Vendredi dernier, un hélicoptère MBB-Kawasaki BK117 de Airmedic s’est écrasé avec cinq personnes à bord lors d’une évacuation médicale au départ de Natashquan. Pour ceux peu familiers avec la géographie du Québec, Natashquan se situe à plus de 1 000 kilomètres à vol d’oiseau au nord-est de Montréal. Ce pittoresque village, qui fait face à l’immensité du Golfe du Saint-Laurent, ne compte qu’environ 265 habitants. Son nom résonne toutefois bien au-delà de la Minganie dû à la célébrité de son plus illustre fils: le chanteur, poète et conteur Gilles Vigneault.

La Sûreté du Québec a été alertée de l’accident vers 22:30 vendredi. L’hélicoptère qui transportait quatre membres d’équipage et un passager, a sombré dans le lac Watshishou. Réputé auprès de pêcheurs comme le royaume des Ouananiches géantes (le saumon d’eau douce du Québec), ce lac fait une vingtaine de kilomètres de long et certaines fosses y atteignent près de 50 mètres de profondeur. Uniquement accessible en hydravion, l’isolement de ce lac complique les opérations de recherche et de sauvetage lancées dès l’alerte.
L’Aviation royale canadienne a rapidement dépêché sur les lieux un avion de recherche CC-130H Hercules ainsi qu’un hélicoptère CH-149 Cormorant. Mais ce sont les policiers de la Sûreté du Québec (SQ) qui ont rapidement secouru le seul survivant qui a réussi à s’extirper de l’appareil avant celui-ci ne sombre dans le lac. Il ne souffre d’aucune blessure grave, mais on se doute bien de son désarroi face à la perte de ses collègues et de la patiente sous leurs soins. Il est à noter que bien que la flotte d’avions de recherche CC-295 Kingfisher soit déjà opérationnelle sur la côte ouest canadienne, ce n’est pas encore le cas sur la côte Atlantique.
Lundi dernier, le corps de l’un des membres de l’équipage de l’hélicoptère disparu a été récupéré par une équipe de plongeurs de la SQ. Mais l’épave de l’appareil, ainsi que les trois autres personnes manquantes, n’ont pas encore été localisées. La SQ travaille actuellement d’arrache pied pour retrouver les disparus. Un drone sous-marin est notamment déployé pour investiguer une masse détectée dans le fond du lac. Il est trop tôt pour spéculer sur les circonstances de ce drame. La météo était clémente au moment de l’accident. Erreur de pilotage ou avarie mécanique ? Immatriculé C-GDGP, l’hélicoptère était l’un des plus vieux de la flotte de Airmedic, ayant sorti d’usine en 1990. Depuis le début de son existence en 2012, Airmedic avait un bilan de sécurité exemplaire, ne déplorant qu’une sortie de piste mineure d’un de ses avions Pilatus PC-12 en 2022. Le Bureau de la sécurité des transports du Canada a déjà lancé une enquête pour élucider les causes du drame actuel. La récupération de l’épave de l’hélicoptère, lorsqu’elle sera localisée, sera sûrement une opération compliquée par l’isolement du lac Watshishou.

Par respect pour les familles des disparus, et de son personnel ébranlé, Airmedic a provisoirement suspendu ses opérations aériennes. Un tel arrêt ne pourra durer bien longtemps car les communautés éloignées des grands centres ont besoin de ce service essentiel qui sauve bien des vies. Les célébrations de la Fête nationale du Québec, tenues le 24 juin, furent assombries cette année par ce drame, ainsi que le décès de l’adulé Serge Fiori, l’âme fondatrice du mythique groupe Harmonium. Bref, de bien tristes jours pour les Québécois et les Québécoises.
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3 réponses
Les corps des trois personnes encore manquantes ont enfin été repêchés par la SQ, hier en soirée. Les familles éprouvées vont pouvoir commencer leur deuil.
C’est une bien triste nouvelle, mais en effet nécessaire au travail deuil de leurs proches.
L’une des victimes est le conjoint d’une collègue de travail de ma fille… Une pensée spéciale aussi pour les plongeurs de la SQ qui effectuent un travail vraiment pas facile et qui doit être traumatisant à la longue…