L’avion de ligne russe Superjet 100 se relèvera t-il de l’accident du 5 mai 2019 ?

Dix jours après le drame qui a coûté la vie à 41 passagers et membres d’équipage on est en droit de se le demander. D’ores et déjà une cinquantaine de vols commerciaux a été modifiée par la compagnie Aeroflot afin de transférer les passagers sur d’autres avions jugés plus sûrs. Dans le même temps on apprend qu’au moins une compagnie aérienne russe a déjà annulé une commande de dix avions de ce type, préférant se reporter sur des avions de conception occidentale. Et en Russie des voix s’élèvent déjà pour plus de transparence autour de l’enquête sur cet accident mais aussi sur la dangerosité supposée du Superjet 100.

Il ne faut pas être devin pour voir dans cette défiance de l’opinion publique russe envers le Sukhoi Superjet 100 un effet Boeing 737 Max. Depuis le récent scandale qui a touché l’avion de ligne américain le grand public est beaucoup plus pointilleux vis à vis de la sécurité aérienne, y compris dans la Russie contemporaine. Et ce même si globalement elle n’y connait rien !

En Russie donc tout a commencé avec la compagnie aérienne Yamal Airlines, spécialisée dans les vols domestiques et internationaux moyens-courriers. Moins de 48 heures après l’accident de l’aéroport Chérémétiévo sa direction annonçait à l’avionneur l’annulation de sa seconde commande pour dix exemplaires du biréacteur conçu par Sukhoi. Yamal Airlines aligne actuellement une flotte de seize Superjet 100 mais également de biréacteurs de facture occidentale comme les Airbus A320 et A321 ou encore les Bombardier CRJ200-LR.
Le manque à gagner des dix avions russes annulés pourrait fort bien être combler par des avions canadiens ou européens, et pourquoi pas même l’A220 de construction euro-canadienne.

Mais le plus inquiétant est à chercher du côté d’Aeroflot. La puissante compagnie aérienne étatique russe a, en catimini, modifié une cinquantaine de ses vols intérieurs. Des liaisons aériennes régulières qui jusqu’à ce dimanche 5 mai 2019 étaient assurées par des Superjet 100 le sont désormais par des avions de facture occidentale : Airbus A320-200 et Boeing 737-800. Des avions qui peuvent sembler quelque peu surdimensionnés pour des vols courts-courriers assurés habituellement par l’avion de Sukhoi. Même si la compagnie aérienne ne communique nullement sur le sujet plusieurs sources indépendantes russes font état d’environ un tiers des Superjet 100 immobilisés depuis l’incendie.
Mais malheureusement Aeroflot ne possède plus une flotte aussi vaste et hétéroclite que durant l’ère communiste. Elle ne possède plus que le Superjet 100 comme jet régional.

Des rumeurs existent également actuellement sur une annulation prochaine d’options de trois exemplaires par Severstal Air Company en Russie et à l’export de deux avions par Aseman Airlines en Iran. Autant le dire tout de suite les conclusions des enquêteurs autour de l’accident récent seront sans doute examinées à la loupe par les futurs clients.
Déjà que les avions commerciaux russes peinaient à trouver un marché mais si en plus désormais ils sont victimes de la vindicte des compagnies aériennes et des passagers après accidents, cela va devenir de plus en plus difficile dans ce pays de venir faire de l’ombre aux surpuissants Airbus et Boeing.

Photo © Wikimédia Commons.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 Responses

  1. C’est dommage qu’il soit défaillant car je le trouve assez beau cet avion, il a un joli nez.

    1. Considéré le Superjet 100 comme défaillant est très prématuré. C’est un avion qui vient de connaître un drame et une annulation de commande mais il n’est pour l’instant interdit de vol dans aucun pays majeur. Ce biréacteur représente tout de même une des chances pour la Russie de revenir sur le marché aéronautique commerciale dont elle est quasi absente depuis l’effondrement de l’URSS.

  2. Lu dans le journal Les Echos, ce qui explique que les compagnies rechignent à se doter du Sukhoi Superjet 100, c’est la disponibilité des pièces de rechanges. Le journal économique citait l’exemple que lorsqu’un avion Airbus ou Boeing avait un essuie-glace cassé, tous les grands aéroports mondiaux possèdent sur-place de telle pièce de rechange en stock et les deux grands constructeurs aériens expédient de nouvelles pièces en quelques jours car ils en fabriquent en permanence. Dans le cas du Sukhoi Superjet 100, il faut 3 mois pour commander puis recevoir un nouvel essuie-glace. Bref pendant 3 mois l’avion est immobilisé à cause du manque d’une pièce au prix marginal par rapport à la valeur de l’avion … et ce que n’apprécient absolument pas les compagnies aériennes.

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