Les avions américains ne devraient finalement pas frapper l’Iran.

L’une des infos les plus hallucinantes concernant la crise actuelle entre Téhéran et Washington est venue du Congrès américain. Ce jeudi 13 février 2020 les sénateurs américains ont décidé de brider l’action militaire des États-Unis face à l’Iran. Une décision prise alors qu’une cinquantaine d’avions de combat de l’US Air Force et qu’un porte-aéronefs ainsi qu’un porte-avions de l’US Navy sont présents dans la région. Saluée par la république islamique cette décision sonne comme un camouflet pour l’actuel locataire du bureau ovale.

Et pendant ce temps les vols s’enchainent à bord de l’USS Harry S. Truman.

La veille de cette historique décision le porte-aéronefs USS Bataan franchissait le détroit d’Ormuz, au plus près des eaux territoriales iraniennes, entrant ainsi dans le golfe persique. À son bord des avions de combat AV-8B Harrier II, de transport MV-22B Osprey, mais également des hélicoptères d’appui AH-1Z Viper et UH-1Y Venom. Un arsenal aérien très commun sur ce type de navire de guerre mais qui demeure tout de même un outil de la pression diplomatique voulue par Donald Trump à l’égard de la république islamique.
Dans le même temps de très classiques avions terrestres A-10C Thunderbolt II, F-15E Strike Eagle, et F-16C/D Fighting Falcon sont déployés à quelques centaines de kilomètres de l’espace aérien iranien, principalement dans des émirats du Golfe. Eux aussi remettent un peu de pression dans l’affaire.

Là où la décision des sénateurs américains en a surpris plus d’un c’est qu’ils sont majoritairement républicains et que le vote ne s’est pas fait dans la difficulté. En effet ce sont 55 votants qui se sont exprimés en faveur d’une limitation de l’action militaire américaine face à l’Iran tandis que 45 votaient contre. Des sénateurs du camp de l’actuel président américain ont donc voté contre lui, alors même qu’ils lui avaient sauvé sa carrière politique quelques jours auparavant lors du procès en destitution voulu par l’opposition.
Cependant la constitution américaine prévoit que le Président des États-Unis appose un véto à toutes décisions de ce genre s’il estime que cela va à l’encontre des intérêts stratégiques américains. On se demande si Donald Trump le fera…

En attendant donc le porte-avions USS Harry S. Truman continue ses ronds dans les eaux de la mer d’Arabie, comme l’USS Abraham Lincoln avant lui. Et évidemment les pilotes des EA-18G Growler, F/A-18E/F Super Hornet, et autres E-2D Hawkeye continuent de brûler du carburant en décollant et en appontant le plus souvent possible. Des opérations aériennes qui commencent vraiment à inquiéter les tenants des dépenses publiques américaines.
Aux États-Unis de plus en plus d’observateurs de la vie publique et politique se demandent où la Maison Blanche veut en venir avec l’Iran. Car hormis un blocus à peine déguisé qui a coûté très cher à la défense américaine bien peu d’Américains comprennent où Trump et le Pentagone veulent en venir dans cette histoire.

N’oublions pas que sur l’île britannique de Diego Garcia, dans l’océan indien, l’aviation américaine a déployé une dizaine de bombardiers stratégiques B-1B Lancer et B-52H Stratofortress. Cette base bien connue des équipages américains est hors de portée des missiles iraniens. Tandis que de son côté le territoire de la république islamique peut lui être frappé par ces avions à long rayon d’action.

Au final est-ce la fin de mission pour les vénérables Stratofortress dans la région ? Pas sûr…

Au final même si Donald Trump appose son véto à la décision du Congrès il ne peut plus engager d’actions de guerre contre l’Iran. Le casus belli de l’attaque des missiles de croisière iraniens contre la base américaines en Irak est désormais trop ancien pour plaider en faveur d’une quelconque décision de frappes. Hormis ses plus farouches supporters les Américains ne le suivront pas sur cette question. En cela les sénateurs ont gagné.
Est-ce pour autant le signal du départ pour les marins des navires de guerre américains et les équipages des avions de l’US Air Force stationnés dans la région ? Peu de chances non. Eux resteront sans doute plusieurs mois encore, histoire de sauver la face… présidentielle.

Photos © US Department of Defense.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

6 réponses

    1. Les S300 et S400 dans l’arsenal iranien, c’est purement un argument russe. Je ne pense pas que cela influence d’une quelconque manière l’US Department of Defense.

      1. Vous êtes sans doute plus expert que moi …!
        Mais un F35 ou un F18, voire un F22 envoyé au tapis par un SAM russe, mauvaise publicité pour le marché américain, non ?
        C’est risqué pour vouloir vendre des avions entre 50 et 100 Millions de $ pièces..
        Cela ressemble un peu au poker 🙂
        Cordialement.

  1. Malheureusement, si la décision de frapper directement l’Iran est prise un jour, le feu au poudre sera mis. Entre, les Turcs et les Syriens, les Chiites et les Sunnites, la région n’a pas fini d’être instable….

    1. Non nous n’abordons pas le cas du Yémen car les informations accessibles dessus sont trop fragmentaires et toujours passées par le tamis de la propagande saoudienne. Donc non c’est un choix assumé.

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