Colombie, Corée du Sud, Israël : ça va mieux pour le Boeing KC-46 Pegasus.

Et si 2025 était finalement une moins mauvaise année pour l’avion-citerne de facture américaine ? Depuis plusieurs années le Boeing KC-46 Pegasus se prend tannée sur tannée par l’Airbus Defence A330 MRTT. Aussi quand Israël annonce une nouvelle commande et que la Colombie et la Corée du Sud déclarent s’intéresser à lui c’est plutôt un joli revirement. D’autant qu’il y a quelques semaines il a perdu un contrat juteux avec l’Italie.

Il y a quelques jours l’US Air Force annonçait fièrement avoir perçu son 95e exemplaire de ce ravitailleur en vol de dernière génération. On parle d’un centième livrable avant le 31 décembre prochain. Pourtant c’est là l’arbre qui cache la forêt car le Boeing KC-46 Pegasus est un avion qui ne se vend pas bien du tout. Plus petit et nettement moins polyvalent que son concurrent européen il ne doit ses exportations actuelles qu’à deux pays inféodés aux constructeurs américains : Israël et le Japon. Si du côté de l’empire nippon c’est encore silence radio sur d’éventuels nouvelle commande, même si sept à neuf exemplaires supplémentaires seraient en pourparlers depuis l’an dernier, c’est du côté de l’état hébreu qu’il faut chercher la bonne nouvelle.

Ce mercredi 20 août 2025 en fin de journée le ministère israélien de la défense a fait savoir qu’il allait commander deux KC-46A Pegasus supplémentaires. Ils s’ajouteront donc aux quatre en commandes depuis trois ans et dont le premier est attendu en début d’année prochaine. Aucun doute que les relations privilégiées entre Benyamin Nethanyaou et Donald Trump accéléreront la procédure de validation de la commande par l’administration fédérale américaine. Le premier ministre israélien est un des rares véritables alliés (indéfectibles) du président américain.

Et cette seconde moitié d’été 2025 deux pays semblent clairement s’intéresser à lui. On parle ici de la Colombie et de la Corée du Sud. La première cherche depuis plusieurs semaines à augmenter sensiblement sa capacité de ravitaillement en vol qui se résument à un seul et unique avion de ligne Boeing 767-300 racheté de seconde main et modifié en Israël. Il est localement appelé MMTT. À bien des égards selon les Colombiens deux ou trois KC-46 Pegasus permettrait de gagner en allonge pour leurs chasseurs actuels et futurs.

Le cas de la Corée du Sud est plus complexe, plus diplomatique et politique aussi. En effet elle utilise actuellement quatre Airbus Military A330 MRTT qu’elle juge insuffisant. C’est pourquoi elle a lancé en juin dernier une série de concertations autour de la possibilité de passer une nouvelle commande. On parle de quatre avions-citernes supplémentaires. Sauf que la folie trumpienne autour des surtaxations douanières est passée par là et afin de calmer un peu Washington DC il se dit que Séoul pourrait tourner le dos à l’avionneur européen afin de commander quatre Boeing KC-46 Pegasus. Sa Republic Of Korea Air Force deviendrait alors la première aviation militaire au 21e siècle à faire voler les deux avions ravitailleurs antagonistes. Autant dire un cauchemar en terme de gestion des stocks et d’entretien avionique et mécanique. À moins bien sûr que la ROKAF aille au bout de sa logique et retire du service ses quatre A330 MRTT en choisissant non plus de commander quatre mais huit KC-46. Pas de doute que les avions européens trouveraient rapidement preneurs.

Cependant rien n’est encore fait. En tous cas pas en Corée du Sud puisqu’il faut se souvenir que voici dix ans le même Boeing KC-46 Pegasus avait été refusé par la même ROKAF suite à essais comparatifs. La pression diplomatique américaine n’avait alors pas eu raison des excellentes qualités de l’avion européen. On verra ce qu’il en sera dans les prochaines semaines.

Affaire à suivre.

Photo © US Air Force