Le Boeing 737 Max et le logiciel de son MCAS au cœur de la tourmente

Depuis le dramatique crash de l’avion de la compagnie Ethiopian Airlines l’avionneur Boeing doit faire face à des attaques de tous côtés. L’administration de l’aviation civile américaine met Boeing en demeure de modifier en profondeur son avion. Dans le même temps des annulations de commande sont évoqués alors même que des 737 Max sont déjà interdits de vol dans au moins trois espaces aériens. Pour la forme rappelons tout de même que les boites noires ont à peine été retrouvées et donc pas encore analysées.

Ce lundi 11 mars 2019 soit à peine 24 heures après l’écrasement du biréacteur commercial éthiopien les administrations aéronautiques chinoises, éthiopiennes, et indonésiennes ont tout bonnement interdits de vol tous les Boeing 737 Max immatriculés dans leurs pays respectifs. Et ce jusqu’à nouvel ordre !
Bien qu’un temps évoqué justement hier la Federal Aviation Administration n’a pas pris de décision similaire concernant les États-Unis.

Pour autant l’administration fédérale de l’aviation civile a tapé du poing sur la table et sommé Boeing de réagir. L’avionneur et ses équipementiers ont jusqu’à la mi-avril pour mettre à jour les logiciels et systèmes de contrôle du MCAS, le Maneuvering Characteristics Augmentation System. C’est en effet celui-ci qui est d’ores et déjà pointé du doigt comme étant à l’origine de l’écrasement de l’avion. Il faut savoir que l’avionneur n’a fourni aucune formation particulière aux compagnies aériennes exploitant jusque là des Boeing 737-800 et 737-900 lorsqu’elles ont décidé de se transformer sur Max 8 et Max 9. Et ce malgré le fossé technologique que représente justement le MCAS.

Il faut savoir qu’actuellement ce sont environ 350 avions de ligne construits qui vont devoir être modifiés, aussi bien des Boeing 737 Max 8 que Max 9. Le premier tiers est celui concerné par l’ultimatum de la FAA puisqu’il s’agit des avions immatriculés aux États-Unis. Mais ceux volant aussi sous d’autres cieux sont largement concernés.

Malgré une rumeur très persistante aucun avion de ce genre n’est immatriculé ou ne sert au sein d’une compagnie aérienne française. Il y a bien quelques Boeing 737 mais ils sont «d’ancienne génération» et absolument pas au standard Max. Pour autant il arrive fréquemment que de tels avions fréquentent les grands aéroports français comme Beauvais, Nice, Orly, ou encore Roissy. Ce sont des avions volant souvent pour le compte de compagnies de pays européens comme l’Islande, la Pologne, ou encore le Royaume-Uni.

Même si la décision de la FAA est logique, et aurait même pu être prise avant ce drame, il ne faut pas pour autant conclure trop vite sur ses causes. Les boites noires ont bien été retrouvées mais elles ne sont pas encore décortiquées, ou n’en sont qu’aux analyses de base. Il faudra plusieurs semaines, voire mois, aux enquêteurs pour connaitre le vrai du faux dans cet accident qui rappelons-le a tué 157 passagers et membres d’équipage. Le temps des investigations n’est pas celui des médias.
Dans une semaines la majorité des journalistes généralistes aura sans doute oublié ou remisé aux archives cette catastrophe aérienne.

Illustration © Boeing Company.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 réponses

  1. C’est maintenant au tour de Singapour, Corée du Sud, Australie et Mongolie de clouer au sol ou d’interdire l’espace aérien à cet avion.
    C’est sûr que ça fait beaucoup deux crash mortels en quatre mois pour un appareil flambant neuf assemblé à seulement 350 exemplaires et encore moins en service. Boeing a même du reporter la présentation officielle du nouveau 777x.

  2. Est-ce que les déboires de Boeing avec son 737 max peuvent jouer en faveur d’Airbus et de son A320 néo? L’industrie européenne peut-elle tirer profit de cette crise?

    1. A court terme non car les cadences de production d’Airbus sont déjà saturés entre les usines de Hambourg et Toulouse mais peut-être à long terme si et seulement si Boeing met du temps à résoudre un éventuelle souci de conception et à regagner la confiance des clients, ce que je ne crois pas.

    2. Dans l’immédiat, ce sont peut etre les sociétés de location qui seront gagnantes avec une demande temporaire d’avions de remplacement de la part des compagnies impactées?
      Je ne pense effectivement pas qu’Airbus puisse soudainement sortir des dizaines d’avions supplémentaires, il me semble effectivement que les lignes de productions sont au max de leurs capacités seulement pour les commandes actuelles.

  3. Bonjour Arnaud,
    Simple question : les boites noires du 737 Max de Lion Air ont-elles été analysées (ou commencé à l’être) ?
    Dans l’hypothèse où les causes des deux crashs sont les mêmes, les informations qu’elles contiennent pourraient permettre de résoudre le problème plus vite…

    1. Il semblerait aux premiers abords qu’il y a eu un comportement identique lors des 2 crashs, les équipages n’ont pas eu de formation pour ce nouveau MCAS et ses systèmes de sécurité réagiraient de façon surprenante.
      La France a également interdit le survol de son territoire par les 737 max.

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