Vers une sortie de crise franco-européenne autour du SCAF.

C’est assurément l’information aéronautique du jour. Le très sérieux journal économique «La Tribune» annonce que le consortium européen en charge du développement du Système de Combat Aérien du Futur est tombé d’accord sur les grands principes. C’est donc la fin supposée d’un drame qui se jouait entre Airbus Defense & Space et Dassault Aviation, certains diraient entre Berlin et Paris. Des menaces d’un «plan B» franco-français avaient même été émises.

À la base rappelons-le l’avionneur européen exigeait de son homologue français l’accès complet aux données industrielles du futur système de combat commun. Dès lors des commentaires, souvent mêlées d’insultes aux vieux relans germanophobes avaient fusés ça et là. Des commentaires qui relevaient souvent bien plus de la parole de poivrots au zinc d’un quelconque bistro que d’une réelle expertise ou connaissance dans les domaines de l’aéronautique et de la défense. En parallèle Airbus DS et Dassault Aviation, avec en second plan les diplomaties allemandes, espagnoles, et françaises négociaient âprement.

Des négociations si dures que la presse francophone n’hésita pas à parler d’un «plan B» qui existerait chez Dassault Aviation et permettrait de se passer des Allemands et des Espagnols. Ceux-ci seraient alors condamnés à rejoindre les Britanniques, les Italiens, et les Suédois au sein du programme concurrent Tempest. Ce «plan B» avait cependant, si réellement il a existé, une faille : avec lui plus de financement allemand et espagnol, l’économie française était seule pour tenir intégralement le programme.

Car si le SCAF peut se permettre d’être ambitieux c’est bien grâce à la présence des trois économies : allemandes, espagnoles, et françaises. Et surtout Airbus DS et Dassault Aviation ne représentent pas 100% du consortium, loin de là d’ailleurs. Face à leur guéguerre économique et industrielle on trouve les motoristes MTU et Safran ainsi que les équipementiers MBDA et Thales. Et sans doute aussi une flopée de petites et moyennes entreprises en sous-traitance. Surtout le SCAF n’est pas un pur avion de combat, c’est plutôt un véritable environnement européen, les mauvaises langues le disent franco-européen. Il comprend à la fois un chasseur furtif de 5e génération, un drone de combat furtif, ainsi qu’un système englobant les deux. C’est en cela que c’est réellement révolutionnaire !
Et on comprend mieux pourquoi ni Airbus DS ni Dassault Aviation ne souhaitent tourner le dos à ce programme dont le coût avoisine déjà (selon estimations) les cent milliards d’euros sur 25 ans. Un démonstrateur technologique est attendu d’ici cinq ans.

Du côtés des chancelleries allemandes, espagnoles, et françaises on se contente de botter en touche. Des annonces officielles sont attendues pour la semaines prochaine. Reste à savoir qui d’Airbus DS ou de Dassault Aviation a le plus mis d’eau dans son vin. C’est le jeu dans un consortium : on met de côté son égo et on avance pour le bien du plus grand nombre. Ça rappelle un peu la construction de l’aéronautique européenne autour d’Airbus dans les années 1970/1980.
La synthèse c’est dans l’ADN de l’avionneur européen, moins dans celui de son partenaire français.

Illustration © Airbus DS.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

17 réponses

  1. Bonjour,
    De mémoire, c’est Eric Trappier, PDG de Dassault, qui a parlé d’un plan B lors d’une audition au Sénat. La presse n’a fait que reprendre ses propos Concernant le financement franco-français, cela à dû être étudié.

    1. Les Français n’étant pas des champions du travail en équipe c’est évident que ça bloquera de nouveau.

      1. je trouve ça fort de café de reprocher à la france de pas savoir travailler en équipe quand on sait que la dernière fois ou on a voulu faire un simple avion de transport (coucou a400m) avec des « partenaires » (je met des guillemet car ce terme me fait beaucoup rire dans un groupe géopolitique ou chacun joue ses intérêt nationaux) ça a finit avec des avions qui ne répondait à aucune spécification car tout le monde voulait sa petite spécification.il a fallut des années et des surcouts supplémentaire pour réussir à tirer quelque chose de potable.

        pour l’aéronautique en général les allemands sont globalement en retard sur la France et font énormément de sous traitance dont leurs compétences sont bonnes à prendre. assemblent quelques avions de la famille 320, quelques hélicos mais pas de quoi sauter au plafond non plus.

        sinon pour la motorisation il faudrait rappeler aux députés allemands un jour ou l’autre que MTU ne vend quasiment que de la sous traitance à GE, rolls et autre et que par conséquent il faudrait voir à se détendre un peu sur cette histoire de moteur mais que rien ne les empêche de se mettre autour d’une table avec safran pour essayer de sortir quelque chose de valable.

        1. De toutes manières Strider_on personne ici ne s’attendait à ce que votre commentaire prenne une autre tournure que celle du 100% pro-français. Le problème c’est que dans votre acharnement vous en oubliez qu’Airbus n’est pas un avionneur étranger. La France y est partie prenante.
          Après votre diatribe sur nos partenaires allemands est typique de ces franchouillards à la mentalité de café du commerce, vous en êtes même mon vieux un archétype absolu. Mais bon on ne fera jamais d’un cheval de bois un cheval de course.

