La guerre menée par l’Ukraine contre l’envahisseur russe a remis sur le devant de la scène un avion qui était en totale perte de vitesse sur la scène médiatique en raison de son progressif remplacement par le Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Le General Dynamics F-16MLU Fighting Falcon fait en effet son grand retour ! Sauf que ces trois lettres laissent perplexes plus d’un aérophile, d’autant que parfois les avions en question sont appelés également F-16AM et F-16BM. Cet article a pour vocation de mieux vous aider à appréhender tout cela.
Ce n’est pas faire outrage aux autres avions de 4e génération que de dire que le F-16 Fighting Falcon les domine totalement… sur le plan commercial. C’est un des avions de facture américaine les mieux vendus de l’histoire de l’aviation, au même titre qu’un Republic F-84F Thunderstreak / F-84G Thunderjet ou qu’un North American F-86A Sabre / F-86D Sabre Dog durant la guerre froide. En fait c’est l’Europe plus encore que l’US Air Force qui le couronna comme roi des avions de combat de son époque. En éliminant successivement les Northrop YF-17 Cobra et Saab J37E Viggen puis enfin le Dassault Mirage F1E auprès de la Belgique, du Danemark, de la Norvège et des Pays-Bas le chasseur léger américain entre dans l’Histoire. On appela cela le «marché du siècle». Une expression qui fut par la suite galvaudée.
Or ce sont justement ces avions vendus à ces quatre pays européens qui se retrouvent aujourd’hui au cœur des négociations avec l’Ukraine. Pourtant quand ils firent leur apparition dans les arsenaux belges, danois, néerlandais, et norvégiens il n’était nullement question de parler de F-16MLU. Et pour cause. Quand General Dynamics livre ses avions ils sont au standard Block 15, la première évolution du Block 10 d’origine dédiée à l’US Air Force. On parle alors de F-16A pour les monoplaces et de F-16B pour les biplaces. Au regard de l’évolution technologique de cette fin des années 1970 ces chasseurs sont au top niveau, surtout pour affronter l’ennemi alors (déjà) à l’est. L’apparition quelques années plus tard des premiers F-16C/D Block 25 avec leur radar tous temps AN/APG-68 en lieu et place de l’AN/APG-66(V)2 puis du F-16C/D Block 30/32 et sa capacité d’emport et de tir du missile air-air AIM-120 AMRAAM vont susciter l’émoi chez les client du «marché du siècle». Belges et Norvégiens vont officiellement se sentir floués. La solution passe alors par le F-16A/B Block 20 imaginé par General Dynamics. Il s’agit en fait de moderniser, de rétrofiter comme on dit en langage industriel, les F-16A/B Block 15 à un standard équivalent aux F-16C/D de l’époque, les Block 25 et Block 30/32. Les quatre pays européens adhèrent à l’idée, d’autant plus facilement que l’avionneur américain propose qu’une grosse partie du programme soit réalisé in-situ chez SABCA en Belgique, déjà responsable de l’entretien des avions belges et néerlandais.
Afin de bien distinguer les Block 20 des autres F-16A/B vendus dans le monde, donc hors «marché du siècle», les négociateurs de General Dynamics ont l’idée de créer le programme MLU, pour Mid-Life Update. En français cela indique donc que la conversion des Block 15 au Block 20 représente une modernisation à mi-vie pour des avions qui accusent alors globalement entre 15 et 20 ans d’ancienneté. Une fois sorties des ateliers de la SABCA les Fighting Falcon prennent les désignations internes de F-16AM et F-16BM. Le «M» en question signifiant Modernized et non MLU. Belges, Danois, Néerlandais, et Norvégiens vont donc petit à petit accepter au service leurs F-16AM/BM tandis que par des facilités de langage les médias et spécialistes appelleront de plus en plus fréquemment ces avions des F-16MLU.
Quand les premiers Lockheed-Martin F-35A Lightning II ont fait leur apparition en Norvège beaucoup se sont rendus compte du potentiel de seconde vie des General Dynamics F-16MLU Fighting Falcon en service dans ces quatre pays. En fait dès le milieu des années 1990 le programme MLU a su s’exporter. Le Portugal avait racheté des F-16A/B de seconde main afin de remplacer ses vieux Vought A-7P Corsair II et de redynamiser sa chasse. Il avait exigé qu’ils soient placés au standard F-16AM/F-16BM au même titre que les clients du «marché du siècle».
La Norvège a donc proposé ses F-16MLU à la revente sur le marché d’occasion. Une aubaine pour la Roumanie qui put ainsi occidentaliser sa chasse et la passer aux standards de l’OTAN.
Si récemment les Belges ont choisi de ne pas réexporter vers l’Ukraine leurs propres F-16MLU d’autres en revanche, Danois et Néerlandais pour ne pas les citer, le feront. Dès lors que les armuriers, mécanos, et pilotes ukrainiens auront été formés sur cet avion si différent de ce qu’ils connaissent chez eux. Il est à signaler que l’Argentine aussi s’intéresse de très près à ces avions de combat ayant encore un fort potentiel.
Voilà désormais vous en savez un peu plus sur le F-16MLU et sur ses différences réelles avec les autres F-16A/B et les F-16C/D. Quand au Lockheed-Martin F-16V Viper c’est une autre histoire, et là vous devrez attendre quelques semaines que sa fiche prenne forme et soit publiée dans la partie encyclopédique de notre site.
Photos © Composante Air & Koninklijke Luchmacht.
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6 Responses
C’est plutot intelligent comme article car des fois j’avoue avoir un peu pataugé aussi entre MLU et F-16AM.
Merci Arnaud.
Bonjour,
Merci pour cette information !
Merci pour cet article accessible et précis
Être accessible et précis c’est notre rôle et l’essence même de ce site. Heureux qu’il plaise.
Moi le général Moussa je refuse la vente de ces F16 MLU à l’Ukraine. Vous français vous livrer des avions pour la guerre contre la grande Russie je refuse ça je l’interdit à votre président Macron.
mais bien sur ca bien se passer.. les messieurs en blanc vont venir vous chercher