Les années 1930 virent la confirmation de la suprématie britannique sur le reste de l’industrie aéronautique européenne, devant l’Allemagne nazie et la France. Les avionneurs de Sa Majesté étaient capable de développer et produire des machines tant civiles que militaires de très grande qualité. Et ce fut notamment l’émergence du constructeur Hawker avec ses élégants et racés biplans comme le chasseur Fury ou encore le bombardier léger Hart. De cette lignée d’avions souvent très réussis l’industriel accoucha d’un appareil spécialement conçu pour servir en environnement africain : le Hawker Hartebeest.
Contrairement aux autres avions de lignée des biplans Hawker le Hartebeest ne relève nullement d’une Specification de l’Air Ministry. En effet il résulte d’une commande officielle de la South African Air Force pour un avion adapté à ses besoins. Elle désirait disposer d’un appareil pouvant remplir à la fois les missions d’un Hawker Audax et d’un Hart, c’est à dire à la fois un avion de reconnaissance tactique et de coopération terrestre et un bombardier léger. Le tout devait être capable de voler en environnement tropical et subtropical.
Le contrat fut officiellement signé à l’été 1934 et la base de travail fut le Hawker Audax. Son moteur Rolls-Royce Kestrel Mk-IB de 530 chevaux fut déposé et remplacé par un Kestrel Mk-VFP de 608 chevaux adapté aux environnements africains. Le nouveau moteur disposait notamment d’un filtre plus puissant. Pour le reste le Hawker Hartebeest est globalement assez similaire avec son équivalent de la Royal Air Force. Son armement se compose d’une mitrailleuse synchronisée Vickers de calibre 7.7mm tirant en position de chasse et d’une mitrailleuse Lewis de même calibre montée sur affût annulaire arrière. Quatre bombes de 51kg ou huit de 25kg peuvent être montées sous fuselage et plan inférieur de voilure. En mission de coopération terrestre ces munitions sont remplacés par un conteneur ventral pouvant recevoir de l’eau potable ou des denrées alimentaires.
C’est dans cette configuration que le premier vol du premier prototype eut lieu le 28 juin 1935.
Sur les soixante-cinq avions prévus par le contrat quatre devaient être livrés directement assemblés tandis que les autres étaient en kit et montés sur place dans un atelier aéronautique dépendant de la South African Air Force. Au printemps 1937 la première escadrille de Hawker Hartebeest Mk-I était déclarée opérationnelle et le dernier exemplaire était livré quatre mois plus tard.
Très rapidement le Hartebeest devint la coqueluche des équipages sud-africains qui voyaient en lui un avion facile de pilotage, maniable, et bien armé. Et surtout à la différence de tous les aéronefs de facture britannique il était pleinement adapté au climat local. À l’usage l’avion fut même utilisé comme machine de liaisons et de transport de courriers.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclata en septembre 1939 cinquante-trois Hawker Hartebeest Mk-I étaient encore en service. Les autres avaient été soit accidentés soit arrêtés de vol afin de servir de stocks de pièces détachées. Afin de combler cette attrition la Royal Air Force livra en novembre 1939 douze Hart Mk-I à la South African Air Force.
Hart et Hartebeest sud-africains furent ainsi déployés au Kenya qui était alors sous la menace d’une invasion italienne. À plusieurs reprises ils furent confrontés à la chasse fasciste, et deux Hartebeest furent perdus en opérations face à des Fiat CR-42 Falco de la Regia Aeronautica.
Le 11 juin 1940 pourtant seize Hartebeest Mk-I furent affectés à une mission d’attaque contre des positions italiennes à la frontière entre le Kenya et l’Éthiopie. Leurs bombes légères de 25 kilos firent des dégâts assez lourds contre les campements italiens, causant la mort d’une centaine de fantassins ennemis. Surtout ils surprirent la chasse ennemie avant qu’elle ait le temps de décoller. Cinq avions de la Regia Aeronautica furent totalement détruits et trois autres fortement endommagés.
Sur les seize avions engagés, quinze revinrent à leur base, l’un d’eux tombant en panne sur le chemin du retour. L’équipage sauta en parachute mais ne survécut pas.
Début 1941 la South African Air Force transforma ses unités de Hawker Hartebeest sur bimoteurs Bristol Blenheim et sur monomoteurs Westland Lysander. Pour autant cela ne sonna pas le glas des biplans. Une fois leur armement déposé beaucoup furent affectés à des missions de liaisons, de communication, d’entraînement avancé, ou encore de remorquage de cibles. Cette dernière mission fut conduite par ces avions jusqu’à leur retrait du service à l’automne 1946. Ainsi se terminait la carrière d’un avion particulièrement apprécié dans la South African Air Force.
De nos jours au moins un exemplaire est préservé dans un musée militaire de Johanesburg. Quasi tombé dans l’oubli en Europe le Hawker Hartebeest est un avion mythique en Afrique du Sud. Pour la petite histoire l’atelier qui l’assembla localement devint quelques années plus tard l’avionneur Atlas.
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