état de vol. Le Bell 212 Twin Two-Twelve accidenté avant-hier en est la preuve par l’image.

Toujours est-il donc que cet accident risque de susciter encore pas mal d’interrogation. Et à la manière de la dictature russe le régime des ayatollahs n’est pas connu pour sa transparence. Du coup pas sûr que l’on sache tôt ou tard la réalité sur ce drame qui a coûté la vie à neuf personnes. Il s’agit d’ailleurs de l’un des écrasements les plus meurtriers dans l’histoire du Bell 212.

Photo © agence Tasnim

NDLR : Nous sommes navrés pour la faible qualité de la photo d’illustration, il s’agit de la seule disponible actuellement de l’hélicoptère accidenté. Elle provient d’une source officielle iranienne, d’où sans doute son relatif floutage.