HTMS Chakri Naruebet, le premier porte-avions thaïlandais

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Histoire de l’aéronavale

Quand on songe aux porte-avions généralement c’est généralement pour parler de puissantes marines de guerre comme la Marine Nationale, la Royal Navy, ou évidemment l’US Navy. Pourtant d’autres nations plus « mineures » se sont essayées à l’exercice de style qui consiste à se doter d’un porte-avions, et à l’utiliser opérationnellement. Et à ce petit jeu là la Thaïlande et sa Royal Thai Navy tiennent une place à part grâce au porte-avions HTMS Chakri Naruebet.

Pourtant ce n’était pas gagné à l’avance pour la Thaïlande de disposer de son propre porte-avions. Mais grâce à des budgets de défense particulièrement florissant dans les années 1980 et au début de la décennie suivante ce rêve put devenir réalité. À un certain prix cependant, la Royal Thai Navy n’ayant pas les moyens financier d’acheter un bâtiment développé et construit aux États-Unis, en France, ou encore au Royaume-Uni.
Du coup elle se tourna vers l’Espagne.

Au tout début des années 1990, la marine thaïlandaise ne possède pas de navire d’un tonnage supérieur à 4520 tonnes. Il s’agit en l’objet de bâtiments de soutien aux opérations amphibies construits localement à partir de plans et de matériels fournis par l’Italie. Après, les navires plus légers mais d’un tonnage respectables sont majoritairement des frégates et des avisos. Aussi un porte-avions, donc un navire dépassant les 10000 tonnes semble donc relever de l’inouï pour les marins thaïlandais.

Et l’inouï va être commandé le 27 mars 1992 sous la forme d’un sister-ship du porte-aéronefs espagnol Principe de Asturias entré en service quatre ans auparavant mais dont la conception remonte à la seconde moitié des années 1970. Le futur porte-avions n’est donc pas exactement un navire ultramoderne. Dès le début, il est baptisé Chakri Naruebet, ce qui en sanskrit est la traduction de : «en l’honneur de la dynastie des Chakri». Cette dernière étant celle qui règne sur le royaume de Thaïlande depuis 1782. Son numéro de coque est CVH911.

Le HTMS Chakri Naruebet en patrouille.

Techniquement le HTMS Chakri Naruebet est un petit porte-avions avec ses 182.65 mètres de long (dont 174.10 pour le pont d’envol) et ses 30.50 mètres de large il est bien plus petit que notre Charles de Gaulle français. En fait il est plus proche de nos bâtiments de projection et de commandement de la classe Mistral, qui sont cependant un peu plus longs que lui.

Son tonnage de 11486 tonnes en fait même un navire poids-plume vis à vis des classes Mistral. L’armement défensif du HTMS Chakri Naruebet se compose de quatre canons anti-aériens de calibre 20mm, de deux mitrailleuses de calibre 12.7mm et de missiles anti-aériens à très courte portée Mistral.

Mais surtout contrairement à ce que sa taille laisse entrevoir le HTMS Chakri Naruebet n’a pas été conçu comme un porte-hélicoptères mais bien comme un porte-avions. Il doit alors pouvoir embarquer entre six et huit Hawker-Siddeley AV-8S Matador rachetés en même temps auprès de l’Espagne. Des avions d’attaque à décollage et atterrissage verticaux qui sont censés lui donner l’avantage sur les marines de la région. Pour autant des hélicoptères Sikorsky S-70B Seahawk et S-76 Eagle peuvent les accompagner pour des missions respectivement de lutte anti-sous-marine et de recherches-sauvetages en mer.

Finalement le porte-avions entre en service dans la Royal Thai Navy le 27 mars 1997 soit cinq ans jours pour jours après sa commande officielle. Sa première croisière opérationnelle n’intervient cependant qu’en novembre de la même année. Et encore le navire ne va réaliser que quelques ronds dans les eaux du golfe de Thaïlande. Il sert alors de base arrière pour les opérations humanitaires suite au passage du terrible ouragan Linda. Le porte-avions se transforme en porte-hélicoptères et navire hôpital. Bien entendu cette dernière mission n’a jamais été prévue et cela tourne à la mascarade. Aucune asepsie n’existe alors dans les salles d’opérations, en fait les hangar d’aviation, et plusieurs victimes décèdent des suites de leur embarquement sur le HTMS Chakri Naruebet.

Mais surtout dès cette époque le porte-avions devient la risée de la classe politique thaïlandaise qui l’accuse d’être inadapté aux besoins du pays. En plus la famille royale semble apprécier de le confondre avec un de ses nombreux yachts et il n’est du coup pas rare de le voir faire quelques encâblures pour le bon plaisir des princes et du roi.
Rapidement la presse mais aussi la rue surnomme le porte-avions «Thaï Tanic» en référence au célèbre paquebot britannique du début du 20ème siècle et à sa gabegie.

Pourtant de temps en temps le navire prend la mer avec ses six avions et six hélicoptères à son bord, comme en juillet 2000 où il participe à un exercice régionale avec notamment les marines américaines et australiennes. Le HTMS Chakri Naruebet se retrouve alors nez à nez avec les navires de l’US Navy et notamment les porte-avions de la flotte du Pacifique. Et sa petitesse semble désormais criante.

Comparé à l’USS Kittyhawk le HTMS Chakri Naruebet paraît bien frêle et léger.

Entre 2001 et 2005 il passe plus de temps dans les eaux du golfe de Thaïlande qu’ailleurs, participant régulièrement à des missions humanitaires suites à diverses catastrophes naturelles. En 2006 après un grave incident à l’appontage, ayant entraîné la mort de trois personnes de pont d’envol, les opérations des AV-8S Matador sont suspendues. Elles ne reprendront jamais. Le HTMS Chakri Naruebet n’est plus un porte-avions mais désormais un porte-hélicoptères.

Désormais le bâtiment n’est quasiment plus employé que comme soutien aux opérations humanitaires, la Thaïlande se refusant même à lui confier des missions anti-piraterie maritime qu’elle laisse à ses avisos, corvettes, et frégates. Le HTMS Chakri Naruebet ne sort quasiment plus des eaux territoriales thaïlandaises, ou alors très exceptionnellement afin de participer à des exercices internationaux.

Pour la petite histoire, afin de le rentabiliser ce porte-avions a été loué en 2005 au studio hollywoodien de la Metro-Goldwyn-Mayer afin de servir au tournage du film Rescue Dawn. Le HTMS Chakri Naruebet simulait alors le célèbre porte-avions américains USS Ranger (alias CV61) pourtant dans la réalité bien plus gros.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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