Un EP-3E Aries de l’US Navy intercepté de manière agressive par la chasse vénézuélienne.

L’incident n’a été révélée que ce dimanche 21 juillet 2019. Il remonte pourtant à l’avant-veille, soit ce vendredi 19 juillet 2019 quand un avion de surveillance électronique Lockheed EP-3E Aries en mission de lutte contre les trafics de stupéfiants a été intercepté dans l’espace aérien international par deux Sukhoi Su-30 vénézuéliens. Caracas soutient mordicus que l’avion américain avait violé son espace aérien et se préparait à survoler les abords de la capitale. Washington de son côté nie et persiste à dire que son avion n’a jamais pénétré ce dernier.

L’un des deux Su-30 vu depuis une caméra de l’EP-3E Aries.

En fait les survols de l’arc caribéen par les Lockheed EP-3E Aries de l’US Navy sont beaucoup plus fréquents qu’on ne pourrait le croire. Ils sont engagés en raison de leurs équipements ultra-sophistiqués destinés habituellement à l’espionnage aéroporté. Des appareillages qui font des merveilles pour traquer et débusquer les go-fast, ces vedettes rapides qui réalisent des transits de drogue à grande vitesse sur les eaux de cette région. Et de ce fait ces patrouilles d’EP-3E Aries se font avec une relative acceptation de la part de l’ensemble des pays de la région, sauf bien entendu le Venezuela.

Dans l’esprit des militaires vénézuéliens il s’agit avant tout de missions d’espionnages déguisées afin de surveiller leur propre territoire et de renseigner les ennemis intérieurs du régime autocratique de Nicolas Maduro. Il faut dire que Washington, comme la majorité des capitales européennes, soutient l’opposition vénézuélienne en la personne de Juan Guaido.
Caracas estime donc officiellement que les vols d’EP-3E Aries ont pour but de renseigner ce dernier et absolument pas de traquer les trafiquants de cocaïne. Il faut dire aussi que depuis des années le pouvoir vénézuélien combat en interne le trafic de drogue mais joue un double-jeu en n’empêchant pas les exportations vers l’arc caribéen, et donc l’Amérique du nord et l’Europe.

Or ce vendredi 19 juillet 2019 l’avion américain volait avec son transpondeur allumé et opérait au-dessus des Caraïbes quand deux échos radars approchant à grande vitesse ont été détecté. Il s’agissait de deux Sukhoi Su-30MKV Flanker-C porteurs des marques de nationalité vénézuéliennes. Ils avaient pris l’air depuis une base distante d’environ 200 kilomètres du lieu de l’interception. Selon la Fuerza Aérea Vénézolana l’avion américain avait violé durant quelques secondes son espace aérien souverain en prenant la direction de Caracas avant de faire demi-tour. Surtout les Vénézuéliens insistent sur le fait que l’avion américain n’a pas répondu aux injonctions à la radio. Il faut savoir que la défense aérienne vénézuélienne communique généralement en espagnol et non en anglais comme c’est la règle.

Si l’un des deux avions est resté à bonne distance de l’avion-espion américain le second a réalisé plusieurs passages jugés très agressifs par le Pentagone. Le Sukhoi Su-30MKV en question a, au moins trois fois, frôlé le Lockheed EP-3E. Pour mémoire ce dernier avion n’est pas armé, et les pilotes vénézuéliens le savaient forcément. L’avion de combat était suffisamment proche pour que les marins américains aient pu le photographier et le filmer à plusieurs reprises. Quand à son ailier il demeurait lui à bonne distance, respectant les manœuvres normales d’interception.
Durant toute la durée de l’accrochage l’avion de l’US Navy est demeuré dans l’espace aérien international, avec toutes les autorisations liées à sa mission anti-drogue.

Autre vue du même avion, toujours aussi agressif.

Au bout de quelques (longues) minutes les deux avions de combat vénézuéliens ont décroché et sont rentrés à leur base. Avisé en temps réel par radio le contrôle aérien américain a exigé que son avion cesse sa mission et fasse retour au pays immédiatement. Désormais c’est entre les mains des diplomates américains que se joue l’avenir de cet incident diplomatique majeur entre les deux pays. Il intervient au pis moment, alors même que le Pentagone avait relâché la pression contre le régime Maduro. Pour autant l’US Navy ne compte pas en finir avec ses vols de reconnaissance liés à la guerre contre la cocaïne.

