ALSR Vador, l’avion de surveillance incapable de surveiller !

Soyons très honnêtes c’était un des aéronefs dont l’entrée en service était parmi les plus attendues par la France depuis longtemps. Or depuis ce lundi 11 octobre 2021 on sait que l’ALSR Vador, l’Avion Léger de Surveillance et de Reconnaissance, aurait de graves carences en matières de rendues d’images. En cause une partie de l’avionique achetée aux États-Unis mais également d’une certaine manière la pingrerie d’un ministère des Armées qui est allée au moins cher. Résultat : aujourd’hui les deux avions livrés à l’Armée de l’Air et de l’Espace ne sont pas pleinement utilisables et leur mise en service opérationnelle a été retardée de plusieurs mois.

Rendons à César ce qui est à César, c’est aux excellents journalistes du magazine français Air & Cosmos que nous devons cette révélation. En fait depuis plusieurs semaines des sons de cloches nous arrivaient sur un défaut majeur autour de ces bimoteurs de surveillance et de reconnaissance, sans clairement que l’on sache de quoi il ressortait. Maintenant nous le savons.

Au centre de la polémique ne se trouve ni l’avionneur américain Beechcraft qui a fourni les Super King Air 350 sur lesquels sont basés ces avions, ni les industriels français Sabena Technics et Thales qui ont assuré la maîtrise d’œuvre du programme ALSR.
Le fautif c’est bien le ministère des Armées, et plus précisément ses financiers qui ont cherché à doter l’avion d’un système de visualisation optronique Star Safire développé par le géant américain Teledyne Technologies Inc. au travers de sa filiale spécialisée FLIR Systems. Il semble qu’à l’achat cette «boule» soit globalement 10 à 15% moins chère que les équipements proposés par le principal concurrent, américain lui-aussi, la société L3 Technologies.

Premier point sur lequel le bat blesse, la Star Safire ne donne pas totale satisfaction aux militaires français en raison d’un rendu d’imagerie bien insuffisant aux regards des attentes. Second point important les équipements optroniques développés par L3 Technologies sont d’ores et déjà omniprésents au sein des forces françaises à l’image des systèmes MX-15 et MX-20. On en retrouve sur des hélicoptères Eurocopter EC-135 et EC-145 au sein de la Gendarmerie Nationale et EC-725 dans les rangs de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Il est prévu d’en doter les Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique de la Marine Nationale durant leur rétrofit. Autant dire que L3 Technologies a la confiance des militaires français, bien plus que FLIR Systems.

À moins d’une décision rapide de dépose du système Star Safire au profit d’un MX-15 ou MX-20 l’avenir de l’ALSR Vador semble bien penché du côté obscur. Les financiers du ministère des Armées auront t-ils les ressources pour le faire revenir dans la lumière ? Tout y est une question de choix et de force.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 réponses

  1. Normalement c’est à la DGA qui est chef de projet de valider le bon produit puis après de le tester pour vérification avant que L’ AAE ne le teste pais valide et enfin délivre un mode d’ emploi.
    Durant la phase validation du produit c’est là qu’on doit peaufiner les coûts.
    Tous ces processus n’auraient pas été correctement exécutés? Du coup ça va coûter plus cher aux contribuables que nous sommes tous….

    1. Faut reconnaitre Dimitri que le nom de l’avion risque de porter longtemps à de tels jeux de mots. 🙂

  2. Pourquoi encore acheter américain ???
    En tant que contribuable, je suis étonné que les systèmes de la société française Safran (boule optronique EUROFLIR 410NG) ne soient même pas mentionnés dans cet article comme remplaçant potentiel. .Ces systèmes ont déjà été récemment retenus sur H225 Caracal (plan de relance aéro), NH90 TTH FS et H160 de la Marine (en autres).
    Le remplacement de la boule STAR SAFIR par une boule française permettrait de « limiter les dégâts financiers, capacitaires et calendaires » en favorisant notre industrie tout en se dotant de capacités à la pointe de la technologie.
    Un peu de préférence nationale ne nuirait pas !

    1. Pour rappel la « préférence nationale » est un concept économique fumeux interdit en France et fortement prohibé par l’Union Européenne.

  3. Comme je le disais sur le site Air et Cosmos, si la boule FLIR Systems ne convient pas à l’AAE et qu’elle convient aux missions de la Douane pourquoi ne pas leur revendre. Les altitudes de vol de l’ALSR et ceux de la Douane sont certainement très différentes. Ce qui expliquerai que ca peut convenir à la Douane et pas l’AAE.
    Il « suffit » ensuite de faire un contrat à THALES/Sabena pour faire un retrofit de l’avion et du système de mission pour installer une boule EuroFLIR 410D (qui équipera le Guépard de l’AAE) si on veut acheter français (voir la 610 si elle est déjà disponible) ou MX15 si on veut acheter canadien.
    La MX20 (comme la 610D) n’étant pas de la même taille que celle de FLIR ca semblerai plus compliqué.
    Tant qu’a changer autant choisir Français…

  4. Tant que les Énarques mettrons leur nez partout, la France ira de travers.

    Les militaires ne sont pas écoutés dans notre pays. Le ministère de la Défense doit revenir à d’anciens généraux qui connaissent très bien les questions de défense. A chacun son métier, surtout à une époque où les armements sont de plus en plus sophistiqués, complexes, et très pointus.

    On ne s’invente pas forgeron, si on a jamais forgé…

    1. La célèbre citation de Clemenceau s’adapte très bien à votre commentaire : La Guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. » Le Tigre était très juste avant tout dans sa vision de ce qu’on appelait alors ministère de la Guerre. Les militaires font rarement de bons décideurs pour ce qui est des programmes d’acquisition… militaire. Cela se vérifie dans la majorité des grandes démocraties contemporaines.

  5. Il faut voir à quel stade est le marché. S’il est encore en phrase d’acceptation, il est tout à fait possible de refuser un matériel qui ne répond par aux spécifications techniques.

    Encore faut-il que ces dernières aient été correctement rédigées…

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