Les « nouveaux » F-16 Fighting Falcon argentins inquiètent les îliens des Malouines.

Outre-Manche les relations diplomatiques avec l’Argentine ne se sont guère arrangées depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, et cela se ressent dans l’archipel des Malouines. Que ce soit sur la Malouine Orientale autant que sur la Grande Malouines, les deux principales îles, les sujets de Sa Majesté connaissent un regain d’anxiété. La cause est le début des livraisons de chasseur multi-rôles General Dynamics F-16AM/BM Fighting Falcon au sein de la Fuerza Aérea Argentina. Certains craignent de revivre le cauchemar de 1982, et notamment les bombardements de l’aviation ennemie ainsi que les exactions sur les populations civiles.

Sans vouloir lui manquer de respect l’Argentine est revancharde de sa défaite militaires au Malouines voici quarante-trois ans. Elle ne l’a toujours pas digéré ! Il suffit de voir sa communication officielle l’an dernier autour des chasseurs de facture française Mirage IIIEA pourtant retirés du service depuis plusieurs années. La Fuerza Aérea Argentina vit dans l’idée qu’elle pourra revenir aux Malouines et que ses troupes s’y installeront définitivement. La communication des militaires à ce sujet est une mécanique bien huilée depuis quatre décennie.

Factuellement l’Argentine a bien été souveraine aux Malouines. Mais uniquement de 1816 à 1833 et jamais avec des populations présentes, uniquement une garnison. Les civils qui vivaient sur place étaient des descendants de colons français, britanniques, et espagnols arrivés entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Le terme de Malouines vient d’ailleurs de Malouin, les habitants de la ville bretonne de Saint-Malo. Les Britanniques eux disent d’ailleurs Falklands. Et aujourd’hui aux Malouines on compte environ 3600 âmes plus une petite présence militaire articulée autour de trois chasseurs biréacteurs Eurofighter Typhoon FGR.4. La Royal Air Force déploie également assez régulièrement un avion de transport militaire.

Sur le papier cela suffit largement à défendre l’archipel contre d’éventuelles velléités argentines de revenir en découdre. Pourtant la communication à outrance du gouvernement Milei sur la livraison la semaine dernière de six chasseurs F-16MLU Fighting Falcon ex danois, sur un total de vingt-quatre commandés, a réveillé bien des angoisses chez les îliens britanniques d’Atlantique Sud. Au point que des élus londoniens sont montés au créneau pour faire de la pédagogie.

Là encore sur le papier les près de 500 kilomètres qui séparent l’Argentine des Malouines pourraient être avalés par ces «nouveaux» avions de combat. Cela obligerait pourtant la Fuerza Aérea Argentina a engagé ses deux uniques avions-citernes. Il s’agit de Lockheed KC-130H Hercules dont la modernisation a été repoussée depuis longtemps aux calendes grecques. Et puis un raid aérien sur un archipel revendiqué n’a de sens que si on y fait débarquer des troupes ou qu’on les parachute depuis des avions-cargos. Avec quatre Lockheed C-130H Hercules et un L-100-30 on ne peut pas dire que l’Argentine brille par ses moyens de projection de forces et ce ne sont pas les cinq pauvres Saab 340 qui ajouteront de la plus-value.

Quand au débarquement c’est une autre histoire. L’Armada de la República Argentina est encore plus famélique que la Fuerza Aérea Argentina. Son seul bâtiment adapté aux opération amphibie est l’ancien cargo ARA Bahía San Blas, survivant de la guerre de 1982. Ses capacités de guerre maritime se limitent aux trois destroyers légers de la classe Almirante Brown et à la demi-douzaine de corvettes de la classe Espora. Les destroyers argentins sont plus légers que les frégates françaises de classe La Fayette. Face à la Royal Navy et à ses destroyers de Type 45 ils seraient littéralement balayés, sans compter la présence quasi assurée de sous-marins d’attaque de classe Astute.

Même s’ils présentent bien les « nouveaux » F-16MLU argentins accusent déjà le poids des ans.

Le sentiment de peur ressenti par les îliens des Malouines est donc parfaitement légitime mais assez inutile. Leurs Typhoon FGR.4 ne feraient qu’une bouchée de ces vieux F-16MLU. Rappelons que le chasseur britannique standard dispose d’une capacité de tir BVR dont ne peuvent que rêver les Argentins. Et leurs Lockheed-Martin A-4AR Fighting Hawk bricolés à partir de Douglas A-4M Skyhawk vieux de plus de 50 ans n’aideront pas les F-16.
M’est d’avis que si les Dambusters de la RAF venaient à rejoindre l’archipel avec leurs F-35B Lightning II cela finirait de rassurer les sujets de Sa Majesté.

Affaire à suivre.

Photos © Fuerza Aérea Argentina


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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