Le Dassault Aviation Rafale intéresse la République de Chine.

Après le Lockheed-Martin F-16V Viper voilà que la Republic Of China Air Force chercherait à acquérir le fleuron français. C’est le PDG du groupe Dassault, Eric Trappier lui-même, qui a lancé la petite phrase devant des parlementaires suspendus à ses lèvres : Taïwan veut le Rafale F4 ! Désormais la balle est dans le camp des décideurs institutionnels français qui devront choisir entre les deux Chine, car clairement l’avion de combat français effraie Pékin. Et si la République Populaire de Chine se retrouvait finalement cernée par lui ?

Depuis plusieurs semaines maintenant Pékin n’a de cesse de mener une guerre de désinformation à l’encontre du Rafale, renforcée en cela par ses vassaux comme le Pakistan et plusieurs pays africains. Ceux-ci n’hésitent pas à mentir à la communauté internationale autour des supposées pertes indiennes lors de cette (très mal ficelée) opération Sindoor qui a fait couler tant d’encre. C’était en mai dernier. Jusque là nous pensions que seule l’Inde était visée, elle qui vient officiellement de se dire intéresser par une méga commande de Rafale. Désormais la Chine va devoir batailler contre un autre utilisateur du Rafale, ou plutôt un hypothétique futur opérateur : Taïwan.

Pour mémoire que ce soit Taïwan ou la Chine continentale il s’agit dans les deux cas de la Chine. Sur l’île de Formose c’est donc la République de Chine, régime démocratique ouvert vers l’Amérique du Nord et l’Europe. Sur le continent c’est la République Populaire de Chine, régime dictatorial post-marxiste et expansionniste. La deuxième rêve d’envahir la première. Une revisite de David et Goliath mais à la manière chinoise. Et ce coup ci David a peu de chances de l’emporter.

C’est pourquoi la République de Chine, ou donc Taïwan, revoit actuellement à la hausse l’équipement de son aviation de chasse. Après avoir choisi de moderniser ses General Dynamics F-16 Fighting Falcon au standard F-16V elle entend désormais remplacer ses actuels Dassault Aviation Mirage 2000-5EI/-5DI acquis au début des années 1990. À l’époque soixante chasseurs français à aile delta avaient été acheté, cinquante-deux sont aujourd’hui encore en dotation et assurent une grosse partie des missions d’interception. Sauf que face aux avions de combat les plus récents en dotation dans l’aviation de la Chine communiste ils ne sont plus aussi efficaces qu’avant ! Et pour les Taïwanais, comme pour les Egyptiens ou pour les Grecs avant eux, le successeur naturel du Mirage 2000 c’est le Rafale. Ça n’a rien d’illogique puisqu’il a été pensé ainsi.

L’annonce (qui honnêtement a fait l’effet d’une mini bombe) d’Eric Trappier n’avait rien d’anodine. L’homme d’affaires répondait à la députée socialiste de l’Isère Marie-Noëlle Battistel, vice-présidente de la commission des Affaires Économiques de l’Assemblée Nationale et présidente du groupe d’études sur Taïwan, qui l’interrogeait sur les questions de fournitures de pièces détachées des dits Mirage 2000-5EI/-5DI. Celles-ci seraient depuis quelques mois en légère baisse mais, selon Eric Trappier elles auraient toujours lieu à un bon rythme. Rappelons que le Mirage 2000 n’est plus en production depuis dix-huit ans.

Reste désormais à savoir si la diplomatie française réussira à engager les pourparlers en vue d’une nouvelle vente à l’export du Rafale F4 avec un pays qui risque à tout instant de se retrouver envahi et annexer par la première puissance économique mondiale, deuxième puissance militaire. Emmanuel Macron et son (nouveau) premier ministre Sébastien Lecornu vont t-ils engager un tel bras de fer avec Xi Jinping ?

En fait la particularité de cette volonté taïwanaise d’acquérir le Dassault Aviation Rafale F4 c’est qu’elle n’est liée à aucune compétition. Les généraux de la Republic Of China Air Force savent pertinemment qu’ils n’ont aucune chance d’acquérir le Lockheed-Martin F-35A Lightning II car Donald Trump n’aura jamais le courage d’autoriser sa vente à un état qui risquerait de l’engager directement contre les forces de Pékin. Et les autres avions du marché ne les intéressent pas. Pour remplacer le Mirage 2000 ce sera donc le Rafale ou bien en cas de refus de la France de le vendre ce sera sans doute plus de F-16V Viper !

Affaire à suivre.

Photos © Armée de l’Air et de l’Espace