    2. Ou Dassault se fera manger par Airbus (ce qui en soit, parait logique en fin de compte, leurs produits étant plus complémentaires que concurrents). D’autres constructeurs européens devraient aussi considérer le parapluie Airbus vus les appétits chinois, voir américains, et face la crise covid du secteur (Pilatus, Grob, Aero, Ruag Dornier, Tecnam… Voir l’exemple Diamond Aircraft).

  2. Bonjour,
    Vous parlez d’ « un drone de combat furtif ». Si j’ai bien suivi, le SCAF ne concerne sur ce thème que des drones de type « Loyal Wingmen, ou Remote Carrier » et non de vrais avions sans pilote très furtifs de type Neuron ou S-70 « Okhotnik.
    Ce dernier type ne rentre-t-il plus dans la vision française de l’armée de l’air de demain ? La configuration Remote Carrier remplit-t-elle finalement aussi bien le rôle ?
    Je suis toujours étonné de voir qu’on a développé une technologie européenne avec le Neuron et qu’on en fasse rien (FCAS franco-britannique endormi voire mort, rien dans le SCAF, pas de suite à Neuron en dehors de quelques essais ….) alors que d’autres pays se lancent à fond dedans (Russie notamment)

    1. Euh sauf qu’en dehors de la propagande russe personne ne parierait un kopeck sur la furtivité de l’Okhotnik.

    2. SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) est un programme regroupant un avion, le NGF (New Generation Fighter), et ses drones (spécialisés ?), le tout combattant en réseau, chaque maillon démultipliant les capacités et possibilités de l’ensemble.
      Quant aux opinions de l’article en lui même, disons qu’il n’engage que son auteur.

      1. D’accord avec, vous c’est un article totalement partisan anti français c’est la honte, je me demande combien de posts ont été censurés

        1. Tout le temps que l’on perd à devoir modérer des commentaires comme le vôtre Palou c’est un temps en moins pour la rédaction des articles, fiches, et mini-dossiers du site. Et arrêtez de pleurnicher avec votre supposée censure. Car si vraiment c’est cela que vous chercher Palou nous pouvons parfaitement décider de censurer l’intégralité de vos commentaires et cela définitivement. Là au moins vous pourrez vous plaindre comme un gamin de 8 ans dans sa cour de récréation. Grandissez, mûrissez un peu ! Zut.

      2. Mon commentaire n’est en rien une critique de l’article ou du SCAF ou même un propos pro-Okhotnik, juste une interrogation sur l’absence de drone lourd dans le SCAF qui doit certainement s’expliquer en terme de vision stratégique. Je cherche juste l’explication.

        Peut-être qu’on arrive pas à remplacer, même de façon très limité, le pilote … notamment en combat aérien ? Donc un Remote Carrier « quasi-jetable » est finalement plus logique qu’un gros truc chère qui ne sait pas se défendre ?

        Je m’interroge juste. Surtout que le Neuron était présenté comme une grande réussite (c’est surement vrai) … sans suite lancé jusqu’à présent. Il me semble qu’on revient à une stratégie avion avec pilote embarqué et « munition » (même si les munitions volent un peu plus toutes seule) ?

  3. Merci et bravo ! pour cet article équilibré qui nous change des philippiques anti Scaf rédigées par les intellos parisiens des soi-disant « groupes de réflexion » Mars et Vauban publiées ces dernières semaines sur le site de la Tribune.
    Des interventions dont on pourrait penser, avec un tantinet de mauvais esprit, qu’elles devaient servir à aider Dassault à faire capoter le projet européen.
    On ne se refait pas : franchouillard un jour, franchouillard toujours.

    1. Article équilibré si on veut, mon post relatant des déboires de feu la Manufacture d’Armes de Saint Étienne siphonnée et coulée par nos amis allemands (On en est réduit à leur acheter les fusils que nos ingénieurs on contribué à mettre au point) ne passe pas la barrière de la censure..

      1. D’abord il n’y a pas lieu d’avoir des posts Palou, vous n’êtes pas sur un forum mais sur un site ouvrant ses articles aux commentaires. Ensuite celui que vous aviez mis sur les manufactures d’arme a été modéré car hors-sujet. Voilà ça s’appelle rétablir la vérité. Maintenant vous pouvez hurler à la censure, ça ne changera rien Palou.

  4. Bonjour Arnaud, j’espère que la France ne s’est pas couché, car les Allemands sur le futur char d’assaut savent bien défendre leurs intérêts et nous laisser au second plan, et il n’est pas honteux ou absurde de faire attention à défendre les nôtres, on ne vit pas dans un monde de bisounours et malheureusement j’ai peur que notre pays soit celui qui fait toujours le plus de concessions pour ne pas dire TROP.
    Je suis surpris par tant d’intolérance pour ceux qui restent sur leur garde vis à vis d’une Allemagne qui au passage a su prendre petit à petit le contrôle d’Airbus au grand dam de la France.

    1. Merci Arthur 25 d’illustrer par votre commentaire mon propos comme quoi les Français sont incapables de travailler en équipe. Vous en avez fait la démonstration avec votre vocabulaire.

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