Le programme de développement de l’hélicoptère Sikorsky S-97 Raider progresse

Même si ni Sikorsky ni Lockheed-Martin, sa maison-mère, ne communique à l’excès dessus cet ambitieux programme évolue bien. Discrètement le constructeur américain poursuit le développement de son prototype d’hélicoptère polyvalent de soutien aux opérations spéciales. Pour mémoire initialement le S-97 Raider avait été pensé comme appareil de reconnaissance armée mais suite à l’annulation du programme initial par le Pentagone il a vu sa définition revue. Sikorsky espère une entrée en service de sa version opérationnelle à l’horizon 2023-2025.

On aurait pu croire qu’après l’annulation du programme AAS, pour Armed Aerial Scout, et son rachat par Lockheed-Martin l’hélicoptériste laisserait tomber le programme S-87 Raider. C’était mal le connaitre. Pour plusieurs raisons cette machine est considérée comme ayant un véritable avenir chez Sikorsky.
De manière très prosaïque d’abord parce que d’importants fonds ont été engagés dans ce programme depuis son lancement au début de la décennie. La phase d’essais statique avait même eu lieu avant ce rachat.

Ensuite parce que pour nombres de dirigeants et d’ingénieurs de la société le Sikorsky S-97 Raider est bien plus que la version de présérie du X2. Il s’agit du véritable aboutissement du programme ABC (pour Advancing Blade Concept) lancé au début des années 1970 en partenariat avec l’US Army et la NASA. Celui-ci avait donné naissance au très prometteur XH-59 mais n’avait finalement pas abouti, faute de crédits suffisants.
Le programme ABC était en fait une relecture américanisée et très profondément modernisée de la technologie des doubles rotors contrarotatifs si chère au constructeur soviétique Kamov et que l’on retrouve sur des machines comme le Ka-15 ou encore évidemment le Ka-27.

Mais alors si le programme AAS n’existe plus quel pourrait être le rôle de ce Sikorsky S-97 Raider ? Il est prévu comme remplaçant futur des actuels MD Helicopter MH-6J/M et Sikorsky MH-60K/L. Sa capacité d’emport pour six commandos équipés et sa possibilité annoncée d’emport d’armement externe en fait un candidat parfait.
D’autant que depuis l’été dernier on le sait capable de franchir la vitesse de 200 nœuds, soit environ 370km/h, sans sourciller.

Enfin pour beaucoup d’observateur le S-97 Raider préfigure le SB-1 Defiant, un ambitieux programme mené conjointement par Boeing et Lockheed-Martin dans le cadre du remplacement à venir des Blackhawk de l’US Army. Le Defiant se présentera comme un Raider beaucoup plus grand.

Pour nombres de passionnés d’aviation dans le monde le Sikorsky S-97 Raider est un des programmes les plus passionnants actuellement en cours. Comme quoi l’hélicoptériste américain aussi sait réenchanter le secteur parfois un peu plan-plan des voilures tournantes. Il n’y a pas qu’Airbus Helicopters et Leonardo dans ce cas !

Photos © Lockheed-Martin.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

6 Responses

  1. Bonsoir à tous,
    La propulsion ( hélice arrière ) rappelle un peu celle du Lockheed AH-56 Cheyenne, qui lui aussi allait très vite. Mais le comparo s’arrête là avec le double rotor. Quel engin magnifique… Il trouvera sa place dans les prochains blockbusters d’ Hollywood ! 😉

  2. A part la vitesse, qu’est-ce que cette architecture apporte de plus par rapport à un hélico classique ?

    1. Les hélicos à rotors contrarotatifs coaxiaux sont réputés avoir une meilleure sustentation, donc une capacité de levage / charge utile supérieure, et une meilleure stabilité puisque le phénomène de couple est naturellement annulé (sans parler du fait que l’on s’évite le poids d’un rotor anticouple de queue). De surcroit, le diamètre rotor principal, puisqu’en double, peut être largement réduit par rapport à celui d’une architecture classique, d’où un encombrement au sol et une signature radar inférieurs. L’addition d’une hélice propulsive est un bonus ajoutant encore à la vitesse.
      Une vidéo promotionnelle où l’on voit un peu plus de l’engin : https://www.youtube.com/watch?v=HncZgouxt9k

      au-delà de ce qui a été dit au-dessus, ce bel appareil semble en effet résolument furtif ; la pureté des lignes, le train rentrant, le faible diamètre rotor et surtout la compacité et le carénage des boîtes de rotors principaux (qui sont rigides rappelons-le) me laissent baba.
      Il suffit de le comparer avec le véritable poteau télégraphique (et l’usine à gaz) qu’est le mât-rotor des fameux hélicos de la famille Kamov :
      https://www.helicopassion.com/images/MAKS2013/KA52/MAKS132030eh.jpg

      Nul doute que ce concept à de l’avenir, Sikorsky tient là quelque chose.
      Si d’aventure le S-97 ne devenait pas opérationnel, il y a fort à parier qu’il défrichera beaucoup le terrain pour le futur SB-1 Defiant (à mon sens plus adapté, ne serait-ce par la taille et l’absence d’ailes, que le grand convertiplane V-280 Valor pour remplacer les Blackhawk), ainsi peut-être pour un futur hélico d’attaque furtif reprenant des parties communes (j’ai déjà vu des infographies allant dans ce sens, à l’instar de ce que le Cobra fut au Huey).

  3. Si je ne m’abuse, l’hélice propulsive permet aussi d’alléger l’effort des rotors et ainsi réduire la consommation en vitesse de croisière.

    1. C’est ma foi vrai, car un hélico traditionnel, pour avancer, a besoin d’une certaine inclinaison du rotor principal qui assure sustentation ET propulsion (pour cela que le pilote « abaisse le nez »). Cette hélice propulsive sur le S97 permet donc, à vitesse identique, de conserver une incidence plus faible (un vol plus horizontal en somme) et laisser la sustentation seule aux rotors, donc de facto une consommation inférieure. Et quand le pilote augmente l’incidence en jouant à la fois sur l’hélice et les rotors, on a de suite un gain de vitesse conséquent par rapport à un hélico classique.

      C’est bien dans la logique du programme de remplacement des Blackhawk, qui prévoit grosso modo des machines ayant un rayon d’action et une vitesse doublés par rapport à celles existantes.

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