Plusieurs avionneurs qui existent de nos jours sont nés durant l’entre-deux-guerres. Si on pense forcément à Boeing qui n’a pas vraiment changé de raison sociale depuis cette époque il en est différemment par exemple de Bloch et de Lockheed aujourd’hui connus mondialement comme Dassault Aviation et Lockheed-Martin. Même des constructeurs plus petits continuent en ces années 2020 à produire des aéronefs tout en étant nés il y a près d’un siècle voire plus. Parmi ceux-ci figure un avionneur aujourd’hui tchèque et hier tchécoslovaque : Aero. Et la première de ses réalisations vraiment marquantes fut un petit biplan de reconnaissance et de bombardement léger : l’Aero A.11.
C’est en 1922 que la jeune société tchécoslovaque Aero se lança dans le développement d’un avion de reconnaissance biplace en tandem ayant des capacités secondaires de bombardement léger et d’attaque au sol. Afin de le motoriser elle n’alla pas chercher bien loin puisqu’elle disposait d’un stock de moteurs allemands Maybach Mb.IV de 240 chevaux chacun. Celui-ci était un six cylindres en ligne à refroidissement par eau qui fut notamment utilisé à la fin de la Première Guerre mondiale sur le bombardier lourd Siemens-Schuckert L.I.
Le programme de développement de l’avion reçut la désignation d’A.12.
Extérieurement ce biplan était un avion militaire aux lignes soignées, élégants, et assez aérodynamique.
Quand le prototype fut présenté aux militaires tchécoslovaque en avril 1923 il fit l’objet d’une première commande officielle pour cinquante machines de série, bientôt suivie par deux autres pour respectivement vingt-six et dix-huit exemplaires. En novembre 1923 quand ce prototype vola l’A.12 avait été commandé à quatre-vingt quatorze exemplaires. Même si ce chiffre pouvait paraître faible au regard des volumes de productions des quatre années de guerre entre 1914 et 1918 il demeurait très honnête pour un temps de paix.
Seul hic dans l’affaire l’Aero A.12 était un avion strictement conçu pour les besoins tchécoslovaques et ne pouvait nullement répondre aux attentes de clients étrangers, pour beaucoup hostiles à l’emploi d’un avion possédant une motorisation allemande.
C’est la raison pour laquelle vola en février 1924 une version plus internationale de l’Aero A.12 baptisée… Aero A.11. De manière assez inhabituelle la logique de suite numérique n’a non seulement pas été respectée entre les deux avions mais en plus elle a été inversée.
Dans un premier temps l’avion fut proposé autour de deux moteurs de facture locale : le Breitfeld & Danek Perun II de 240 chevaux et le Walter W.IV de 235 chevaux. Tous deux étaient des moteurs à six cylindres en ligne.
Bien que conçu pour l’export la première commande d’A.11 vint justement de la force aérienne tchécoslovaque qui vit dans cette avion une excellente plateforme de reconnaissance armée. Cent avions furent ainsi commandés en août 1924.
La même année un exemplaire fut présenté à Paris au Grand Palais mais sans susciter un engouement particulier. Les acheteurs potentiels regrettaient l’absence d’un moteur ayant fait démonstration de sa fiabilité.
Aero démarcha alors les motoristes britanniques, français, et italiens en quête de la perle rare. Et c’est en région parisienne que l’avionneur tchécoslovaque le découvrit : l’Hispano-Suiza Modèle 8Fb d’une puissance de 300 chevaux. Le Modèle 8 était depuis son apparition en 1914 un des moteurs jugés parmi les plus sûrs et les plus robustes au monde. En outre il était facile d’acquisition.
Désormais l’Aero A.11 allait pouvoir se vendre à l’étranger. Des touches eurent lieu avec des pays aussi différents que la Bolivie, l’Espagne, la Finlande, le Japon, et même les États-Unis.
Finalement seule la Finlande se laissa convaincre par l’avion et sa motorisation française.
Pour autant seuls huit exemplaires furent acquis par les Finlandais pour qui un bombardier léger de reconnaissance n’était pas forcément un avion très adapté à leurs besoins. Par contre la possibilité de remplacer le train classique par un train à skis fut prépondérant dans leur choix. En fait entre leur entrée en service en 1927 et leur retrait du service en 1941 les Aero A.11H finlandais ne furent que rarement engagés avec des bombes légères. Hormis lors des combats de la guerre d’Hiver entre novembre 1939 et mars 1940 contre l’Armée Rouge ils furent utilisés sans bombe.
Et durant presque toute sa carrière la flotte finlandaise d’Aero A.11 vola dans l’ombre du Blackburn Ripon Mk-IIF utilisé lui aussi pour des missions de reconnaissance armée.
Pour Aero l’A.11 fut aussi l’occasion de développer des versions très différentes : l’A.22 et l’A.25 d’entraînement avancé civil construit à chaque fois à moins de cinq exemplaires ou encore les neuf hydravions de reconnaissance armée A.29 utilisés par la force aérienne tchécoslovaque pour des missions depuis les lacs du pays.
Surtout l’Aero A.11 fut le premier avion tchécoslovaque produit au-delà de 200 exemplaires. Les forces aériennes locales l’utilisèrent jusqu’à l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale, époque à laquelle cet avion était obsolète.
Un exemplaire est aujourd’hui préservé dans un musée aéronautique en Finlande.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.