Le Dassault Aviation Archange sera t-il réservé exclusivement à l’Armée de l’Air et de l’Espace ?

C’est sans doute un des futurs avions militaires français qui risque de faire le plus couler d’encre dans les mois à venir, et pour cause : il va remplacer les mythiques Transall C.160G Gabriel. L’Archange, basé sur le jet d’affaire haut de gamme Falcon 8X, est actuellement en phase finale de développement chez Dassault Aviation et Thales. Ce futur avion de reconnaissance ELINT/SIGINT a été commandé à trois exemplaires par l’Armée de l’Air et de l’Espace. On peut donc raisonnablement se demander si une version export, destiné à des pays alliés comme par exemple l’Allemagne, la Belgique, ou l’Espagne, n’a pas été également pensée ?

Depuis le temps les passionnés d’aviation le savent, la France est championne du monde pour développer des avions de très grande qualité mais totalement invendables à l’export pour causes souvent d’inadaptation au marché. Les très faibles succès commerciaux de machines comme l’avion de patrouille maritime Dassault-Breguet ATL-2 Atlantique ou l’avion-école Socata TB.30 Epsilon en attestent. Ce futur Dassault Aviation Archange suit t-il la même voie ?

Car à n’en pas douter la CUGE, la Capacité Universelle de Guerre Électronique, développée sous maitrise d’œuvre Thales va donner à l’Archange une puissance de reconnaissance ELINT/SIGINT équivalente à celle des meilleurs avions américains. Son intégration sur le Dassault Aviation Falcon 8X, dérivé amélioré et agrandi du best-seller Falcon 7X, se fera sans aucune difficulté tant les deux entreprises ont l’habitude de travailler main dans la main. Il ne devrait donc pas y avoir de problème. Sauf que le programme Archange est piloté par le Ministère des Armées, et que celui-ci n’est pas réputé pour penser les programmes militaires stratégiques comme des produits commerciaux.

Le budget alloué par l’État à ce programme n’est actuellement pas vraiment connu. En fait il repose à la fois sur l’actuel Loi de Programmation Militaire mais également sur le Plan de Relance voulu par le gouvernement en réponse à la crise du Covid-19. C’est donc assez flou. Toujours est t-il que c’est de l’argent publique et que la France a un évident droit de regard sur l’avenir de l’Archange, une fois les trois machines livrées d’ici la seconde moitié de la décennie.

D’où l’interrogation logique sur une éventuelle version exportable à des pays stratégiquement proches de la France, comme nos partenaires européens ou encore des pays types Émirats Arabes Unis ou Inde. Il ne s’agit évidemment pas de leur transmettre des équipements classés secret-défense, la DRM et la DGSE veillant sans doute à la sécurité de leurs petites affaires.
La question est plutôt de rentabiliser à terme la CUGE autant que son intégration sur Falcon 8X, ou sur une autre plateforme Dassault Aviation. L’Archange est t-il donc exportable ou va t-il lui aussi devenir un magnifique exercice de style franco-français qui au final se révèlera être d’ici dix, quinze, ou vingt ans un énorme gouffre économique et financier ?
La réponse nous viendra sans doute dans les années à venir.

Illustration © Dassault Aviation.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

17 réponses

  1. Moi je trouve qu’on devrait pas livrer
    tous nos connaissances à d’autres chachant que ses armes risquent de ce retourner contre nous. On droit garder une marge d’avance de sécurité et ne pas tous vendre pour de l’argent. C’est ce que font les américains. Ils ne livrent pas toute leurs connaissances.(transfer technologies.)

    1. Et sinon Jean-Charles le proposer à des alliés fidèles comme l’Allemagne, l’Espagne, la Grande Bretagne, l’Inde, ou le Qatar ça vous choquerait donc ? Mais alors finalement si on va dans votre sens quel intérêt de développer quoi que ce soit avec d’autres pays, et même d’exporter nos équipements puisque vous craignez qu’ils se retournent contre nous ?

  2. Il est vrai que ce programme d’avion de renseignement pourrait déboucher sur un beau produit export avec forcément une adaptation de l’ensemble technologique. Par contre le marché potentiel est réduit et très concurrentiel. Avec les produits des US, Israël, Suède notamment, les contrats seront très disputés. Quant au coût du programme, on sait que sur les récents contrats (EAU, Italie) les coûts par plateforme se situeraient aux environs de 300 millions $. Du coup, on devrait se être dans cet ordre d’idée pour Archange, soit 1 milliard $ tout compris.

  3. La coopération avec l’Allemagne semble plus que compromise dans le domaine étant donné qu’elle a lancé un programme similaire (Pegasus) basé sur l’avion Bombardier Global 6000 et équipé des senseurs d’Hensoldt (ex Airbus DS).
    https://www.hensoldt.net/news/hensoldt-wins-billion-dollar-contract-for-pegasus-reconnaissance-system/

    S’il y a coopération dans le domaine cela se fera peut-être au travers de l’Eurodrone, s’il est lancé un jour …

    1. L’Allemagne n’était ici qu’un exemple parmi tant d’autres car c’est notre allié économique et industriel le plus proche. Regardez le programme SCAF qui représente l’avenir de notre chasse et celle de la Luftwaffe.

