USS Lexington Museum, Corpus Christi, Texas

Ne reculant devant rien, votre reporter québécois préféré s’est aventuré en territoire hostile lors d’un mémorable Road Trip de 13000km dans l’extrême Sud des États-Unis. Trêve d’ironie, tous les Américains rencontrés furent amicaux et ne comprennent pas l’obsession de leur Grand Moron à l’égard du Canada. En fait, je n’ai eu qu’à affronter une météo parfois inclémente. Que faire lorsque l’on prévoit vagabonder ses les plages du Golfe du Mexique (non d’Amérique !), mais que la pluie, le vent et le froid sévissent ? Visiter un musée évidemment !

En descendant sur la côte texane, la ville de Corpus Christi est un arrêt obligé, ne serait-ce que pour aller voir le légendaire Fantôme bleu ! Surnommé Blue Ghost par la propagandiste Tokyo Rose durant la Deuxième Guerre mondiale, le porte-avions USS Lexington CV-16 semble en effet avoir ressuscité à quelques reprises. Alors qu’Il devait initialement porter le nom Cabot, le CV-16 fut plutôt baptisé Lexington en l’honneur des marins qui perdirent la vie lorsque le USS Lexington CV-2 fut coulé en 1942 lors de la bataille de la mer de Corail. Quelle ne fut pas la surprise des Japonais lorsqu’il firent face à un nouveau Lexington de couleur bleu-gris, moins d’un an après la perte du premier ! Tokyo Rose annonça à quelques reprises la perte du Blue Ghost, mais celui-ci réapparaissait toujours en ordre de bataille. Torpillé par un sous-marin japonais en décembre 1943, le Lexington reprit du service deux mois plus tard. Lors de la bataille du Golfe de Leyte, en novembre 1944, le Lexington est victime d’une attaque kamikaze qui fait une cinquantaine de victimes. En 1945, il est de retour au front et participe à la prise de Iwo-Jima.

USS Lexington CV-16
USS Lexington / Point d’impact de l’attaque kamikaze

Durant la Guerre du Pacifique, la flottille du Lexington CV-16 comptait 36 appareils Grumman F6F Hellcat, 36 Douglas SBD Dauntless et 18 Grumman Avenger. Le tableau de chasse de ces avions fut impressionnant: 372 aéronefs ennemis abattus et 475 détruits au sol, ainsi que plus de 300 000 tonnes de navires ennemis coulés. Les canons anti-aériens du Lexington ont ajouté 15 avions abattus au décompte. Aujourd’hui, le vieux Lexington expose dans son hangar un bombardier-torpilleur TBM-3E Avenger, ainsi qu’un bombardier en piqué SDB-3 Dauntless, tous deux magnifiquement restaurés. Ne manque qu’un Hellcat pour compléter le trio de l’époque ! Espérons que ce sera le cas un jour.

USS Lexington / Douglas SDB-3 Dauntless
USS Lexington / Grummann TBM-3E Avenger

Également dans le hangar sous le pont d’envol, j’ai découvert un avion que je ne connaissais pas. Il s’agit du biplan Naval Aircraft Factory N3N Canary. Pour les futurs pilotes d’hydravions de l’aéronavale, ce fut le principal avion de formation initiale durant la guerre. La version hydravion de ce biplan fut conséquemment davantage utilisée, alors que l’appareil exposé est une plus rare version terrestre.

USS Lexington / Naval Aircraft Factory N3N Canary

Le Lexington CV-16 participa à presque toutes les opérations majeures du théâtre du Pacifique, cumulant 21 mois de combat. La paix revenu, le vaillant porte-avions fut désarmé en avril 1947 et reprit du service en 1955, après un chantier de modernisation débuté en 1953. Doté d’une nouvelles piste oblique et d’une catapulte, le Lexington CVA-16 était désormais un porte-avions d’attaque apte à déployer des avions à réaction. Son pont d’envol verra notamment défiler des chasseurs McDonnell F3H Demon et North American FJ Fury, le bombardier North American AJ-2 Savage et l’avion de reconnaissance Douglas A-3 Skywarrior. La panoplie d’avions à réaction exposés à l’air libre sur le pont d’envol du vieux Lexington est assez hétéroclite. On y trouve pêle-mêle des avions certes légendaires comme des McDonnell F-4 Phantom, Douglas A4D Skyhawk, Vough A-7 Corsait II, Grumman A-6 Intruder et Grumman F-14 Tomcat, mais la plupart de ces appareils trop modernes n’eurent pas le temps de servir à bord du CVA-16. L’imposant Skywarrior est sans doute le plus représentatif de cette période de la vie active du Lexington.

USS Lexington CVA-16
USS Lexington / Douglas KA-3B Skywarrior

Devenu porte-avions anti-sous-marins en 1962, le Lexington CVS-16 va brièvement patrouiller dans l’Atlantique et la Méditerranée, avec à son bord des d’appareils Grumman S-2D Tracker dont aucun n’est malheureusement exposé aujourd’hui sur son pont d’envol.

Grummann S-2D Tracker sur le pont d’envol du USS Lexington CVS-16

Fin 1963, le Lexington remplace l’USS Antietam CV-36 comme porte-avions d’entraînement dans le golfe du Mexique. Le Dorénavant basé à Pensacola en Floride, le Lexington CVT-16 opérait également depuis Corpus Christi et la Nouvelle-Orléans. Dans ce dernier rôle, le Lexington servit encore presque trois décennies, avant d’être finalement démobilisé le 8 novembre 1991. Lors de son désarmement final, le Lexington comptait plus d’heures de service que tout autre porte-avions au monde, un record qu’il détient toujours. Sur le pont d’envol du vieux Lexington, définitivement à quai, on peut admirer deux avions caractéristiques de cette période, soit les North American T-28 Trojan et T-2 Buckeye.

USS Lexington CVT-16
USS Lexington / North American T-2 Buckeye

À la fin de ma visite, le soleil était revenu pour terminer la journée en beauté. Sans doute l’oeuvre de l’Ange bleu (Blue Angel), qui veille sur le vieux Fantôme bleu qui ne sillonnera plus jamais les mers. Pour ceux qui se posent la question: combien de porte-avions sont préservés comme musées aux États-Unis ? Il y en quatre autres : USS Yorktown (CV-10) / Mount Pleasant / Caroline du Sud, USS Intrepid (CV-11) / New York, USS Hornet (CV-12) / Alameda / Californie et USS Midway (CV-41) / San Diego / Californie.

Douglas A4D Skyhawk aux couleurs des Blue Angels veillant sur le USS Lexington

NDLR Vous excuserez la qualité des photographies prises dans des conditions de luminosité peu optimales


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Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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