Tous les Reaper de l’Armée de l’Air seront finalement armés

L’information est passée quelque peu inaperçue. Le ministère des armées et l’avionneur américain General Atomics ont signé un contrat d’environ 7.9 millions d’euros afin de moderniser à partir de l’année prochaine les cinq drones de reconnaissance MQ-9 Reaper Block 1 actuellement en dotation dans l’Armée de l’Air. Ce chantier a pour but principal de permettre à ces avions sans pilote de pouvoir mener des missions de combat, grâce à l’emport d’un armement de précision. Ils permettront ainsi de renforcer les futurs nouveaux exemplaires, armés ab-initio eux qui sont attendus dans les prochaines semaines.

Actuellement ce sont donc cinq monomoteurs General Atomics MQ-9A Reaper qui volent au sein de l’Escadron de Drones 1/33 Belfort. Théoriquement stationnés sur la Base Aérienne 709 de Cognac ces avions sans pilote sont en réalité déployés en quasi permanence en Afrique dans le cadre de la guerre antiterroriste menée dans le Sahel. C’est d’ailleurs là que la France a perdu il y a quelques semaines un exemplaire en mission.

General Atomics aura donc la charge de devoir moderniser ces cinq drones afin de les rendre aptes aux tirs de munitions de précisions de facture américaine. Il s’agit de bombes GBU-12 à guidage laser et GBU-38 à guidage inertiel-GPS. En outre à terme les Reaper français de première génération pourront comme leurs équivalents américains emporter et tirer le missile AGM-114 Hellfire, une arme qui a largement démontré ses capacités dans la traque des djihadistes en Irak et en Syrie.
Le chantier de modification sera réalisé dans les installation du constructeur sis à Poway dans le sud de la Californie. Le cinquième Reaper français devra avoir été rendu à l’Armée de l’Air fin septembre 2020.

Entre ce premier semestre 2019 et fin 2024 l’Armée de l’Air recevra un deuxième lot de MQ-9A Reaper. À la différence profonde des premiers exemplaires acquis ceux-ci seront livrés au standard Block 5 parfaitement aptes aux missions armées. Pour autant inutile de croire que les avions MALE sans pilote frappés de la cocarde française ne seront plus que des drones-tueurs, ce serait très mal connaître notre doctrine d’emploi de ces aéronefs. Ils demeureront avant tout une composante de reconnaissance aérienne, et donc de renseignement aéroporté, ayant en outre une capacité d’appui aérien tactique et d’attaque ciblée.
Fin 2024 l’Armée de l’Air alignera donc en théorie douze de ces engins, en espérant bien sûr qu’elle n’en ait perdu aucun entre temps.
Il n’est pas inenvisageable qu’un troisième contrat d’acquisition soit signé en 2025 pour douze nouveaux exemplaires, sauf si entre temps une alternative européenne réussit à voir le jour !

Photo © ministère des armées.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 Responses

  1. Bonjour,

    L’article est très intéressant, mais pour être vraiment précis, éviter une désinformation insidieuse pour les néophytes et pour vous démarquer des médias « non spécialisés en aéronautique militaire », il est inexact de dire que le Reaper est un avion sans pilote… C’est un avion piloté à distance, ses missions demandent un équipage de 4 personnes, en plus du pilote, un opérateur capteur est chargé d’optimiser l’utilisation des caméras, un coordinateur tactique est chargé d’orienter la mission et un opérateur image assure l’analyse fine des images… L’équipage n’est pas physiquement à bord, mais opère l’appareil à distance. Parler d’avion sans pilote résume le Reaper a un robot, or c’est tout sauf un appareil autonome…
    Excellente fin de week-end.

    1. Merci pour votre appréciation mais le drone est bien un avion sans pilote en français, également appelé unmanned aircraft vehicle en anglais. 🙂

    2. Bah, c’est une question de sémantique, le terme « unmanned » est à l’instar de « sans pilote » un tantinet vague, il a été supplanté par celui de drone depuis quelques années. Dans le cas présent, et en anglais comme en français, le terme implique tacitement qu’il n’y a pas de pilote présent à bord (même s’il omet de préciser qu’ils sont tout de même pilotés, nous sommes d’accord). Pour autant, comme le dit Arnaud, ce terme est consacré par les nomenclatures, donc de facto correct.

