Antonov An-132

Fiche d'identité

Appareil : Antonov An-132
Constructeur : Antonov Design Bureau
Désignation : An-132
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante :
Mise en service : 2017
Pays d'origine : Ukraine
Catégorie : Avions expérimentaux
Rôle et missions : Prototype d'avion de transport tactique

Sommaire

“ Le concurrent ukrainien avorté des C-27J et C-295M ”

Histoire de l'appareil

Donner un successeur à un avion ayant connu une belle carrière est forcément tentant pour n’importe quel avionneur. L’exemple de Lockheed-Martin avec son C-130J/J-30 Super Hercules comme héritier du C-130H/H-30 Hercules en est la démonstration flagrante. Des constructeurs plus petits que le géant américain s’y sont essayés, à l’image de l’industriel ukrainien Antonov qui essaya dans les années 2010 de proposer un nouvel avion de transport tactique moyen afin de remplacer ses machines construites durant l’ère soviétique. Malheureusement son An-132 demeura à l’état de prototype.

C’est à l’été 2016 que l’avionneur ukrainien Antonov révéla travailler sur un nouvel avion de transport tactique directement dérivé de l’An-32. Destiné à le remplacer autant que l’An-26 cet avion cargo de nouvelle génération devait cependant reprendre les grandes lignes architecturales de ses prédécesseurs. Les ingénieurs de Hostomel cherchèrent bien plus l’efficacité et la modernité avec celui qui était désigné An-132 que l’originalité. L’idée était cependant de s’affranchir totalement des partenariats économiques et industriels qui unissaient l’Ukraine et la Russie depuis que cette dernière avait envahi et annexé deux ans et demi plus tôt l’isthme de Crimée. Antonov cherchait donc des alliés dans cette entreprise.

Se tourner vers l’Europe occidentale s’était révélé impossible la majorité des entreprises susceptibles de l’aider travaillant déjà sur un voire sur les deux avions avec lequel l’Antonov An-132 était appelé à entrer en concurrence : l’Alenia C-27J Spartan II et l’Airbus Military C-295M. Ça n’était pas beaucoup mieux avec les industriels américains et canadiens qui peu ou prou travaillaient également sur des appareils susceptible de lui faire de l’ombre, comme le Bombardier Dash 8. C’est finalement avec Arabie Saoudite qu’un accord fut trouvé, au travers de Taqnia Aeronautics. Alors totalement inconnue cette entreprise était alors une structure relevant à 100% du pouvoir local. Néophyte en aéronautique elle possédait pourtant les capitaux quasi illimités de l’économie du pétrole saoudien. En parallèle de l’accord entre Kyïv et Ryad cette dernière annonça son intention de commander fermement 80 exemplaires, dont certains devraient être réalisés dans des versions spécialisées dans la reconnaissance électronique et d’autres dans l’appui tactique rapproché à la manière du fameux Lockheed AC-130 Spectre. Taqnia Aeronautics devait en outre assembler une partie des avions dans une usine qui serait ultérieurement construite dans la banlieue de Ryad.

Fort de promesses venant d’une des premières économies de la planète Antonov signa des protocoles d’accord avec des fournisseurs et sous-traitant comme le motoriste nord-américain Pratt & Whitney Canada. Celui ci lui proposa le turbopropulseur PW150A, directement issu de la famille des PW100 à succès. Chacune de ces turbines développait 4595 chevaux et permettait d’entraîner une hélice à six pales en composite et métal.
En outre la société Honeywell devait fournir à l’Antonov An-132 un nouveau poste de pilotage tout écran. En dehors de ces aspects le profil de la voilure fut redessiné et le fuselage affiné.

