Lorsque la Première Guerre mondiale éclata l’aviation militaire était encore balbutiante. On était à des années lumières de penser qu’un jour des chasseurs pourraient emporter des charges de plusieurs tonnes à des vitesses supersoniques. Les rares avions de chasse de l’époque étaient de frêles machines, souvent à peine plus manœuvrables que ceux destinés à l’observation et dont l’armement se limitait bien souvent à une unique mitrailleuse. Ce schéma exista aussi bien dans un camps que dans l’autre. Au sein de la Luftstreitkräfte un des premiers avions de ce genre fut le monoplan Pfalz E.III.
À la fin de l’année 1913 alors qu’une paix (fragile) régnait encore sur l’Europe l’industriel allemand Pfalz négocia une licence de production avec son homologue français Morane-Saulnier autour de son monoplan parasol Type L. L’idée du constructeur allemand était d’en faire un avion d’entraînement construit autour du moteur rotatif Oberursel U.0 de 80 chevaux. Ce dernier était lui-même une licence allemande du Gnome Lambda à sept cylindres en étoile.
En décembre 1913 l’accord fut passé, un avion fut expédié en Allemagne ainsi que les plans et côtes afin de le produire localement.
La jeune Luftstreitkräfte décida d’acheter l’avion de Pfalz sous la désignation d’A.I. L’aviation impériale allemande avait impérativement besoin de pilotes. Au bout de soixante exemplaires Pfalz décida de créer l’A.II animé par un moteur rotatif Oberursel U.I de 100 chevaux. Là encore il s’agissait de la production sous licence allemande d’un moteur français, le Gnome Delta rotatif à neuf cylindres en étoile.
La production du Pfalz A.II n’est pas connue mais estimée entre quarante et cinquante machines.
Quand l’Allemagne entra en guerre contre la Triple Entente en juillet 1914 la totalité des biplaces d’entraînement Pfalz A.I et une grosse partie des A.II étaient en service. Les pilotes avaient surnommé ces machines «Parasol», du nom en français de leur type de voilure. Quelques-uns furent alors engagés comme avions d’observation au-dessus des lignes françaises. Conscients que l’avion était particulièrement manœuvrable les officiers allemands commencèrent à envisager de l’utiliser comme chasseur. Cependant sa configuration biplace et son défaut d’armement rendaient la chose impossible.
Finalement une demande officielle fut envoyée à Pfalz dans ce sens en octobre 1914. Un Pfalz A.II à moteur U.I fut alors récupéré sur la chaîne de montage et totalement repris à zéro. Son poste de pilotage fut redessiné de manière à devenir monoplace et une mitrailleuse LMG08/15 de calibre 7.92mm fut installée.
Ainsi modifié l’avion devint le Pfalz E.III.
Les premiers chasseurs monoplans Pfalz E.III furent déployés sur le front français au début de l’année 1915. Le Morane-Saulnier Type L étant alors le principal chasseur léger de l’Aéronautique Militaire. La Luftstreitkräfte décida donc d’apposer une marque de nationalité sur ses E.III. Il s’agissait avant tout de signaler aux fantassins que l’avion était allemand plus qu’à l’ennemi. En fait les marques de nationalité, les cocardes, naissaient alors un peu partout sur le front. Et comme pour les avions d’entraînement dont ils étaient issus les E.III étaient affectueusement surnommés Parasol par les pilotes allemands.
Pour la Luftstreitkräfte la qualité première des Pfalz E.III était leur vitesse ascensionnelle bien supérieure à celle de la majorité des autres chasseurs allemands de l’époque. En août 1915 la mitrailleuse LMG 08/15 fut déplacée sur l’avion. Désormais elle était synchronisée, les Allemands ayant récupéré un Type L abattu doté de cette technologie. Pour autant cela ne fut jamais vraiment probant sur cette machine allemande.
Finalement début 1916 le Pfalz E.III commença son retrait du service. Il fut effectif en avril de la même année.
Chasseur de transition le Pfalz E.III Parasol était globalement apprécié de ses pilotes, moins de ses mécaniciens. Son moteur Oberursel U.I était réputé fragile et demandant un entretien minutieux. Il est à signaler qu’une quinzaine de Morane-Saulnier Type L capturée par les Allemands fut versée à la Luftstreitkräfte comme chasseurs. Eux aussi étaient appelés Pfalz E.III.
Fait surprenant le Pfalz E.II entra en service après le retrait du E.III, la logique des désignations n’était donc pas exactement la règle dans l’empire allemand.
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