      Avions télécommandés de reconnaissance alors ? Dans les faits, c’est ce qui les définirait le mieux. Mais cela les ferait glisser pour les néophytes dans la très innocente caste des appareils d’aéromodélisme de loisir, donc le terme serait fallacieux également.
      Mais je suis d’accord avec vous, Marc, que cela peut réveiller les chimères du robot-tueur. Le simple principe d’armer des drones (ou avions pilotés à distance sans pilotes dans l’avion -c’est un peu pompeux ^^) semble déjà rebuter une partie de l’opinion publique… Lorsque viendra l’heure de Skynet (ou autre génération de machines de Défense dotées d’IA), nul doute que le terme « autonome » sera ajouté. Le plus tard possible je l’espère, à titre personnel.

      Et pourtant, ces appareils ont maints avantages par rapport aux avions de chasse. Coût (achat et heure de vol), autonomie sur zone, pour les plus accessibles au grand public. Et au passage la pédagogie de l’AdA est efficace : lorsque l’on montre les Reapers à l’écran, est quasi-toujours pour ne pas dire systématiquement incluse une séquence où les opérateurs sont présents.
      Dans le cas présent, les armer donnera simplement aux opérateurs la possibilité de traiter les cibles immédiatement, contre lesquelles de toute façon auraient été envoyés les avions d’armes avec les mêmes munitions, mais avec un temps de latence qui se compte sur ces théâtres en dizaines de minutes, voire parfois 1 à 2 heures, avec donc le risque de perdre les cibles, et à un coût décuplé. Honnêtement, on à tout à y gagner.

    3. C’est pour cela que je préfère les termes « Pilote à bord » et « Pilote déporté » qui peut être au sol ou bientôt à bord d’un avion de combat, tandis que le terme « Sans pilote » sera pour plus tard…
      Question « Autonomie », il est important que préciser sur quels sujets:
      Le pilotage, la navigation, le renseignement, la détection de la menace, la décision de délivrer les armes, etc.
      Pour le pilotage notamment le décollage et l’atterrissage, certains le peuvent déjà.
      Ensuite, pour le Neuron par ex., il est capable d’aller tout seul d’un point à un autre, rejoindre une position donnée en cas de coupure de liaison, etc.

  2. UN drone peut être un véhicule autonome (programmé et dirige par un algorithme. Il peut aussi être un véhicule non habité et dirigé depuis le sol par un opérateur humain. Et cela en temps réel grâce aux techniques de communication actuelle.

  3. Je suis toujours impressionné par la propension de certains à vouloir créer la polémique sur de pures points de sémantiques. En français, et je n’ai rien inventé juste réutilisé des termes existant déjà le synonyme de drone est avion sans pilote, point ! Ça ne devrait pas appelé à débat, et encore moins à pinaillage.

    1. Si, ça peut appeler à pinaillage, a fortiori dans le cas des drones armés.

      Beaucoup de médias mainstream sont vent debout contre la notion de drone armé en les comparant à des « robots tueurs ». L’idée de ces gens étant que la machine décide qui elle doit tuer sans que l’homme n’intervienne, ce qui n’est pas le cas, nous le savons tous ici.

    2. @Arnaud, aucune intention de polémiquer de ma part.
      C’était juste pour préciser que bientôt il faudrait être plus précis dans les termes, car le domaine des drones est en train d’évoluer à une vitesse folle

      1. Mon propos ne s’adressait évidemment pas à vous James mais à ceux qui ne commentent jamais pour autre chose que des points de sémantique… voire d’orthographe. 😉

  4. Bonjour,
    N’étant pas un spécialiste, il me semblait avoir lu que nous n’étions pas totalement autonomes dans l’utilisation de nos drones. Est ce vraiment le cas, et dans ce cas, qu’en serait il pour une utilisation offensive de ceux ci ?
    Merci de vos réponses.

    1. Bonjour, Bob. Arnaud me corrigera au besoin, mais effectivement au tout début de leur exploitation chez nous, les décollages et atterrissages étaient pilotés par des opérateurs américains. Il semble aujourd’hui que nous soyons autonomes à 100%. Même si les tensions économiques restent bien présentes avec les USA, l’ armée française est un partenaire de premier ordre avec l’US Army./ Navy / Airforce. Le matériel acheté est utilisable à 100% par l’acheteur.

      1. Depuis 2016 la totalité des vols d’avions sans pilote Reaper français se fait à l’aide de télépilotes appartenant à l’Armée de l’Air. Avant cela en effet de temps en temps des contractors américains se retrouvaient derrière le joystick.

  5. Merci pour vos reponses. Pour le coup c’est donc un vrai plus capacitaire en toute autonomie. J’aurais encore une question: nos pilotes ( équipages ? ) opèrent ils depuis le théâtre d’opération ou sont ils basés en France ?
    Merci encore.

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