On remarquera que comme elle l’avait déjà fait auparavant l’US Navy n’hésite plus à produire des photos de ces manœuvres aériennes agressives. Une politique de transparence qui va dans le sens de l’aéronavale américaine.

Photos © US Navy.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 Responses

  1. Les photos ne montrent pas grand chose d’agressif ….De plus peut-être que le zoom est utilisé?…Qui ose intercepter un avion US qui pénétre dans un espace étranger ? Quel culot! Bon blague à part et pour l’avoir subi plusieurs fois, une interception musclée se fait sans contact radio et au ras des moustaches ( disons moins de 30 mètres ) par un passage plein pot (PC allumée et croyez moi ça fait du bruit)…C’était peut-être le cas …Mais faut pas pleurer quand on la joue provoc!!!!

    1. Habituellement la lutte contre les trafics est mené par l’U.S. Coast Guard qui possède les moyens nécessaire aussi bien aériens que maritimes. Donc que faisait l’U.S. Navy ?
      Les américains ont beau jeu de jouer la victimisation mais à chaque fois leurs avions émettaient avec leurs capteurs à pleine puissance et sur de larges fréquences, Un peu comme si votre voisin jouait de la batterie toutes les fenêtres ouvertes, histoire de mettre vos nerfs à l’épreuve.

      1. Comme c’est écrit dans l’article les missions des EP-3E Aries sont régulières et permettent aux différents acteurs de la lutte anti-drogue de disposer des moyens spécifiques de ces avions-espions. Donc voilà ce que faisait l’US Navy.

  2. Pour avoir vu les vidéos de l’incident diffusées pas la Navy (couleur et IR), les photos sont certes zoomées, mais il n’en reste pas moins que l’appareil vénézuélien manœuvrait dans tous les sens autour du patrouilleur américain, bien loin d’un plan de vol rectiligne et parallèle comme il est d’usage de le faire lors d’une reconduite conventionnelle -et pacifique- à la frontière. D’aucuns diront que cela a été faut à la manière russe ^^.

    Mais enfin, dans le contexte, selon moi l’agressivité du pilote de Caracas peut cependant se comprendre.
    La présence d’un avion US à capacités ELINT (même si sa mission était officiellement de la lutte anti-drogues) non loin de la zone de souveraineté vénézuélienne, ajoutée au niveau de tension diplomatique paroxystique entre les deux pays (enfin, du côté de Maduro, qui contrôle l’armée), tout ça n’est certainement pas étranger à la manière dont cette rencontre a eu lieu, et au ton des communiqués qui s’ensuivirent.

  3. il est pas armé le Sukhoi sur les images, il allait pas pouvoir faire grand chose de toute façon, il a dut jouer sur le « physique » et faut croire que ça a marché vue les réclamations du pentagone :/

    1. Donc vous sur une simple photo vous arrivez à voir si le canon-mitrailleur d’un avion de chasse est alimenté ou non. Vous me direz votre secret ?

    2. L’incident Sud-Coréen récent (avec lancement de flares et tirs de semonce au 20mm) devrait nous rappeler, Strider, que les missiles ne sont pas nécessaires pour mettre en danger un avion intercepté. Outre les canons de bord, une collision n’est jamais à exclure (c’est arrivé par le passé à un autre EP-3, percuté par un F-8 Chinois puis plus ou moins « capturé » quelques jours), et n’oublions pas non plus que comme le disait Lizher, qu’un passage d’intimidation avec postcombustion au raz des moustaches peut sacrément secouer l’appareil qui subit ces turbulences.
      Tout est dans la manière de voler, et là en effet comme vous le dites, le pilote du Flanker l’a joué « sur le physique ».

    1. Aucune source ne va dans ce sens. J’aimerais bien savoir ce qui vous faire dire que le Venezuela n’est pas capable d’avoir ses propres pilotes et doit donc faire appel à Moscou ?

  4. Aucune source en effet, une simple intuition…Je ne remets surtout pas la compétence des pilotes vénézuéliens mais je me demande si cela était le cas ( les US le sauraient vite ) si ce n’était pas une manière de faire un pied de nez et de montrer que la Russie est aussi sur ce théâtre ( ce qui est le cas à n’en pas douter)…Allez savoir…

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