      1. Je suis d’accord. Mais en Europe ca semble difficile : l’Italie c’est équipé aux US ou en Israel il me semble.
        Je ne sais pas si l’Espagne et la Belgique ou d’autre pays Européens ont ce type de capacité ? S’ils ne l’ont pas, ont ils le besoin, l’envie et les moyens …?
        Le Japon aurait pus être un prospect, Dassault/Thales ayant déjà vendu plusieurs avions de PATMAR mais ils ont déjà leur programme :
        https://www.flightglobal.com/defence/tokyo-inducts-rc-2-for-elint-missions/140461.article

        Dans tous les cas, une coopération, version dérivée etc… est toujours interessente dans ces domaines dit « stratégique »

  4. Tout ramener à la fin au pognon…. Comme quasi tous les sujets.
    Soit c’est utile et nécessaire, soit cela ne l’est pas. C’est tout ce qui compte.

    1. Sans argent (et non pognon) les programmes seraient difficiles à mettre au point. Sauf si vous avez une solution miracle pour réaliser des aéronefs sans avoir à débourser le moindre euro ?

  5. « …qui au final se révèlera être d’ici dix, quinze, ou vingt ans un énorme gouffre économique et financier ? »
    Quand l’argent est dépensé en France, dans des entreprises françaises, participent au maintient des compétences, donne du travail à des centaines voir milliers de personnes, on appelle ça un investissement.
    Verser des RSA et des alloc parce qu’il n’y a pas de travail car pas de commande publique, c’est ça qu’on appelle « un gouffre financier »

    1. Fabriquer des aéronefs en rognant sur les aides aux plus démunis, vous avez raison Loufi. Et puis aussi pourquoi pas sur la culture et l’éducation, de toutes manières ça ne sert à rien y a Youtube, C8, et CNews qui les remplaceront bien mieux. Finalement peut-être que le gouffre financier ça a été que l’état prenne en charge votre scolarité Loufi, pour voir la personne que ça a donné.

      1. Faire en sorte que les plus démunis aient un travail plutôt que des aides, oui, c’est une bonne stratégie. Regardez ce que font les américains, les russes, les chinois. Donc effectivement l’Etat français a bien fait de miser sur mon éducation, ce qui le permet d’avoir le recul nécessaire. Et la preuve, je ne suis pas anti-français comme certain écrivain de blog…

        1. « Anti-français », on aura compris Loufi que vous n’êtes en rien un passionné d’aviation et en tout un troll politique ! Tous les cinq ans, à l’approche de l’échéance présidentielle, nous avons droit à notre lot de trolls plus ou moins violents dans leurs propos. Cela s’est vérifié en 2011-2012, en 2016-2017, et donc désormais en 2021-2022. Nous avons eu (si ma mémoire est bonne) des « Fdesouche », « Vladimir Poupou », et consorts qui tenaient tous des propos très similaires aux vôtres. Et tous ont connu le même sort que vous Loufi : une modération à la hauteur de l’inutilité de leurs propos.
          Désormais donc chacun de vos commentaires Loufi finiront là où est leur place : à la corbeille.

      2. Avant toute chose, je n’ai aucun lien avec Loufi. Je n’ai vu aucune ligne dans son commentaire disant qu’il fallait fabriquer des aéronefs en rognant sur les aides aux démunis. Et puis répondre en tant que modérateur en étant insultant, c’est s’abaisser aux niveaux des personnes qui doivent justement être modérés. J’adore ce blog, je trouve les articles intéressants, mais je trouve préjudiciable cette façon de faire. Bonne journée à chacun.

  6. La question aurait pu être posée aussi pour Gabriel à l’époque!
    Effectivement un frein pour une version export sera au niveau équipement interne, donc je pense qu’il n’y aura pas de grandes difficultés pour Dassault d’en adapter d’autres pour que ce soit exportable, du moment que la cellule ne doit pas trop modifiée

  7. Le milliards (si il n’y a pas de dépassement) qui va être investit dans ce système stratégique va permettre une augmentation massive de la quantité et de la qualité des données électroniques. Cette plateforme va permettre un doublement du plafond de vol/vitesse de croisière et le triplement de la distance franchissable. C’est un investissement très important pour pouvoir disposer d’une vue très précise du contexte électromagnétique et permettra l’élaboration des systèmes de guerre électronique adaptés aux menaces.

  8. si Dassault et Thales conçoivent l’ Archange comme un système « plug and play  » , rien n empêche de mettre dedans ce que l on veut. Le gouvernement Français y met sont  » matos  » sensible, et Dassault vend a l’ étranger du matériel sur étagère. Tout le monde y gagne. CQFD

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