Le 20 décembre 2016 l’Antonov An-132 était présenté au monde entier… sous la neige. Fort heureusement c’est par un ciel bien plus clair qu’il réalisa son vol inaugural le 31 mars 2017 depuis le centre d’essais de Hostomel où il était né. Officiellement la version de base de l’avion était appelée An-132D. Et hormis les sous versions spécialisées réclamées par les Saoudiens un bombardier d’eau An-132FF était prévu, capitalisant là encore sur un des savoir-faire de l’An-32. Quelques jours après ce premier vol Ryad annonça une très mauvaise nouvelle : sa commande initialement prévue à 80 avions ne concernerait désormais plus que six exemplaires, tous dans la version standard de transport tactique. C’était alors pour Antonov une véritable douche froide. Afin d’aider son avionneur Kyïv s’engagea sur une future commande de huit à dix avions afin de remplacer à moyen terme ses An-26.

Pour les militaires ukrainiens l’Antonov An-132 n’était pas la priorité du moment. Ils comptaient bien plus sur le gros porteur quadrimoteur turbopropulsé An-70 dont le développement avait alors été relancé et sur le très ambitieux biréacteur An-178. Ce dernier entrait même en relative concurrence avec le nouvel avion. Mais bon il fallait sauver le soldat Antonov et les aviateurs ukrainiens allaient s’y plier de bon cœur. Ils demandèrent alors à l’avionneur d’étudier une possibilité d’employer l’avion comme appareil d’évacuation sanitaire. Ils demandaient que l’An-132D puisse accueillir entre 25 et 30 blessés sur civières ou quatre lourdement médicalisés avec leurs soignants.

Fin février 2019 alors même que les vols d’essais se passaient parfaitement bien l’Inde annonça porter un intérêt très sérieux à ce nouvel Antonov. Après tout ce pays a toujours fait confiance à l’An-32 et il était alors logique pour Kyïv qu’il se positionne sur lui. On annonçait alors un potentiel marché à 60 appareils destinés au remplacement des Hawker-Siddeley HS-748 d’origine britannique désormais plus que vieillissants. Cependant l’Arabie Saoudite ne voyant pas d’un bon œil un tel contrat qui la mettrait en porte-à-faux avec son partenaire pakistanais refusa tout net la demande de l’Inde.

Les relations entre Antonov et Taqnia Aeronautics étaient en fait devenus très distantes depuis la révélation d’un contrat qui n’excèderait pas six avions. En outre les apports économiques saoudiens n’étaient pas aussi fiables que l’avaient cru les Ukrainiens. Et finalement en avril 2019 l’alliance entre les deux pays fut rompue, Ryad retirant tout financement. Antonov se retrouvait alors seul, d’autant que le groupe Airbus avait fait une contre-proposition aux Indiens autour du C-295W jugé plus fiable que l’An-132D.

À l’été 2019 le programme fut suspendu, en attente de nouveaux crédits. Sauf que quelques mois plus tard la crise pandémique du Covid-19 scella définitivement le sort de l’Antonov An-132. Son immatriculation civile UR-EXK fut résiliée et l’avion stocké à Hostomel. Il s’y trouvait encore fin février 2024 quand il fut partiellement détruit dans le raid russe mené contre l’An-225. L’espoir de voir revoler l’An-132 était réduit à néant.

Résultant autant de la malchance des accords avec l’Arabie Saoudite que du bombardement des usines Antonov par l’aviation russe l’échec de l’An-132 fut lourd de conséquence pour cet avionneur mythique. On ignore si l’avion ukrainien aurait ou non pu s’imposer sur le très compétitif marché des avions de transport tactique.

PARTAGER

Photos du Antonov An-132

Caractéristiques techniques

Modèle : Antonov An-132D
Envergure : 29.20 m
Longueur : 8.80 m
Hauteur : 24.53 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 2 turbopropulseurs Pratt & Whitney Canada PW150A
Puissance totale : 2 x 4595 ch.
Armement : aucun
Charge utile : 9200kg de fret ou 75 soldats équipés.
Poids en charge : 31500 kg
Vitesse max. : 550 km/h en croisière maximale
Plafond pratique : 8225 m
Distance max. : 3500 Km avec 6000 kg de charge
Equipage : 3
[...] Passez dans le comparateur...

Profil couleur

Profil couleur du Antonov An-132

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Antonov An-132
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
Facebook
Twitter
Pinterest
Email
Print

Vidéo du Antonov An-132

Vidéo officielle du premier vol de l'An-132