Quand en mars 1935 Hermann Göring participa à la fondation de la Luftwaffe pour son mentor Adolf Hitler il apporta plusieurs pierres à son édifice. Nazi convaincu l’ancien pilote de chasse de la guerre 14/18 était aussi un stratège aux visions parfois délirantes. C’est ainsi qu’une de ses créations était le principe dit de Heimatschutzjäger. Il s’agissait d’employer des avions d’entraînement avancé comme chasseurs légers destinés à la défense de points très spécifiques comme une usine d’armement, une école militaire, ou encore un quartier général. Parmi les rares avions de ce type construits en série on retrouvait l’Arado Ar 76.
Le cahier des charges pour ce fameux Heimatschutzjäger avait été émis dans la clandestinité dès janvier 1934, soit près d’un an et demi avant la mise en place de la Luftwaffe. Les nazis émirent un appel d’offres aux différents avionneurs avec l’obligation de concevoir un avion simple pouvant assurer tout aussi bien des missions d’entraînement avancé que de chasse légère de défense aérienne ponctuelle. Les compétiteurs était Arado, Focke-Wulf, Gotha, Heinkel, et Henschel. Ce dernier se paya même le luxe de proposer deux machines différentes, le monoplan à aile haute Hs 121 et le Hs 125 à aile basse. Ce dernier était d’ailleurs déjà connu des militaires allemands qui l’avaient essayé en secret fin 1933 comme avion de voltige aérienne.
Les autres avions en compétition était les monoplans parasols Arado Ar 76 et Focke-Wulf Fw 56, le monoplan à aile basse et cockpit fermé Gotha Go 149, et le biplan Heinkel He 74. Chaque avionneur se vit remettre 20 000 marks, une somme très importante pour un tel contrat.
Les ingénieurs d’Arado, placés sous l’égide de l’ingénieur chef Walter Blume, travaillèrent dès le début autour du moteur à huit cylindres en V inversé Argus As 10C de 240 chevaux. Le fuselage de l’avion se composait de tubes d’acier recouverts de contreplaqué tandis que la voilure parasol était en bois entoilée. Cette technique demeurait très en vogue en ce milieu des années 1930. L’armement de l’Ar 76 se composait d’une unique mitrailleuse MG17 de calibre 7.92 millimètres tirant en position de chasse. Le pilote prenait place dans un cockpit à ciel ouvert et l’avion possédait un train classique fixe. Deux prototypes furent construits sous les immatriculations civiles D-ISEN et D-IRAS. Le premier d’entre eux vola fin avril 1934.
Et très rapidement les généraux allemands se retrouvèrent devant un dilemme : l’Arado Ar 76 et le Focke-Wulf Fw 56 répondaient parfaitement à leurs attentes. En outre les deux avions se ressemblaient vraiment beaucoup. Alors que les autres compétiteurs furent éliminés des combats simulés entre les deux avions eurent lieu. Ils tournèrent à l’avantage du Fw 56 qui eut le marché. Cependant les usines Arado fonctionnant selon des cadences élevées un lot de 180 Ar 76 fut commandé en urgence. Ils entrèrent en service entre octobre 1935 et décembre 1936.
Une vingtaine d’entre eux fut affectée à des missions de défense aérienne durant quelques semaines avant que l’état-major allemand se rende compte de l’inutilité du programme Heimatschutzjäger. Finalement en février 1936 tous les Arado Ar 76 étaient devenus des avions d’entraînement avancé. En tant que chasseurs légers ils ne tirèrent jamais le moindre coup de feu, sauf en exercice. L’Ar 76, comme le Fw 56, était alors le premier avion sur lequel les jeunes pilotes allemands faisaient leurs premiers vols en solo. Lorsque l’Allemagne hitlérienne attaqua et envahit la Pologne à l’été 1945 plus de 150 Ar 76 se trouvaient encore dans les écoles de pilotage.
Ces avions volèrent au sein de la Luftwaffe jusqu’à la fin de l’année 1942, étant finalement remplacés dans leur fonction d’avions d’entraînement avancé par des biplans Bucker Bü 133 Jungmeister moins puissamment motorisés mais jugés plus sûrs et plus faciles d’emploi que des monoplans parasols. La majorité des Ar 76 demeura en service jusqu’à l’été 1943 comme remorqueurs de planeurs puis ce fut l’envoie à la ferraille.
S’il est loin d’être l’avion d’entraînement allemand le plus célèbre de la Seconde Guerre mondiale l’Arado Ar 76 est symptomatique de ces appareils bien pensés et fiables issus des années de clandestinité. Aucun pays allié de l’Allemagne nazie n’en voulu, il ne fut donc pas exporté. Aujourd’hui il ne reste plus rien de lui.
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