Trois décennies déjà que les deux Gabriel protègent la France !

Indubitablement ils sont parmi les avions militaires les moins connus des Français, et pour causes. Depuis octobre 1989 l’Armée de l’Air aligne deux avions-cargos C.160 Transall très profondément modifiés pour le renseignement aéroporté sous le nom de Gabriel. Des avions qui sont aujourd’hui au crépuscule de leur carrière, leur remplacement ayant été annoncé l’an dernier. Pour autant les femmes et les hommes de l’Escadron Électronique Aéroporté 54 Dunkerque ne comptent pas leurs heures.

Gabriel en évolution au-dessus des côtes normandes.

Même s’ils furent conçus spécifiquement pour espionner l’ex-URSS les deux Transall C.160G Gabriel ont su évoluer et s’adapter aux bouleversements géopolitiques des trente dernières années. Et ils les ont accompagné, ce qui finalement est assez logique pour des espions.
Car il ne faut pas se voiler la face ces deux avions ne sont ni plus ni moins que des appareils de recueil du renseignement électronique, donc des avions-espions. Ils sont surtout la preuve formelle que l’Armée de l’Air est actuellement encore une des rares forces aériennes au monde à pouvoir disposer de tels moyens de reconnaissance. Une capacité qu’elle partage notamment avec la Royal Air Force ou l’US Air Force.

Et au cours de ces trois décennies les avions français ont largement sillonné les cieux de la planète. Même si nombre de leurs missions sont encore couvertes par le secret défense on sait qu’ils étaient présent dans le Golfe en 1990-1991 face aux forces baasistes de Saddam Hussein ou encore plus récemment en Afghanistan traquant sans relâche les émissions GSM des téléphones portables des forces talibanes. Si c’est chaud et très dangereux vous pouvez être sûr que même d’une manière très discrète un des deux C.160G Gabriel français a été sur zone.
Si officiellement leur présence n’a jamais été annoncé de très fortes rumeurs ont existé sur la présence d’un avion en Jordanie entre 2015 et 2018 afin de pourchasser les communications des djihadistes de l’organisation Daech en Irak et sans doute en Syrie. Il en est sans doute de même en Afrique où ces avions sont particulièrement adaptés à la guerre menée par la France et ses alliés du G5 Sahel contre les groupes terroristes islamistes armés.

Pour bon nombre de nos concitoyens, néophytes en matière d’aéronautique et/ou de défense, c’est cette année qu’ils ont découvert l’existence du Transall Gabriel. En effet l’un d’eux a pour la première fois défilé au-dessus des Champs-Élysées dans le cadre des festivités du 14 juillet. Une manière comme une autre de souligner l’impact de cet avion sur le quotidien de nos militaires, lui qui va bientôt quitter le service actif.

Un avant clairement identifiable aux antennes qui le hérissent.

Bientôt mais pas tout de suite tout de même, rassurez-vous. Dans le cadre du programme CUGE, pour Capacité Universelle de Guerre Électronique, les deux Transall Gabriel doivent laisser la place à trois jets d’affaire triréacteurs Falcon 8X très profondément modifiés. Nommés Falcon Epicure par Dassault Aviation il semble qu’ils prendront le nom de baptême d’Archange dans l’Armée de l’Air lorsqu’ils entreront en service à l’horizon 2025.

On voit ici clairement que la cellule de l’avion est fatiguée malgré les bons soins des mécanos.

D’ici là cependant les deux Gabriel et leurs équipages ont encore largement le temps de rendre de fiers services à la France, que ce soit pour le compte de la Direction du Renseignement Militaire, de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure ou de toute autre composante de ce que l’on nomme (un peu pompeusement) la communauté française du renseignement. Et bien sûr au quotidien les femmes et les hommes de l’Escadron Électronique Aéroporté 54 Dunkerque décolle depuis la Base Aérienne 105 d’Évreux (ou d’ailleurs dans le monde) de manière très discrète mais avec toujours autant de professionnalisme et de dévouement. Trente ans que ces gros bimoteurs volent, et cela commence à se voir sur leurs cellules. Chapeau bas donc autant à celles et ceux qui sont dans les avions qu’autour pour les entretenir.

Photos © Armée de l’Air.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 réponses

  1. Sans oublier les 2 Beechcraft 350 ALSR qui doivent être reçu en 2023.
    C’est dingue que depuis 1989 la France n’aligne que deux avions pour le renseignement électromagnétique. Pendant ce temps la RAF, qui est comparable à l’armée de l’air, aligne 6 Shadow R1, 5 Raytheon Sentinel R1 et 3 RC-135 Airseeker.

  2. Malgré leurs antennes qui hérissent, de loin, il est tout de même difficile de distinguer un Gabriel d’un Transall « normal », idem pour les futurs CUGE à base de Falcon 8X qui doivent pouvoir se fondre dans la flotte des avions civils.
    Pour un avion spécifiquement conçu pour ces missions, il ne bénéficiera pas de cette « discrétion » bien utile.

  3. La cellule n’est pas  » fatiguée » mais défraichie…On peut penser raisonnablement, que même si les heures de vol s’accumulent, les 2 Gabriel ont beaucoup moins morflés que les C160 dédiés au transport et autres missions tactiques sous toutes les latitudes…Aller un dernier coup de peinture avant la retraite……

  4. On peut quand même dire un grand merci à tout le personnel technique qui gravitent autour et permettent aux pilotes de voler en sécurité. dommage qu’ils partent,ces avions ,c’est quand même une grande partie d’histoire

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