L’US Air Force sélectionne l’A-29 Super Tucano, sans fermer la porte à l’AT-6 Wolverine.

Une fois de plus l’US Department of Defense ménage la chèvre et le chou. Ce jeudi 8 mai 2019 l’état-major de l’US Air Force a fait savoir qu’il chargeait le constructeur américain Sierra Nevada Corporation d’entamer les négociations avec Embraer afin d’assembler sous licence des A-29 Super Tucano d’attaque légère et de reconnaissance. Dès le lendemain cependant ses porte-paroles ont rappelé qu’ils continuaient à s’intéresser au Beechcraft AT-6 Wolverine, et envisageaient également d’en commander. Outre-Atlantique l’hypothèse d’une commande double à hauteur de 50% pour chacun des deux avions est donc plus que jamais d’actualité.

En fait il existe un accord entre Embraer et Sierra Nevada Corporation depuis février 2013 et la proposition de l’A-29 Super Tucano comme futur avion d’attaque légère et de reconnaissance de l’US Air Force. Il prévoit que les monomoteurs soient assemblés aux États-Unis à partir d’éléments fournis directement par l’avionneur brésilien. Ainsi les deux parties réussissent à contourner les règles commerciales américaines sur le protectionnisme économique. Les avions demeurent brésiliens mais font travailler de main d’œuvre américaine sur le territoire américain. Tout le monde y trouve son compte.

Le programme OA-X est concentré sur la production et l’achat de 360 avions par l’US Air Force. Ceux-ci doivent équiper huit escadrons de combat et trois d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle. Cependant il n’y a quasiment aucune chance qu’Embraer et Sierra Nevada Corporation fournissent toutes ces machines, au mieux il est question de 200 exemplaires, le reliquat concernant le Beechcraft AT-6 Wolverine. Mais certains experts parlent même en fait 50% du contrat pour chacun des deux monomoteurs.

Pour mémoire l’AT-6 Wolverine est un lointain dérivé lourdement armé de l’avion d’entraînement Beechcraft T-6A Texan II actuellement en service dans l’aviation et l’aéronavale américaines. Et lui a l’avantage d’avoir été conçu aux États-Unis et d’y être construit. Même si en fait ses origines sont européennes, et plus particulièrement suisses.

Mais alors pourquoi l’US Air Force a t-elle d’abord choisi un avion étranger et non américain ? Car à la différence notable de l’AT-6 Wolverine encore expérimental l’A-29 Super Tucano a déjà été vendu dans le monde, et notamment pour des missions de combat. Ils en remplit évidemment au Brésil mais également sous cocardes afghanes, libanaises, ou encore nigérianes. Pour mémoire en mars 2013 vingt avions avaient déjà été acquis par les États-Unis avant d’être finalement rétrocédés quelques semaines plus tard à un obscur contractor travaillant pour la CIA ou n’importe quelle agence de renseignement rattachée au Pentagone. Ils ont été aperçu en Afghanistan et en Irak sous immatriculation civile américaine.

Alors les futurs A-29 Super Tucano devraient entrer en service au sein de l’US Air Force au début de l’année prochaine, et ce pour une durée minimum de 25 ans. Ce choix est aussi très symptomatique d’une puissante force aérienne qui ne veut pas faire reposer toute sa capacité d’appui aérien rapproché sur ses seuls drones de combat. Les avions de facture brésilienne emporteront d’ailleurs un arsenal très proche de celui des General Atomics MQ-9 Reaper : bombes lisses, bombes à guidage laser et/ou GPS de moins de 500kg, roquettes en paniers, et missiles air-sol légers AGM-114 Hellfire. Ils seront directement placés sous l’autorité de l’Air Force Special Operations Command.

Photo © Embraer.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 Responses

  1. Ce genre d’avion, ça n’irait il pas bien pour la France, pour être utilisé par exemple au Mali?

    1. En l’état, je pense que le futur armement de nos Reaper fera le boulot de manière bien plus rationnelle et efficace, à chargement peu ou prou similaire, endurance très supérieure, et un coût infiniment moindre puisque déjà en service sous nos couleurs (et confirmé avec l’achat d’autres appareils).

      Contre des cibles parfois très éloignées des terrains d’aviation, il a été démontré depuis l’Afghanistan que le drône orbitant longuement sur zone, lentement, hors de portée visuelle et capable de délivrer silencieusement son armement en profitant d’une opportunité, est en bien des occasions supérieur aux jets qui mettent un temps fou à arriver sur place, ont peu d’autonomie sur zone, et mobilisent de surcroit des ravitailleurs.
      En attendant les GBU sur nos Reapers, les Mirage 2000 qui les emportent partant de Niamey rencontrent bien des soucis de montre pour frapper, car le temps de vol est long (même pour des jets, alors pensez pour des avions à hélice), et bien souvent les pick-ups ont filé. Quant à la discrétion !….

      Un appareil à piston d’attaque légère / observation étant par nature ultra-spécialisé, seuls quelques pays en ont une réelle utilité sur le cahier des charges : de premier plan pour le Brésil ou quelques pays peu argentés par exemple avec la lutte anti-guérilla sur leur propre territoire, ou comme les USA pour des missions extérieures dans un environnement sol/air-air à faible intensité ne nécessitant pas l’emploi de coûteux jets (en substitution donc).
      C’est dans ce second cadre que nous nous trouverions, en théorie, mais l’AdA n’a pas la carrure (ni les budgets) de l’USAF, et de surcroit cet appareil serait redondant avec le futur usage de nos drones MALE. Bref cette idée n’a pas d’avenir sous nos couleurs à mon humble avis.

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